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Zaoual Anne-ryslène

Cette contribution aborde un objet de recherche peu étudié dans le champ du management stratégique : l’écologie industrielle. Institutionnalisée dans les années 1990, cette approche vise l’ « éco-restructuration » (Tranchant et al., 2004) des activités industrielles. En s’inspirant du fonctionnement cyclique des écosystèmes naturels, l’écologie industrielle recommande de maximiser la réutilisation et la valorisation des déchets dans les processus de production. En pratique, la mise en œuvre de synergies interorganisationnelles permet d’optimiser l’usage des ressources naturelles et de réduire la pollution. Obligeant l’entreprise à sortir de son cœur de métier pour considérer ses flux matériels et énergétiques tout en impliquant la création de partenariats, l’écologie industrielle est difficile à développer. À l’origine de coûts de transaction importants (Chertow et Lombardi, 2005 ; Chevallier, 2009), ce type de démarche requiert souvent l’existence d’un acteur-tiers pour sensibiliser et mettre en relation les entreprises (Boons et Baas, 1997 ; Heeres et al., 2004 ; Mirata, 2004 ; Adoue, 2007 ; Schalchli, 2008 ; Brullot, 2009). Abordée dans la littérature sur l’écologie industrielle, la question de l’acteur-tiers n’est pas suffisamment approfondie. Dans cette communication, nous nous intéressons à l’intervention de l’acteur-tiers dans l’opérationnalisation des principes de l’écologie industrielle (mise en place de synergies de mutualisation et de substitution). Une étude qualitative mobilisant la méthode des cas a été réalisée au sein de la région Nord-Pas de Calais à partir de l’expérience éco-industrielle de trois réseaux pilotés par un acteur-tiers : Ecopal dans le Dunkerquois, Carvin Entreprises dans le Carembault et Synéo dans le Valenciennois. Nos observations empiriques ont fait l’objet d’une analyse par les coûts de transaction. En adoptant ce cadre théorique, cette étude apporte un point de vue gestionnaire à l’écologie industrielle et ouvre la voie à de futures recherches dans le domaine du management stratégique. À travers cette recherche, nous soulignons les champs d’action d’un acteur-tiers dans le développement des pratiques d’écologie industrielle ainsi que sa capacité d’absorption des coûts de transaction qui en découlent. Nos résultats ont également mis en évidence l’existence de comportements opportunistes lors de la mise en place des synergies par l’acteur-tiers.