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Bruna Maria giuseppina, Oubenal Mohamed

Le programme de recherche du travail institutionnel accorde une place importante à la notion d’agence et à la réflexivité des acteurs à travers leur capacité de représentation de l'institution où ils sont encastrés. Il essaie également d'intégrer la dimension relationnelle dans l'étude de l'activité des individus et des collectifs. L’agenda de recherche de l’institutional work s’inscrit dans une filiation critique du courant néo-institutionnaliste dont il conteste la tendance à réduire le comportement des acteurs à une sorte de passivité mimétique et la dévaluation des dynamiques collectives et politiques (Huault et Leca, 2009). La perspective cognitive demeure néanmoins prégnante dans les articles fondateurs de ce courant de recherche ainsi que dans les articles empiriques qui se sont inspirés de l'analyse du travail institutionnel. Nous considérons, pour notre part, que la sociologie néostructurale, de par sa perspective relationnelle, peut compléter les études portant sur le travail institutionnel. Cette approche sociologique met en évidence l'importance des interdépendances entre acteurs en les formalisant grâce aux techniques d'analyse de réseaux. Celles-ci permettent de montrer l'importance ou pas des acteurs centraux ou périphériques et mettent en valeur la prédominance de telle ou telle structure relationnelle qui favoriserait une forme particulière de travail institutionnel (création, maintien ou déstabilisation) et les processus d'institutionnalisation ou de désinstitutionnalisation des règles ou normes dans un champ déterminé. Cette communication se propose de mettre en relief la contribution épistémologique et les apports méthodologiques pouvant être offerts par la sociologie néostructurale au décryptage des processus de travail institutionnel. Dans une première partie, l’article cherche à décrire les fondements de l’approche de l’institutional work en l’inscrivant dans le sillage critique du néo-institutionnalisme. Loin de refléter la seule instrumentalisation des institutions par des acteurs-stratèges, la perspective du travail institutionnel proposée par Lawrence et Suddaby (2006) donne à voir la dynamique collective inhérente au processus d’institutionnalisation (ou de désinstitutionnalisation), de légitimation (ou de délégitimation) de règles, normes et pratiques. Au travers de la notion de « travail », l’attention se focalise désormais sur le flux d’actions, multiples et souvent rivales, entreprises par les acteurs individuels, groupaux ou organisés, en vue de créer, consolider, détruire, bricoler, transformer les institutions. La mise en exergue des notions d'effort et d'intentionnalité s’accompagne ainsi d’une redéfinition du concept d’agence et d’un réexamen de la relation entre agence et institutions. Puis, on souligne le recentrage autour de la dimension relationnelle que le courant de l’institutional work opère. Dans une seconde partie, l’article s’efforce de mettre en relief la manière dont la mobilisation du cadrage épistémologique et de l’outillage méthodologique propre à la sociologie néostructurale pourrait éclairer la perspective de recherche du travail institutionnel.