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Kechidi Med, Labrouche Geoffroy

Le concept de capacités dynamiques (Teece et Pisano, 1994) est un concept doublement intéressant. D’une part, il permet de renouveler la conception de l’avantage concurrentiel, en mettant en avant la notion de soutenabilité et, d’autre part, il propose une approche stratégique dynamique des ressources de la firme. Cependant, comme dans tout champ de recherche en construction, il n’y a pas de consensus et sur le contenu des capacités dynamiques et sur leur mesure. Le papier a pour objet de contribuer aux réponses que l’on peut apporter à ces deux faiblesses. Dans une première section, nous formulons une conception des capacités dynamiques fondée sur l’approche évolutionniste (Teece et Pisano, 1994, Teece et al., 1997, Einsenhardt et Martin, 2000, Zollo et Winter, 2002, Winter, 2003, Helfat et al., 2007). Nous procédons en deux temps. Dans un premier temps, nous formulons un concept de mémoire organisationnelle comme interface d’intermédiation entre une organisation et son environnement. Dans cette optique, nous adoptons la définition de la mémoire organisationnelle comme cristallisation des routines, des règles, des procédures, de tout le savoir et le savoir-faire nécessaire,… issue des processus d’apprentissage de l’organisation (Aryris et Schön, 1978, Cohen, 1991, Nonaka, 1994, Kœnig, 2006). Dans un second temps, nous relions cette mémoire organisationnelle aux capacités dynamiques. L’analyse proposée est fondée sur les capacités dynamiques comme dispositifs cognitifs et conatifs organisationnels et stratégiques grâce auxquels les firmes résolvent des problèmes et créent de nouvelles configurations de ressources et de compétences au fur et à mesure de l’évolution de leurs environnements. C’est sur la qualité de ces dispositifs que repose le répertoire des réponses qu’adresse la firme à son environnement. Dans une deuxième section, nous tentons de donner une dimension opérationnelle au concept à travers les stratégies d’innovation ouverte (Chesbrough 2003). Nous développons l’idée selon laquelle les capacités relationnelles d’une organisation sont des capacités dynamiques. Nous traitons ces capacités relationnelles – capacités à nouer des relations d’affaires, à capter et à intégrer des ressources et des compétences – à travers les pratiques d’innovation ouverte. Les processus d’innovation ouverte sont caractérisés par des comportements particulièrement interactifs entre les firmes qui ont, la plupart du temps, pour objectif des flux de connaissances. Ils impliquent donc des processus cognitifs qui interviennent dans le transfert de connaissances ainsi que des capacités dynamiques. L’innovation ouverte permet, dès lors, à la firme de modifier sa mémoire organisationnelle. Elle adapte ainsi sa variété organisationnelle aux contextes d’incertitude qu’elle rencontre (Einsehardt et Martin, 2000). Dans une troisième section, nous illustrons les considérations théoriques ci-dessus en étudiant, sous les deux aspects mentionnés, le cas du groupe pharmaceutique Sanofi. Le nouveau plan stratégique développé à partir de 2009 marque une accentuation de la stratégie offensive de captation d’actifs et de ressources pour soutenir sa croissance. Nous soutenons l’idée selon laquelle les récentes opérations de croissance externe marquent une recomposition de la base de ressource dans une optique de stratégie d’innovation ouverte.