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Favreau Florian

Les liens de déterminisme réciproques entre, d’une part, une vision pessimiste exprimée dans les termes de la théorie de l’agence et, d’autre part, des pratiques managériales contre-productives ont pu être établis, fondant ainsi une critique récurrente à l’encontre de cette vision du management. La théorie des conventions, qui permet de fournir un nouveau cadre théorique fondé sur la critique de la théorie de l’agence, peut, elle aussi, fournir une vision susceptible de nourrir la pratique managériale. L’objectif de cette communication est d’étudier les liens pouvant exister entre, d’une part, une vision « optimiste » liée à la théorie des conventions et, d’autre part, les pratiques managériales innovantes que constituent la mise en œuvre de processus de décision participatifs. Nous chercherons ainsi, au travers d’une étude de cas, à présenter de façon synthétiques quelques-uns des effets permettant de comprendre à quelles conditions un lien durable peut unir vision « optimiste » et pratique de la concertation. Nous proposons ainsi, dans un premier temps, de caractériser précisément la période actuelle durant laquelle émergent de nouvelles pratiques décisionnelles fondées sur le principe de participation et la pratique de la concertation. Pour cela, nous centrons notre analyse sur l’émergence de processus de décisions découlant du mouvement lié à l’éclosion du concept de développement durable. Nous décrivons les caractéristiques générales de ces dispositifs de décision et nous montrons en quoi ils nous semblent caractéristiques de la période étudiée. Dans un deuxième temps, nous décrivons la « vision optimiste » fondée par la théorie des conventions et nous montrons en quoi cette vision et les pratiques managériales de la période actuelle peuvent se déterminer réciproquement. Nous montrons, dans ce cadre, en quoi ces nouvelles méthodes de prise de décision permettent de contourner certaines difficultés classiques liées aux problèmes de prise de décision collective. Dans un troisième temps, nous précisons notre propos, au travers de l’étude d’un cas emblématique mêlant plusieurs de ces nouveaux modes de prise de décision : celui de la construction d’une route, à la frontière venezolano-colombienne, par l’entreprise Pedro Camejo. En conclusion, nous montrons en quoi le cas étudié apporte de nouveaux éléments à la compréhension du lien entre la théorie des conventions et ces pratiques décisionnelles actuelles. Il apparaît finalement que les conditions d’émergence de telles pratiques managériales reposent sur l’affaiblissement relatif des structures décisionnelles antérieures. Cet affaiblissement peut permettre au manager la mise en place de stratégies participatives, à condition de ne pas limiter son action à la négociation mais d’entamer une procédure de concertation fondée sur la recherche de la compréhension des règles (conventions) de fonctionnement des groupes associés au processus de décision. La mise en œuvre d’une telle démarche est susceptible de se heurter, comme dans le cas étudié, à des effets contre-productifs renforçant l’affaiblissement relatif des décideurs à l’origine de la concertation. Passé un certain seuil, la confiance créée peut toutefois venir compenser ces premiers effets et rendre pérenne la pratique de la concertation fondée sur une vision « optimiste ».