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Rakotondravoavy Yannick, Corbel Pascal

L’objectif théorique de ce papier est de contribuer à enrichir le concept de capacités d’absorption qui a déjà pas mal évolué depuis que les fondements en ont été posés par Cohen et Levinthal (1990). Nous commençons par revenir sur ce concept et son articulation avec les concepts de coopétition et de dilemme exploration / exploitation et nous montrons que sa complexité n’est encore qu’imparfaitement appréhendée par les travaux de recherche menés sur ce dernier. Nous réintroduisons alors cette notion de tension entre exploration et exploitation à l’intérieur même du concept, suivant en cela Zahra et George (2002). Nous montrons ensuite comment cette tension se traduit concrètement sur le terrain à travers une analyse de ces deux études de cas. Le contraste de ces deux études de cas approfondies de projets de recherche réunissant de grandes entreprises, des PME et des laboratoires de recherche publics, fondées sur de l’observation participante croisée avec des entretiens semi-directifs avec les différents acteurs autour du modèle d’affaires du projet, montre que la volonté d’une firme-pivot d’exploiter trop rapidement les résultats de ce type de projet peut amener à une dégradation des relations entre les partenaires et à l’échec du projet. Cela nous conduit à réfléchir à la manière dont les tensions entre concurrence et coopération et entre exploration et exploitation doivent être prises en compte dans le déroulement de ce type de projet.

Corbel Pascal, Boumrar Julie

Ce papier propose une analyse exploratoire du rôle des projets intermédiaires sur la construction de la confiance dans le cas des projets à fort degré d’incertitude. Pour cela, nous procédons en deux temps. Nous montrons dans une première partie comment l’idée de cette relation entre projets intermédiaires et confiance a émergé. Elle est en fait à la fois présente implicitement dans la littérature et elle est également exprimée plus directement par les praticiens. Cette expression du point de vue des praticiens est extraite d’une étude sur les relations entre laboratoires publics de recherche et entreprises telles qu’elles sont perçues par ces dernières (fondée sur une analyse d’entretiens semi-directifs avec 14 responsables de R&D en charge de ces questions). Dans une deuxième partie, nous présentons une analyse plus approfondie réalisée à partir d’une étude de cas longitudinale mixant 24 entretiens semi-directifs et observation participante. Ce cas a pour particularité de se situer dans un contexte d’incertitude très forte puisqu’il s’agit de mettre en place des mesures de prévention d’un risque qui ne s’est jamais concrétisé à grande échelle : la gestion préventive du risque de terrorisme biologique. Cela nous permet de décomposer les phénomènes par lesquels la réalisation de projets intermédiaires en commun alimente d’une part la confiance de compétence, en permettant une forme de démonstration de ses compétences mais aussi en prenant conscience de ses lacunes, donc de l’intérêt de la coopération et d’autre part la confiance de bonne volonté, par les relations interpersonnelles qui se nouent ou se renforcent à cette occasion. Mais l’étude de cas montre aussi que les deux semblent en pratique largement entremêlées. Et ces interactions viennent elles-mêmes se croiser avec les interactions entre le niveau individuel et le niveau organisationnel. Naturellement, ces résultats sont à analyser avec à l’esprit les limites d’une étude de cas unique qui s’est déroulée dans un contexte très spécifique. D’un point de vue général, le but de ce papier est d’introduire cet élément de réflexion dans la recherche sur le management des projets à fort degré d’incertitude (en pratique dominé par des études sur le management de projets de R&D), d’en poser les bases et de commencer à les approfondir. Outre la réplication à d’autres études de cas avec d’autres types d’acteurs, certains éléments soulevés par cette recherche demanderaient à être approfondis comme les relations avec d’autres facteurs influençant la qualité de ce type de coopérations ou encore les conséquences d’échecs dans ces projets intermédiaires.