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Dupouy Aline, Pilnière Véronique, Busson Isabelle

Le bâtiment, secteur dominant de l’artisanat, exposé aux secousses cycliques de la conjoncture et à une carence chronique de main d’œuvre qualifiée depuis plus d’une décennie, est aujourd’hui amené à s’adapter aux évolutions exigées par la contrainte environnementale afin de proposer un bâti plus respectueux de l’environnement. Les prescriptions du Grenelle de l’environnement sont très claires et particulièrement ambitieuses. La facture énergétique du bâti doit être réduite de façon drastique, avec des objectifs d’optimisation de la performance énergétique affichés à court et moyen terme. Le secteur de l’éco-construction dans le bâtiment concentre ainsi un certain nombre de problématiques et d’enjeux : règlementations techniques, labels, nouveaux matériaux… Dans ce cadre, les fortes évolutions, à première vue techniques, qui s’imposent aux métiers du bâtiment dans un horizon à court voire très court terme, entrainent à l’évidence une problématique d’évolution des pratiques traditionnelles. Ainsi, nous cherchons à comprendre comment les artisans, qui s’engagent dans l’éco-construction, plus précisément, au niveau de la construction individuelle, se représentent les évolutions en cours, comment ils s’approprient les principes de construction attachés, tentent de les mettre en œuvre et quels sont les impacts de ces transformations sur la façon de pratiquer leur métier et sur le regard qu’ils y portent. Pour cela, nous avons opté pour une recherche résolument qualitative et à visée transformative s’appuyant sur des entretiens qualitatifs en profondeur et des observations in situ des artisans. Cet article a pour vocation de capitaliser les premiers résultats et réflexions issues de notre travail de recherche qui met en lumière un certain nombre de transformations de la pratique de l’artisan en bâtiment engagé dans le secteur de l’éco-construction et la nécessité de développer un ensemble de compétences. Les résultats obtenus concernent ainsi la nécessité, pour l’artisan, de davantage travailler en réseau, de mettre en œuvre une activité de veille et d’accès aux informations sur les évolutions en cours, d’envisager la structuration de l’entreprise, de développer la relation client, et de mieux coordonner les interventions sur les chantiers de façon à répondre à l’attente de performance globale énergétique. En outre, nous caractérisons un certain nombre de compétences que les artisans de l’éco-construction seront ou sont d’ores et déjà amenés à développer pour être plus efficaces dans les projets d’éco-construction. Ces compétences sont certes d’ordre technique, en lien avec l’introduction de nouveaux matériaux et nouveaux principes et modalités de mise en œuvre, mais aussi d’ordre comportemental afin de développer la coordination et une organisation adéquate sur les chantiers ainsi que d’ordre métacognitif afin de pouvoir envisager autrement son entreprise et sa pratique, dans une perspective globale et réseau. Cet article constitue de ce fait un propos d’étape d’une recherche non encore achevée qui prévoit dans une deuxième phase, et au regard des résultats présentés ici, un ensemble d’actions auprès du public des artisans de l’éco-construction dans l’optique de mettre en œuvre le développement de l’ensemble des compétences identifiées et nécessaires à la professionnalisation du secteur.