AIMS

Cusin Julien
Biais d’auto-complaisance dans l’analyse immédiate d’un échec : le cas des entraîneurs de Ligue 1

La presse managériale grand public souligne régulièrement les vertus positives de l’apprentissage par l’échec. Pourtant, malgré un intérêt grandissant pour cet axe de recherche toujours en phase d’émergence (Carmeli, 2007), la littérature en management n’a, jusqu’à présent, jamais permis d’étayer empiriquement cette thèse. Au contraire, les principaux travaux sur le sujet (Baumard et Starbuck, 2005 ; Cannon et Edmondson, 2005 ; Carmeli et Schaubroeck, 2008) nuancent très fortement le mythe de l’apprentissage par l’échec. Dans cette recherche, nous nous proposons donc d’étudier, en profondeur, une cause supposée de non apprentissage – en l’occurrence, le biais d’auto-complaisance (Miller et Ross, 1965) – et d’en vérifier l’existence sur le plan empirique. Plus encore, nous cherchons à étudier les liens entre l’auto-complaisance des individus et la performance de l’organisation. Dans une logique exploratoire, nous nous interrogeons aussi sur la manière dont le biais d’intéressement dans l’attribution se manifeste dans la durée. Pour mener à bien cette réflexion, nous avons choisi d’étudier le discours des entraîneurs de football (Ligue 1), en conférence de presse, le soir d’une défaite, au cours de la saison 2010-2011. Il en ressort plusieurs résultats théoriques intéressants. Tout d’abord, l’existence d’un biais d’auto-complaisance n’est pas confirmée dans cet article. En outre, nous montrons que les individus les moins auto-complaisants ne sont pas ceux qui obtiennent in fine les meilleurs résultats sur le plan collectif. Enfin, nous soulignons l’importance du contexte social dans l’analyse rétrospective d’un échec. En revanche, nous mettons en évidence que l’accumulation d’échecs dans le temps et les situations de stress n’accentuent pas le biais égocentrique.