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Pesqueux Yvon

Auteur

Yvon PESQUEUX

 

Résumé

L’objet de cette communication consiste à interroger un des présupposés de la réflexion stratégique, c’est-à-dire l’articulation de l’entreprise et du client. Il est ici proposé une critique de cette posture au regard du thème de la soumission. Après avoir proposé les contours d’une perspective constructiviste, le thème de la soumission sera successivement lu à la lumiètre des catégories du marché puis à celles du thème de la séduction à partir d’un commentaire des thèses de J. Baudrillard.

Le préambule méthodologique repose sur la posture nécessaire à la manière de parler de l’entreprise. Le modèle offre une intelligibilité au premier degré dont l’image permet de parler. Cette image peut elle-même être une image au premier degré répondant ainsi au sens primaire de la métaphore qui permet de parler d’un élément au travers d’un autre élément. Mais la métaphore peut aller au-delà, en permettant de parler de l’entreprise et de la penser par ressemblance et substitution. C’est alors que la métaphore prend corps en tant que telle mais ne prend sens qu’au regard de l’idéologie où modèle, image et métaphore plongent leurs racines. C’est à ce titre qu’il est possible de souligner le discours rhétorique à l’oeuvre dans les sciences de gestion et de le mettre en perspective au regard de la pensée et de l’oeuvre des Sophistes.

Ces précautions étant prises, le premier point de la démonstration invite à une lecture duale de la séduction dans les termes politiques de la soumission à la lumière des catégories du marché. En effet, donner au marché la dimension d’une catégorie de la politique revient à déborder le projet initial de l’économie politique dont l’objet est de confronter les éléments de la vie domestique pris sous leur dimension matérielle à la socialité issue de l’échange. Mais cette politique ouvre le champ à une représentation d’un marché tenant lieu de cité juste. Il offre donc le cadre d’une anthropologie générale d’un client, libre de ses choix mais objet de toutes les manipulations d’un expert managérial.

La séduction se trouve donc ramenée à la soumission et offre le cadre à l’expression de la stratégie du séducteur, surtout lorsque celle-ci acquiert une dimension sociale. Elle conduit à une primauté de la règle dans un ordre qui n’est ni éthique, ni psychologique, à un triomphe de la procédure sous l’alibi du besoin. La disparition du sujet induit alors la mise en avant de la règle à défaut de la loi, d’un social où l’on ne comprend plus rien, d’un politique sans structure et d’une importance croissante donnée à la fascination gérée par les médias. C’est cette séduction qui conduit à une demande de séduction et, en dualité, à une demande de soumission et c’est aussi cela que viennent éclairer les instruments de la stratégie.