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Chaillou Nathalie, NÉgassi Syoum

Auteur

Nathalie CHAILLOU

Syoum NÉGASSI

 

Résumé

L'essor des nouvelles technologies a considérablement stimulé le recours aux alliances stratégiques. Nous nous intéressons ici au cas particulier de la coopération entre des firmes multinationales (FMN) et des petites et moyennes entreprises (PME) détentrice de compétences technologiques spécifiques. Si l'existence de ces accords entre des partenaires de taille asymétrique peut se justifier a priori en termes d'externalités technologiques, d'imperfection du marché de l'innovation et du marché financier (analyse transactionnelle), de recherche de complémentarité à la fois des compétences entre les partenaires et des méthodes d'accès à de nouvelles technologies (R&D interne, la licence, etc.), il reste à vérifier qu'ils se justifient a posteriori par l'amélioration effective des performances des partenaires.

Même si les accords sont présentés par la théorie économique comme un facteur crucial de la capacité à innover des entreprises, peu de travaux empiriques se sont attachés à montrer de façon convaincante et directe l'impact que peut avoir l'alliance sur les compétences à l'innovation des firmes. Il est vrai que cette relation est complexe du fait notamment de sa réciprocité: certes, on attend de l'alliance qu'elle augmente la capacité à innover des partenaires, mais les performances technologiques avant l'accord rentrent aussi dans les critères de choix d'un partenaire potentiel.

L'objectif de ce papier est donc d'analyser si l'accord en R&D permet effectivement d'innover plus. Pour cela, nous avons réaliser une étude empirique sur un échantillon réduit d'entreprises biotechnologiques américaines que nous étudierons sur une période de dix ans, de 1988 à 1997. Nous avons distingué deux ensembles de variables: le premier s'attache aux caractéristiques générales de la startup (taille, âge, nombre de domaines de recherche, produits commercialisés, etc.) et le second aux caractéristiques de sa stratégie d'alliance (licence, accord de R&D, accord de R&D combiné avec la cession de licence).

L'âge, le statut d'entreprise cotée, la taille et l'effort de R&D apparaissent comme influençant de façon significative et positive la capacité à innover de la PME technologique: l'expérience de l'entreprise lui permet de cumuler les compétences techniques et scientifiques nécessaires pour mener une recherche biotechnologique; le recours au marché financier permet d'accroître les ressources financières et d'obtenir une reconnaissance des investisseurs; l'analyse de la taille et de l'effort réalisé en R&D permet d'en déduire que la PME doit effectivement chercher à grandir mais sans pour autant réduire la proportion de son effectif consacrée à la R&D.

L'étude du rôle de la stratégie d'alliance dans les performances à l'innovation s'est faite en deux temps: une analyse des accords en R&D toutes catégories étudiées confondues et une analyse distinguant les 3 types d'accords en R&D (R&D, Licence, R&D/Licence). Cette distinction nous a permis de mettre en évidence que seule la licence avait une action significative et positive sur la capacité à innover de la startup. Aussi la stratégie qui semble la plus efficace dans l'amélioration de la capacité technologique des entreprises biotech n'est pas la collaboration véritable entre les partenaires (échange de compétences, travail en commun des équipes de chercheurs des partenaires, etc.) mais simplement l'échange de ressources financières contre des brevets ce qui tendrait à spécialiser l'entreprise biotechnologique dans la phase de recherche pour abandonner le développement du nouveau médicament confié à d'autres entreprises et notamment aux groupes pharmaceutiques.