AIMS

Bourgeon Laurent
La capitalisation des apprentissages dans l’organisation transversale. Le cas des projets de développement de nouveaux produits

Auteur

Laurent BOURGEON

 

Résumé

1- Présentation de la recherche

L’évolution du contexte concurrentiel a consacré le temps et la capacité à développer de nouveaux produits comme des critères de compétitivité primordiaux. L’organisation transversale des projets de développement de nouveaux produits est pressentie comme la structure la mieux adaptée à ce nouveau contexte. Ce type d’organisation, qui privilégie le projet, lieu d’expérimentation et d’apprentissage, sur le métier, la fonction, pôle de compétences et de capitalisation des savoirs dans l’entreprise, favorise l’apprentissage et renouvelle la problématique de la capitalisation des apprentissages dans l’entreprise.

Hypothèse : les entreprises ayant opté pour une organisation transversale de leur projets de développement de nouveaux produits sont caractérisées par un niveau de capitalisation inter-projet des apprentissages réalisés au cours de ces projets plus faible que celles ayant opté pour un mode d’organisation de type fonctionnel de leurs projets.

2- Méthodologie

La méthode de validation empirique de l’hypothèse émise consiste en une enquête par questionnaire. L’opérationnalisation de cette hypothèse induit l’élaboration :

- d’un outil d’identification du mode d’organisation des projets de développement de nouveaux produits, en œuvre dans l’entreprise ;

- et d’un outil de mesure de la capitalisation inter-projet des apprentissages réalisés au cours des projets.

La méthode d’analyse des données retenue comporte trois phases successives. Dans un premier temps, les données relatives à chacun des deux « phénomènes » étudiés sont soumises de façon séparée à une analyse factorielle. Dans un deuxième temps, les positions des entreprises sur les dimensions retenues comme caractérisant les « phénomènes » issues des analyses factorielles sont soumises à une analyse typologique visant, pour chacun des « phénomènes » étudiés, à segmenter les entreprises de l’échantillon en groupes homogènes.

Enfin, dans un troisième temps, le groupe d’appartenance des entreprises par rapport à chacun des « phénomènes » étudiés fait l’objet d’une analyse discriminante visant à expliquer cette appartenance à partir de variables retenues a priori pour leur pouvoir explicatif théorique.

3- Présentation des résultats et discussion

1ère Phase : Identification des principales dimensions des phénomènes étudiés

L’analyse factorielle réalisée sur les données issues de l’outil d’identification du mode d’organisation des projets de développement de nouveaux produits permet d’appréhender le mode d’organisation des projets de développement de nouveaux produits dans les entreprises selon trois dimensions :

1. l’autorité et la responsabilité du chef de projet ;

2. l’unité (spatiale et temporelle) du projet de développement de nouveau produit dans l’entreprise ;

3. l’autonomie de l’équipe-projet.

La seconde analyse factorielle effectuée sur les données issues de l’outil de mesure de la capitalisation met en évidence les trois principales dimensions de la capitalisation inter-projet des apprentissages :

1. l’adéquation style de management-spécificités du projet ;

2. la capacité d’anticipation de la complexité inhérente au projet dont fait preuve l’équipe-projet ;

3. l’ouverture du projet sur son environnement.

2ème Phase : Caractérisation des entreprises de l’échantillon

La mise en oeuvre d’analyses typologiques, effectuée sur chacun des phénomènes étudiés (modes d’organisation des projets de développement de nouveaux produits et capitalisation inter-projet des apprentissages, permet, d’une part, de constituer des groupes homogènes d’entreprises selon le mode d’organisation de leurs projets et leur « niveau » de capitalisation et, d’autre part, de mettre en évidence, au travers d’un tri croisé, un résultat contre-intuitif selon lequel les entreprises dont le mode d’organisation des projets de développement de nouveaux produits est de type matriciel à dominante « projet » ou transversal sont caractérisées par des niveaux de capitalisation plus élevés que les entreprises dont les projets relève d’une organisation fonctionnelle ou matricielle à dominante fonctionnelle.

3ème Phase : Facteurs explicatifs du niveau de capitalisation inter-projet des apprentissages

L’analyse discriminante permet de mettre en évidence que les entreprises dont les projets de développement de nouveaux produits relèvent d’une organisation transversale apparaissent, de façon contre-intuitive, comme étant caractérisées par des niveaux de capitalisation inter-projet plus élevés que les entreprises dans lesquelles ce type de projets relève d’une organisation fonctionnelle. Ce constat invalide donc l’hypothèse énoncée selon laquelle les entreprises dont l’organisation des projets de développement de nouveaux produits est de type transversal sont peu à même de capitaliser les apprentissages réalisés au cours des projets du même type.

Par ailleurs, un certain nombre de facteurs explicatifs des niveaux de capitalisation inter-projet caractérisant les entreprises de l’échantillon ont été mis en lumière. Le premier de ces facteurs est la mise en place par l’entreprise d’un système d’information intégré accessible à tous les acteurs-projet de l’entreprise.

Le deuxième facteur explicatif d’un niveau élevé de capitalisation est la mise en place par l’entreprise de procédures d’enregistrement systématique des résultats des expérimentations menées au cours des projets dans des bases de données.

Enfin, des conditions d’apprentissage au cours des projets de développement de nouveaux produits constituent également un facteur explicatif du niveau de capitalisation.