Auteur
Paul COLLIN
Résumé
La stratégie internationale d’une entreprise de services à forte infrastructure technique, a besoin de la ressource de l’interopérabilité des réseaux socio-techniques. Ce contexte favorise l’émergence de réseaux sociaux interorganisationnels. Le paradoxe de ce type de réseau réside dans la présence d’une intention stratégique. Dès lors la question est celle de la place de la dimension informelle dans le développement de ces réseaux. D’autant plus que les bénéfices les plus importants interviennent lors du renforcement du réseau. Dans une première partie nous abordons les conditions d’émergence du réseau comme ressource de la stratégie internationale. Nous montrons ensuite que l’approche du Réseau Social est susceptible d’éclairer une part non négligeable du processus d’internationalisation d’une offre de services à forte infrastructure technique. Ce premier essai de greffe nous encourage à poursuivre dans l’importation de cette démarche dans la compréhension de notre objet de recherche. Au-delà de l’aide à la compréhension de divers objets de recherche, le réseau social pose d’intéressantes questions méthodologiques : comment séparer le contenu et le contenant de la relation ?, comment analyser comparativement des réseaux aux contenus différents ?, comment sélectionner un contenu de relation à partir d’une analyse qualitative ?, comment opérationnaliser la transitivité du contenu d’une relation ?, comment combiner études de cas et analyses structurales ? Un champ de recherche à fort potentiel s’ouvre aux chercheurs, à partir d’une acceptation de la pluridisciplinarité de la démarche. L’exigence est celle d’un méticuleux travail de terrain pour identifier précisément ce qui est transmis.
Auteur
Philippe Pailot
Résumé
L’objet de cet article est d’analyser les accord-cadres internationaux et les codes de conduites comme des modes de régulation hybrides des relations de coopération contractuelle.
En présentant une critique du concept de responsabilité sociale de l’entreprise, nous verrons que ces dispositifs procèdent d’une forme de normativité, pour laquelle l’initiative privée volontaire n’exclut pas les effets juridiques contraignants, qui prend sens dans le paradigme du réseau.
Auteur
Eric PERSAIS
Résumé
Dans un contexte de mondialisation de l’économie, la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE) est devenue une exigence forte. Cependant, peu de gens s’accordent sur ce qui se cache véritablement derrière ce terme et il apparaît que cette responsabilité résulte plus d’une démarche de concertation permanente avec l’ensemble des parties prenantes que de résultats fixés ex-ante et de façon unilatérale par l’entreprise. En d’autres termes, la RSE s’apparente avant tout à une règle de comportement des acteurs en situation d’incertitude. Ce constat conduit l’auteur à étudier la question de la responsabilité sociétale et à s’intéresser aux mécanismes qui permettent qu’en interne, cette règle implicite (i.e. convention d’effort) opère pour, qu’au final, l’entreprise réponde aux exigences sociétales formulées par les diverses parties prenantes.
Auteur
Patrick Gabriel
Résumé
La légitimité organisationnelle (corporate legitimacy) représente le thème de la communication, dont l’objet est double : d’une part, définir et délimiter les formes de légitimité de l’entreprise dans le cadre de son action sous l’égide des principes du développement durable. Ces formes ou dimensions sont établies à partir de la nature des justifications produites. Il s’agit d’autre part d’observer les tensions au sein du système de légitimité, issues des jeux possibles entre les formes de légitimité utilisées par les acteurs se réclamant du développement durable. Les analyses sont conduites en référence aux principes d’entropie des processus sociaux. Des scenarii prospectifs sur l’évolution du concept de développement durable en sont déduits.
Auteurs
Reynaud Emmanuelle
Egri P. Carolyn
Ralston A. David
Résumé
Les partisans d’une Europe sociale s’inquiètent de l’arrivée des ex-pays de l’Est dans le paysage communautaire. Selon eux, leur entrée conduira inévitablement les stratégies des entreprises européennes vers une plus forte orientation marché (vs société).
Cette inquiétude, relayée par les media et amplifiée par la victoire du non à la constitution européenne, porte en germe la problématique suivante : Il y aurait-il deux façons de penser la stratégie d’entreprise, d’un côté la vieille Europe, soucieuse de l’humain, héritière du capitalisme rhénan et de l’autre les pays de l’ex-Europe de l’Est convertis au néo-libéralisme?
Afin de vérifier ce postulat le présent article propose un détour par les valeurs.
Les valeurs influencent significativement la façon dont les Hommes et donc les dirigeants se représentent le monde. Or, les managers décident et agissent en fonction des représentations qu’ils se font : certains managers vont donc privilégier le marché tandis que d’autres seront plus orientés société.
Pour apprécier ces éventuelles différences au sein de l’Europe, nous avons conduit une recherche auprès de 3836 dirigeants répartis dans seize pays (données recueillies par l’«University Fellows Research Consortium », composé d’universitaires de différents pays, auteurs du présent article) en utilisant le modèle des valeurs de Schwartz (1994, 1997). Ce modèle identifie quatre valeurs cardinales (valeurs de transcendance, de propre enrichissement, d’ouverture au changement et de conservatisme).
L’analyse de la variance donne les résultats suivants : les managers des pays fondateurs de l’Europe privilégient des valeurs de transcendance (donc collectivistes). De même, ils sont plus ouverts au changement ; mais aucune différence n’est trouvée entre les différents groupes de pays en ce qui concerne les valeurs de propre enrichissement ou de conservatisme. En d’autre termes, les fondateurs sont à la fois plus orientés société (valeurs de transcendance) et plus armés dans un univers orienté marché (ouverture au changement). On retrouve la conciliation marché/ société des économies post-modernes. A contrario, les ex-pays de l’Est ont abandonné l’orientation société proposée par le communisme sans avoir acquis les valeurs du capitalisme.