Auteur
Olfa ZAÏBET
Résumé
Face aux développement des nouvelles formes d’organisation du travail, l’intelligence collective s’avère être un enjeu important pour l’efficacité du fonctionnement des organisations. Pourtant, ce concept n’est pas actuellement stabilisé en Sciences de Gestion. De plus, peu d’outils sont à la disposition des managers et des chercheurs pour l’identifier concrètement. Comment peut-on définir concrètement et opérationnellement le concept d’intelligence collective et comment peut-on le repérer au sein des organisations ? Nous proposons, la définition suivante de l’intelligence collective : ensemble des capacités de compréhension, de réflexion, de décision et d’action d’un collectif de travail à taille humaine issu de l’interaction entre ses membres et mis en oeuvre pour faire face à une situation de travail présente ou à venir. Une revue de la littérature consacrée au fonctionnement des collectifs de travail nous aidera à dessiner les contours de l’intelligence collective, avant d’en repérer les principales dimensions et de proposer des hypothèses d’indicateurs pour mieux la repérer au sein des entreprises.
Mots clés : collectifs de travail – définition opérationnelle – indicateurs - intelligence collective – travail collaboratif
Auteur
Madina RIVAL
Résumé
Si l’on en croit l’actualité, il y aurait une relation possible entre deux types d’organisations très différentes : d’une part l’entreprise, entendue comme entité mobilisant du travail et du capital pour produire des biens et services marchands ; d’autre part un ensemble d’organes politiques et administratifs représentant concrètement l’Etat et qui seront nommés « pouvoirs publics ». A ce titre, il semble novateur de s’interroger sur le traitement de cette relation, à travers une revue de la littérature tout d’abord générale puis plus spécialisée en sciences de gestion. Dans ce dernier cas, une notion domine en particulier pour qualifier les relations entreprises/Etat : le « lobbying ».
Cette revue de la littérature permet dans un premier temps de mettre en évidence les conditions de l’émergence d’une relation entre l’entreprise et les pouvoirs publics représentant l’Etat. Dès lors que l’entreprise n’est plus considérée comme un système fermé mais une organisation en interaction avec son environnement, l’Etat apparaît comme un interlocuteur de premier ordre. Dans un second temps, nous constatons le développement d’un corpus spécialisé en sciences de gestion qui décrit les évolutions quantitatives et qualitatives de ce phénomène essentiellement par l’étude du lobbying.
Que nous apprend cet exemple particulier sur les relations inter organisationnelles, leur nature et leur processus de diffusion et d’évolution ? La relation entreprises/Etat se manifeste par un échange, les sciences de gestion privilégiant par nature l’étude d’un sens de l’échange : des entreprises vers les pouvoirs publics, en particulier le lobbying. Elle met en jeux des acteurs divers et comporte des modalités multiples. Une rapide analyse historique semblerait démonter que cette relation s’est diffusée des Etats-Unis vers l’Europe, peut-être par le biais des filiales ou des cabinets de conseil commun, certainement par un processus d’imitation. Par la suite, le contenu et la forme de la relation entreprise/Etat s’adaptent aux évolutions de l’environnement plus général (mondialisation, construction européenne, responsabilité sociale de l’entreprise par exemple).
Auteurs
Dorra Skander
Lise Préfontaine
Valéry Ramonjavelo
Résumé
Le succès d’un partenariat public-privé ou PPP repose principalement sur l’efficience de la relation de collaboration entre partenaires. Toutefois, la plupart des recherches portant sur les PPP n’en examinent que l’environnement immédiat dont notamment le contexte sociopolitique, le cadre législatif et les mécanismes de gestion du projet.
Ainsi, peu de recherches se sont penchées sur la collaboration dans le cadre des PPP partant de l’hypothèse que les parties en présence sont motivées par des intérêts et viennent de « mondes » différents véhiculant des valeurs divergentes, voire contradictoires dans certains cas. Pourtant, il parait évident que l’interaction, dans le cadre de la collaboration entre les parties à un PPP, contrairement à celle impliquant deux entités d’un même secteur, serait fortement marquée par les divergences des valeurs partagées dans chaque entité organisationnelle. Cette recherche aborde cette problématique. Un modèle de collaboration des parties à un PPP y est proposé selon une perspective constructiviste et ce, en mettant sous les projecteurs la dynamique d’interaction, aussi bien au niveau formel qu’informel, entre les acteurs impliqués dans le partenariat.
Partant de l’hypothèse que les partenaires potentiels appartiennent à des « mondes » différents, ce modèle suggère que la collaboration entre les parties serait fortement marquée par les divergences entre leurs caractéristiques organisationnelles et environnementales. Celles-ci se manifestent par des schèmes collectifs différents dont notamment des cultures organisationnelles véhiculant des valeurs différentes. Par ailleurs, ce modèle reconnaît non seulement, les principales divergences entre les secteurs public et privé mais aussi leur convergence progressive. En effet, celle-ci résulte elle-même de deux axes principaux. Le premier axe de rapprochement tire sa source des nouvelles orientations du management public, d’une part et du management privé, d’autre part. La convergence relative entre les deux secteurs résulte des nouvelles valeurs préconisées par les courants du nouveau management public ou NMP (client, flexibilité, entrepreneurship, etc.) et du management renouvelé ou MR (responsabilité sociale, éthique, etc.) constituant les nouvelles « routes » rapprochant les organismes publics des entreprises privées. À un deuxième niveau, le modèle suggère que le rapprochement entre les sphères publique et privée peut également résulter de la dynamique d’interaction, s’inscrivant dans le temps, entre les membres de chacune des deux entités organisationnelles collaborant dans le cadre du partenariat. De ces rapprochements sont issus les PPP, résultat d’un ordre négocié se manifestant par la constitution d’un « monde PPP » qui véhicule un ensemble de valeurs ou culture organisationnelle qui lui est propre. En conclusion, le modèle initial est donc repris et présenté dans une version enrichie et son utilité pour comprendre aussi bien les PPP que d’autres types d’alliances stratégiques est discutée.
Auteur
Maryvonne Lassalle-de Salins
Résumé
Peu de recherches sur les stratégies politiques des entreprises se sont intéressées spécifiquement aux stratégies menées vis-à-vis de la cible que constituent les organisations intergouvernementales (O.I.G.). Comme première étape d’un tel travail, il apparaît nécessaire d’étudier les O.I.G. en tant que lieu de décision intergouvernementale. Nous nous intéressons tout d’abord aux travaux antérieurs de recherche sur la décision dans les O.I.G. et montrons qu’ils adoptent le plus souvent une perspective très générale de la décision. Nous proposons alors de confronter la décision intergouvernementale aux modèles de décision de la poubelle (Cohen et al. [1991]) et de Kingdon [1984]. Pour cela, nous choisissons une recherche qualitative par études de cas dont le terrain est le Codex Alimentarius. Nous montrons que le modèle de la poubelle peut, au moins pour partie, décrire la décision au Codex Alimentarius. Cependant, le hasard et les structures de décision et d’accès (Cohen et al. [1991]) ne sont pas les seuls déterminants de ce qui sort de la poubelle. Différents facteurs (acteurs, pressions institutionnelles) orientent aussi la décision. Comme dans le modèle de Kingdon, l’entrepreneur politique peut influencer à son avantage le processus décisionnel mais son travail est plus complexe que dans le modèle. Nous proposons ensuite plus généralement de voir les O.I.G. comme des organisations faiblement couplées et comme des lieux d’indécision ponctuée de décisions. En conclusion, nous envisageons les questions empiriques et théoriques que ces interprétations posent.
Auteur
Sandra BERTEZENE
Résumé
Les inégalités de l’offre de soins sur le territoire, le morcellement de la prise en charge et les coûts non maîtrisés aboutissent à une altération de l’efficacité et de la qualité de la prise en charge et à une moindre efficience du système de santé. Sous l’impulsion du législateur et dans un souci de rationaliser l’offre et les dépenses tout en améliorant la qualité des prestations et donc la santé du public, la notion de réseau prend une envergure de plus en plus importante dans le champ de la santé. Néanmoins, les réseaux peinent à se développer et à répondre aux besoins de la population et ce manque est d’autant plus criant s’agissant de la prise en charge des personnes âgées dépendantes et de leurs poly-pathologies. Dans ce cadre, nous proposons une problématique centrée sur les conditions d’émergence, de survie et de développement des réseaux destinés à la prise en charge de cette population particulière. Notre point de départ est la proposition d’une définition du réseau gérontologique à partir de la littérature en sciences de gestion et des apports plus spécifiques de la littérature en gestion des systèmes de santé. Puis, certaines approches théoriques et empiriques présentes dans la littérature nous permettent de formuler plusieurs hypothèses de travail selon trois axes : les étapes préalables à la mise en oeuvre du réseau, le pilotage du réseau et enfin, la coordination du cadre d’action, du système commun de référence et de l’organisation clinique.