AIMS

Barlatier Pierre-jean, Thomas Catherine
Solution TIC et développement de capacités réseau : le rôle du processus de codification dans l’expérimentation KMP.

Auteurs

Pierre-Jean BARLATIER

Catherine THOMAS

Résumé

L’objectif de cet article est d’explorer la dynamique de création de connaissances au sein d’un réseau en mobilisant le concept de capacités réseau. Il s’agira alors d’analyser l’impact d’un processus de codification via la conception d’une solution TIC sur le développement et le renforcement de ces capacités. Dans la mesure où la création de connaissances organisationnelles est un processus social, nous proposons d’abord d’enrichir le concept de capacités réseau en nous appuyant sur les travaux de Nahapiet et Ghoshal (1998) sur le capital social. Cet article s’interroge ensuite sur l’élaboration d’une solution TIC capable de développer et renforcer les capacités réseau, i.e. favoriser la dynamique de création de connaissances au sein d’un réseau. Nous montrerons enfin le rôle clé du processus de codification consubstantiel à l’élaboration de la solution TIC dans la dynamique de création de connaissances.
Notre étude résulte d’une recherche-intervention que nous avons menée dans le cadre du parc scientifique de Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes, France). A la demande d’une association majeure de ce parc, la Telecom Valley® (TV), un projet de conception puis d’implémentation d’une solution TIC (le projet Knowledge Management Platform : KMP) devant permettre de renforcer les dynamiques d’échange et de combinaison de connaissances au sein du cluster Télécom sophipolitain, a été lancé en janvier 2003. Notre analyse se centre sur le rôle du processus de codification mis en oeuvre lors de l’élaboration de la solution TIC dans le développement et le renforcement des capacités réseau. Cette expérimentation a permis d’illustrer et d’affiner certaines dynamiques simples entre les dimensions des capacités réseau et les conditions de création de connaissances identifiées par Nahapiet et Ghoshal (1998) en les validant partiellement au sens de Yin (1989). Elle a également mis en évidence l’existence de dynamiques complexes, multidimensionnelles, où le processus de codification est apparu comme essentiel. La représentation de l’espace commun du cluster, et son inscription dans la solution TIC ont eu un impact important sur les dimensions relationnelle et cognitive des capacités réseau. Un « savoir-voir » collectif a émergé et a incontestablement accru l’identité du réseau, provoquant alors une véritable « clôture organisationnelle » qui a paradoxalement procuré au réseau la possibilité de s’ouvrir sur l’extérieur sans pour autant nuire à sa cohérence. Cette ouverture a transformé la structure du réseau en attirant / cherchant de nouveaux acteurs et en modifiant la nature de ses liens.