Cette communication part d’un double constat. D’un côté, la théorie de la dégénérescence pronostique que les entreprises démocratiques (ED) sont vouées à échouer faute de mettre en place une organisation du travail liant efficacité organisationnelle et pratique démocratique (Gand & Segrestin, 2009). D’un autre, de nouveaux modèles managériaux tels que la sociocratie ou l’holacratie sont de plus en plus médiatisés et apparaissent comme solution potentielle pour les ED (Maroudas & Rizopoulos, 2014). Si les études empiriques sur ces nouvelles formes managériales se multiplient (Mattelin Pierrard et al., 2018), leur utilisation au sein d’ED reste encore aujourd’hui peu explorée. Nous proposons donc de nous interroger sur le potentiel et les limites de ces nouveaux modèles pour les ED : peuvent-ils prévenir le risque de dégénérescence ? Pour mener à bien cette recherche nous nous appuyons sur une étude de cas d’un supermarché coopératif mettant en œuvre une organisation sociocratique ; nous y étudions le dispositif délibératif : la gestion par consentement (GPC). Nos résultat montrent que la GPC ne peut produire une délibération politique. Elle participe de fait au processus de dégénérescence ; l’évacuation du politique de la délibération collective produit in fine un phénomène d’oligarchisation.
