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Josserand Emmanuel

Auteur

Emmanuel JOSSERAND


Résumé

 

Les "institutions du capitalisme", firmes, marchés, contrats, formes hybrides se caractérisent par leur hétérogénéité, par la façon bien particulière dont chacune d'entre-elles organise les relations économiques et sociales, par la manière dont elles atteignent un certain niveau de cohérence. La prise en compte de cette singularité rend difficile la catégorisation d'une entité donnée puisque cette entité ne saurait être ni pur marché, ni pure hiérarchie ni forme hybride particulière et répertoriée. La notion d'idéal-type pour représenter une catégorie d'organisations est sans doute utile mais également de portée limitée tant on peut s'attendre à un panachage complexe et imprévisible des idéaux-types.

L'analyse, la compréhension d'une institution particulière, de sa cohérence, de la façon dont elle organise les relations économiques et sociales ne peut donc se faire que par rapport à des principes généraux d'organisation ayant eux-mêmes une portée idéal-typique. L'idée de mode de contrôle développée par Ouchi (80) et élargie par Jarillo (88) aux modes d'organisation répond à cette exigence. Il s'agit bien de propriétés idéal-typiques permettant de rendre compte de la cohérence organisationnelle et susceptibles d'expliquer le fonctionnement de toute institution.

Elles ont, en outre, pour avantage de permettre une compréhension approfondie de l'apparition de formes hybrides, panachant les modes d'organisation de manière complexe et nécessairement paradoxale (elles sont à la fois marché, bureaucratie, réseau,...).

Le nombre important de recherches publiées sur la firme en réseau permet de bien illustrer la façon dont la construction de typologies et l'analyse de formes organisationnelles sans utiliser la notion de mode d'organisation rend difficile l'atteinte d'un consensus et la compréhension d'organisations qui, quoique fort différentes, sont répertoriées sous la même étiquette de "réseau". Une analyse des reproches adressés à la théorie des coûts de transaction montre la même limite dans la façon dont ses tenants raisonnent.

La notion de mode d'organisation doit d'autre part être précisée. Tout d'abord, en réaffirmant, en accord avec Jarillo (88), qu'il existe quatre modes d'organisation : le marché, la bureaucratie, le clan et le réseau. Ensuite, en proposant une illustration pratique de la forme que ces modes d'organisation peuvent prendre dans le cas particulier de la firme.

Une interrogation primordiale a trait à la façon dont ces modes d'organisation se combinent au sein d'une entité donnée. L'étude des paradoxes nous permettra de proposer un certain nombre d'éléments de réponse.