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Ibert Jérôme

Auteur

Jérôme IBERT


Résumé

 

L’objet de cet exposé est d’établir un cadre d’analyse de l’articulation et de la dynamique des politiques relationnelles entre firmes concurrentes. Fondé sur une recherche exploratoire en cours, ce cadre d’analyse a été construit en menant une investigation sur un cas empirique, servant en quelque sorte de “révélateur” des dimensions les plus pertinentes que suggère la littérature à propos de l’interaction concurrentielle.

L’interaction entre firmes concurrentes repose sur la rivalité mais peut également emprunter une logique coopérative et collective. La notion de “politiques relationnelles” vise donc à rendre compte de la diversité des modes d’interaction dont disposent les firmes. L’objectif de notre recherche est d’analyser comment s’instaurent l’articulation et la dynamique de ces politiques relationnelles. Elle mobilise à cet égard un cadre conceptuel pluridisciplinaire.

En premier lieu, nous postulons que l’interaction concurrentielle est déterminée par des facteurs économiques objectifs, qui conduisent notamment à l’interdépendance des acteurs, et par des facteurs plus subjectifs, que nous qualifions “d’interprétationnels” parce qu’inhérents à la perception de l’environnement par les acteurs et à leur représentation de la relation d’interdépendance entre la firme et son environnement. Nous exposons ensuite les différentes politiques relationnelles afin de faire apparaître les enjeux que constituent leur articulation et leur dynamique. Nous montrons que la prégnance de la dimension interprétationnelle dicte une acception non seulement économique mais également sociologique de la relation de coopération/conflit. Le jeu des acteurs se déploie dans un système social lié à la décision interdépendante, composé de trois sous-systèmes majeurs, le système intégratif, le système de menaces et le système d’échange. L’implication de ses trois sous-systèmes sociaux dans la dynamique des politiques relationnelles se traduit par des phénomènes de communication et de signaux de marché. Nous précisons donc en quoi notre cadre conceptuel peut intégrer les caractéristiques de ces phénomènes.

L’articulation et la dynamique des politiques relationnelles constitue une préoccupation majeure des acteurs concurrents. Pourtant, si un nombre croissant de travaux en management stratégique se préoccupent des politiques d’alliance, force est de constater que le versant coopératif et collectif des politiques relationnelles souffre d’une certaine incomplétude. Les politiques d’entente auxquelles ne sont consacrés que des travaux du domaine économique et juridique, s’inscrivent en quelque sorte dans un non-dit du management stratégique. L’actualité nous le rappelle régulièrement. Deux facteurs intimement liés contribuent à une insuffisance de l’état de l’art en la matière : le caractère illicite des “pratiques anticoncurrentielles” qui restreint fortement leur observation et conséquemment le fait qu’en général l’analyse n’est produite qu’a posteriori, qui plus est après leur détection par les autorités chargées de la police de la concurrence. Notre recherche vise donc à palier cette insuffisante en étudiant de façon empirique des pratiques en cours. Elle se fonde sur l’étude en profondeur et exploratoire d’un cas sectoriel idoine. L’état d’avancement de la recherche, s’il ne permet de présenter que des résultats intermédiaires, autorise néanmoins quelques axes de réflexion.