Auteur
Sylvie BLANCO,
Résumé
Dressant le double constat de l’importance et de la difficulté de la sélection des informations à caractère anticipatif de type signes d’alerte précoces, cet article a pour objet de mieux comprendre ce processus informationnel complexe. Dans ce sens, un état des connaissances et des pistes de progrès sont présentés. La piste d’une aide procédurale est explorée à travers une recherche ingénierique menée dans différentes organisations. Les résultats de deux expériences et les retours théoriques sont explicités et des pistes de recherche futures identifiées en conclusion.
Auteur
Corine COHEN
Résumé
Cet article examine l'origine du concept général de surveillance environnementale et ses enjeux vitaux pour les entreprises et les Etats.
Apparue dans le domaine de la gestion en 1967 (Aguilar), la surveillance de l'environnement de l'entreprise a évolué vers des formes plus formalisées, plus offensives, et plus intégrées dans le processus de décision stratégique (concepts de veille et d'intelligence). Face à des enjeux de performance et de compétitivité, ces notions et leur mise en oeuvre continuent de provoquer l'engouement d'un nombre croissant d'organisations et la mobilisation des Etats.
Pour comprendre l'intérêt suscité, et l'évolution si rapide du concept général de surveillance, il convient de s'interroger sur son ancienneté, sur son (ou ses) origine(s), et surtout sur les raisons qui ont poussé les dirigeants – et les Etats – à l'organiser.
S'informer est un besoin très ancien : l'être humain a toujours éprouvé le besoin de recueillir et d'exploiter l'information pour survivre, satisfaire sa soif de savoirs, gagner les guerres ou imposer sa position politico-économique.
Le développement, relativement récent, du concept de surveillance dans les sciences de gestion tient principalement à la transformation de l'environnement des entreprises depuis l'après-guerre. En effet, la firme est un système ouvert en interrelation permanente avec un environnement de plus en plus turbulent, marqué par la mondialisation et la révolution des nouvelles technologies. Cette instabilité crée un profond sentiment d'incertitude dans la prise de décision des cadres et chefs d'entreprises. Un paradoxe apparaît entre le manque et la surabondance d'information. Enfin, pour conserver ou améliorer leurs positions concurrentielles, les entreprises ont l'obligation absolue d'innover.
Pour diminuer l'incertitude, gérer au mieux l'information et améliorer les stratégies d'innovation, la surveillance s'est imposée comme un outil indispensable. L'exemple de la réussite japonaise a joué le rôle de catalyseur dans ce phénomène persistant. L'environnement des organisations est toujours aussi changeant et les arguments en faveur de la pratique de surveillance sont plus que jamais d'actualité. Par ailleurs, face à la menace de réseaux mondiaux de surveillance, la politique des Etats, indissociable de celle des firmes, devrait s'intensifier. Surveiller l'environnement reste une nécessité absolue pour les entreprises et les Etats.
Auteur
Nicolas LESCA
Résumé
Le 11 septembre 2001, deux avions pilotés par des terroristes s’écrasaient sur les tours du World Trade Center, au coeur même de New York, provoquant leur destruction totale. Simultanément, un troisième avion éventrait le Pentagone. Il semble qu’aux Etats-Unis, personne n’ait véritablement anticipé cette crise majeure, en dépit de certaines signes d’alerte précoce, suggérant la possibilité d’une attaque terroriste d’envergure sur le sol américain, dont la plausibilité n’a pas été prise au sérieux. Pourtant, les Etats-Unis consacrent chaque année un budget de plusieurs dizaines de milliards de dollars à l’intelligence et au développement technologique pour la soutenir.
Cet événement dramatique appelle une relecture de certaines connaissances théoriques, pour mieux comprendre les erreurs que font parfois les organisations, lorsqu’elles conçoivent et mettent en oeuvre des systèmes d’intelligence stratégique. Alors que la finalité d’un tel système est d’anticiper suffisamment tôt les changements de l’environnement pour saisir les opportunités qui se profilent et se prémunir contre d’éventuelles menaces, certains choix informationnels, organisationnels et technologiques contredisent les objectifs de tels systèmes.
Nous insistons sur la nécessité de questionner et d’interpréter l’information à divers stades de sa sélection et de son exploitation, pour évaluer la plausibilité de sa participation à la genèse et au développement d’action et d’événements importants pour l’organisation. Nous proposons alors de concevoir les phases de sélection et d’exploitation du processus d’intelligence stratégique comme des activités d’attention aux signaux faibles de l’environnement et d’amplification des signaux faibles en signes d’alerte précoce,annonciateurs de changements possibles. Ces phases du processus général d’intelligence stratégique reposent sur l’organisation et le développement d’activités de construction du sens à la fois intersubjective, interactive, énactive, et herméneutique.
Auteurs
D. PHANUEL
D. LEVY
Résumé
Cet article confronte le discours académique et la pratique manageriale des PME-PMI sur le thème de l'intelligence économique. Peu exploré jusqu'à maintenant, il fait progressivement l'objet de travaux de recherche en sciences de gestion (notamment Larivet, 2001). Il est apparu intéressant de comparer les conceptions universitaires et la/les vision(s) des entrepreneurs à propos de ce qu’est « l’intelligence économique ». De même, il nous a semblé utile de rapprocher la perception que se forgent les responsables d’entreprises de leur pratique de "l’intelligence économique", les ressources qu’ils estiment mobiliser, comparées aux ressources, en théorie, nécessaires. Les réponses à ces questions seront fournies sur la base des résultats d’une étude réalisée par questionnaire auprès de 75 PME-PMI d’un département français. Les PME-PMI interrogées semblent assez peu connaître ce qu’est l’intelligence économique. Malgré tout, elles en perçoivent certaines finalités. Leur pratique, globalement modeste, est partielle. En particulier, le cycle du renseignement leur semble étranger, le nombre d’acteurs impliqués, surtout en interne, reste limité. Ainsi, le personnel de l’entreprise semble plus considéré comme une menace que comme une opportunité. Contrairement au discours sur la nécessaire mobilisation de l’ensemble des salariés, les résultats de notre recherche montrent que telle n’est pas la pratique effective des PME-PMI. La gestion stratégique de l’information reste confinée entre les mains des dirigeants pratiquant un management largement centralisé mais ouvert sur l’extérieur. Le recours à des réseaux externes est le fil rouge de leur pratique de « l’intelligence économique ».