AIMS

ST-AIMS 05 : Entrepreneuriat et Vulnérabilité(s) : parler vraiment de l’exclusion, bâtir des alternatives vivables et viables, accueillir la pluralité des mondes.

 

 

 

Les approches critiques sont désormais implantées dans le champ de l’entrepreneuriat et contribuent à la transformation des identités, des pratiques et des discours, en éclairant les dimensions obscures et proposant d’autres devenirs possibles (Dey et. al, 2023 ; Ogbor, 2000). Cette session est en premier lieu consacrée aux recherches qui, d'une part, questionnent les "évidences entrepreneuriales" et les hypothèses fondatrices qui structurent le champ de l'entrepreneuriat et, d'autre part, interrogent les conséquences des discours académiques, professionnels et politiques produits et les enjeux de domination dans le domaine.

 

EXCLUSION. Nous appelons ici ainsi au questionnement de toutes les instances et critères de légitimité qui peuvent former des sortes d’exclusion et de domination au sein de l’industrie entrepreneuriale via notamment les pratiques, outils, dispositifs et traces socio-matérielles. Les structures et pratiques sociales sont porteuses de discriminations et d’oppression et affectent les parcours d’entrepreneur.e.s, notamment dans leurs dimensions genrées. Les normes genrées ou raciales désavantagent ou avantagent les entrepreneur.e.s en termes d'accès aux ressources. Les stéréotypes influencent les jugements et comportements individuels et façonnent les attentes vis-à-vis des entrepreneur.e.s situé.e.s aux marges ainsi que leurs entreprises. Entreprendre suggère un intense travail relationnel, en tension, où se pratiquent tant l’oppression que la libération. Dans le même temps, l’injonction à (s’)entreprendre de populations vulnérables, par des dispositifs toujours plus sophistiqués ou des discours de l’inclusion sociale, ethnoculturelle ou genrée, peut conduire à renouveler les oppressions et accroître les vulnérabilités plus qu’à les défaire.

 

TRAVAIL IDENTITAIRE. Nous porterons également un intérêt particulier aux dimensions identitaire, sociomatérielle et discursive au cœur du travail identitaire en contexte de vulnérabilité, dans une visée aussi transformatrice. En somme le travail n’est pas considéré par essence comme bénéfique aux entrepreneur.e.s dans des conditions de vulnérabilité notamment, mais comme pouvant aussi accroître les tensions. Comment les identités se (dé)font ? Quelles possibilités véritables d’altérité ? Quelles conséquences a le travail identitaire sur la sphère personnelle de l’entrepreneur.e et au niveau collectif ? Quel rôle jouent les objets, dispositifs, artefacts dans le travail entrepreneurial des personnes minorisé.e.s ? Comment les discours entrepreneuriaux sont-ils manipulés, (dé)(con)tournés dans les pratiques individuelles ? Quelles sont les conditions de production et circulation d’autres narrations, d’autres paroles ? Comment faire et défaire collectivement des imaginaires ?

 

REGARD CRITIQUE SUR DES ALTERNATIVES. Cet atelier s’intéresse également à la manière dont les entrepreneur.e.s vulnérabilisé.e.s - comme protagonistes, activistes et/ou premiers acteurs.trices de la critique - parviennent à défaire les pratiques dominantes, mais aussi à façonner des pratiques alternatives, seul.e.s ou collectivement. Il aspire à faire émerger de nouvelles directions de recherche et des pratiques qui ne reproduisent pas la subordination, la hiérarchie, les normes culturelles sexuées acceptées, et saisissent d’autres possibles. L’objectif est donc de mettre en lumière des figures et pratiques marginales de l’entrepreneuriat tout en préservant un regard critique. Les perspectives féministe et décoloniale permettent la compréhension de pratiques collectives, solidaires et émergentes de libération. Il ne s’agit pas pour autant de constituer de nouvelles mythologies en érigeant les marges en nouveaux modèles. Il s’agit peut-être même au contraire de montrer que les marges peuvent constituer de nouvelles aliénations. En tant que coproducteurs des discours et pratiques, nous souhaitons aussi inviter les participant-e-s à une réflexion sur la singularité de l’engagement, de la militance, des chercheurs.ses en entrepreneuriat dans la critique et la transformation du champ de l’entrepreneuriat comme lieu potentiel de reproduction des hiérarchies et de la violence instituée.

 

PLURALITE DES MONDES. La critique de l’entrepreneuriat se situe le plus souvent dans un héritage des pensées critiques européo-centrées dans lesquelles l’émancipation constitue un enjeu central du fait de certaines empreintes d’un capitalisme néolibéral. Sans chercher à le parer de vertus particulières et à évacuer les dérives d’une entrepreneurialisation du monde ou d’une colonisation par l’entrepreneuriat, l’entrepreneuriat gagnerait à être passé au crible de repères critiques pluriels permettant de produire des compréhensions variées enracinées dans des contextes différents et plus complexes. En somme, nous invitons les chercheur.e.s ici à déprovincialiser la critique notamment en mobilisant les épistémologies des Suds mais aussi en examinant d’autres pratiques, d’autres imaginaires, sans verser dans la folklorisation de l’entrepreneuriat. 

 

Au total, nous incitons les auteurs.trices à considérer la variété des courants critiques : postcolonialisme et décolonialisme, intersectionnalité, approches critiques du genre, etc. La session accueillera tant des recherches fondées empiriquement adoptant une posture critique que des contributions plus hétérodoxes telles que des essais inédits se situant dans le cadre de ces approches. Le travail des formes d’écriture est aussi fortement encouragé.

 

 

Mots clés : Approches critiques, vulnérabilité(s), exclusion, alternatives, pluralité des mondes.

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