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ST-AIMS 03 : Métamorphoses des industries culturelles et créatives (ICC)

 

 

 

 

Cette ST-AIMS propose d’étudier les métamorphoses des Industries Culturelles et Créatives (ICC) afin de comprendre et d’analyser leurs développements historiques, leurs évolutions en cours et perspectives futures. Elle invite les chercheur.e.s en sciences de gestion à explorer la manière dont les parties prenantes conçoivent, produisent, diffusent et consomment au sein de ces industries. Elle encourage également les recherches observant les expérimentations alternatives émergentes, à l’intérieur ou aux marges des modèles dominants. Bien que non exhaustifs et surtout non limitatifs, cette ST-AIMS souhaite apporter des éléments de réflexion et de réponses aux axes suivants : les métamorphoses des Business Models dans les ICC (1) ; les métamorphoses des ICC et leurs impacts sur le travail et l’organisation (2) ; les métamorphoses sociales et politiques des produits culturels et créatifs (3) ; la gestion des tensions organisationnelles et stratégiques face aux métamorphoses des ICC (4).

 

Avec des recettes d’un montant de 2 250 milliards de dollars, les secteurs culturels et créatifs (livre, jeux vidéo, musique, cinéma, journaux et magazines, spectacle vivant, télévision, arts visuels, architecture, etc.) représentent 3% du PIB mondial et emploient 29,5 millions de personnes (Source: Investir dans la créativité, Unesco, 2018). Le premier axe de cette ST-AIMS s’attache à analyser les métamorphoses des Business Models dans les ICC. À des rythmes différents et sur des périmètres spécifiques, la transformation numérique bouleverse cependant tous les secteurs des ICC (Snowball et al., 2022). Les recherches attendues ambitionnent ici de montrer les impacts des évolutions technologiques sur les ICC (Delacour et Leca, 2011; Chesbrough et Rosenbloom, 2002 ; Colombo et al., 2016 ; Landoni et al., 2020 ; Tellier, 2021), mais également comment les plateformes de streaming et biens/services à abonnement ont changé la façon dont nous accédons aux contenus culturels, influençant les stratégies de monétisation des industriels autant que les comportements des utilisateur.trice.s. et des client.e.s. La création de valeur client liée à ces transformations pourra être ainsi explorée. En parallèle, seront vivement encouragées les recherches portant sur des modèles économiques alternatifs (innovation ouverte, économie collaborative, économie circulaire, production et diffusion autonome, modèle libre, etc.) permettant une accessibilité plus importante des contenus culturels ou encore une meilleure prise en compte des parties prenantes.

 

Les ICC se sont également saisies ces dernières années des technologies afin d’innover autant dans les produits proposés, que dans leurs processus de production. Les recherches attendues s'intéressent ici à la généralisation du streaming et des modèles numériques de diffusion, au développement de l’Intelligence Artificielle et l’utilisation d'algorithmes divers, aux plateformes de contenus générés par les utilisateur.trice.s, aux expériences interactives et immersives (Réalité Virtuelle et Augmentée), à la dématérialisation des produits ou encore à la production en masse et la mondialisation des contenus culturels. Ainsi, le deuxième axe de cette thématique s’attache à analyser les métamorphoses des ICC et leurs impacts sur le travail et l’organisation. Il s’agira ici d’observer plus particulièrement les pratiques de travail au sein des ICC (travail à distance, collaboration numérique, méthode agile, période de “crunch”, etc.) ainsi que les conséquences des évolutions sociales, technologiques et économiques sur les relations sociales, les métiers et l'organisation (Schiemer et al., 2023). En parallèle, seront vivement encouragées les recherches en perspectives critiques s’intéressant aux stratégies de résistance et aux nouveaux modes d'organisation en marge et/ou au sein des ICC (Keogh et Abraham, 2022 ; Larsen, 2017 ; Malik et al., 2017).

 

Au cours des vingt-cinq dernières années, nombreux.ses sont celles et ceux qui ont souligné l'intérêt d'utiliser la fiction dans l'exploration des mondes et des réalités organisationnelles (Savage et al., 2018). La littérature, le cinéma et la musique ont fait l’objet de nombreux travaux scientifiques (Aroles et Granter, 2019 ; Culié et al., 2022 ; Czarniawska-Joerges et De Monthoux, 2005 ; Tellier, 2021), démontrant le caractère politique et performatif de la fiction, tout autant que son ancrage fort dans les sciences de gestion. Le troisième axe de cette thématique s’attache ainsi à analyser les métamorphoses sociales et politiques des produits culturels et créatifs. L’usage de la fiction peut alors être un outil pédagogique foisonnant pour les enseignant.es et chercheur.es en sciences de gestion (Tellier, 2020 ; Szpirglas, 2023), autant qu’un outil critique au service de la déconstruction des idées et l'élargissement des possibles (Engelibert, 2019 ; Panayiotou, 2010 ; Rhodes et Parker, 2008 ), mais encore un outil méthodologique pertinent pour étudier les phénomènes sociaux émergents et historiques (Debenedetti et Perret, 2022 ; Grimand, 2022 ; Miko-Schefzig et al., 2022). Réciproquement, cette partie ambitionne de comprendre les impacts des politiques locales et territoriales sur la production culturelle et créative des acteurs (Baillargeon, 2018 ; Wu et Lin, 2021 ; Zhao et al., 2013), en analysant les composantes conjoncturelles et structurelles incitant ou non les acteurs à s’investir dans la production de contenus culturels et créatifs (Porfírio et al., 2016 ; Oakley, 2006).

 

L’association des termes “Industrie”, “Culturel” et “Créatif” n’est pas sans poser de questionnements quant à leur juxtaposition, leur assemblage ou leur confrontation (Alacovska et Kärreman, 2023 ; Austin et al., 2022). Ce dernier axe propose d’étudier la gestion des tensions organisationnelles et stratégiques face aux métamorphoses des ICC. En effet, les entreprises en place au sein des industries culturelles et créatives sont soumises à des tensions entre les objectifs économiques, sociaux et écologiques (Aroles et al., 2022 ; Durand et Jourdan, 2012). Des recherches s’intéressent à la gestion des tensions : individuel versus collectif, court terme versus long terme, efficience de l’organisation versus résilience des systèmes (Hahn et al., 2015 ; van Bommel, 2018). Nous sommes convaincus que les spécificités des ICC et les métamorphoses en cours et à venir participent à l’émergence et au développement de tensions particulières : tradition versus modernité, numérique versus physique, individu versus collectif (Simon et Tellier, 2020 ; Giangreco et al., 2021). Cet axe permettra de mettre en lumière ces différentes tensions, d’étudier les stratégies des acteurs qui y sont confrontés, mais également d’aborder les thèmes de la responsabilité sociétale des ICC, ainsi que leurs conséquences sur les populations.

 

La liste des thématiques présentées est non exhaustive et n’a que pour objectif de montrer le champ riche et fécond de l’analyse des ICC, d’autant plus dans une période de métamorphoses tant organisationnelles, culturelles, sociales, économiques, politiques que technologiques. Les chercheur.es en sciences de gestion et en stratégie sont alors invité.es à soumettre leur recherche en cours. Toutes les méthodologies, les formats d’écriture, cadres analytiques et théoriques sont les bienvenus tant qu’ils respectent les cadres de l’AIMS.

 

Pour conclure, Montréal étant une ville capitale au sujet des ICC, les organisateur.trices prévoient une session d’une demi-journée de découverte et d’échanges avec l’ensemble des participant.es et la communauté AIMS sur la question de l’impact de l’IA sur la production de contenu vidéo-ludique et/ou vidéo. (Plus d’informations à venir).

 

 

Mots-clés : Industries Culturelles et Créatives (ICC) – Transformations - Business Model - Tensions - Organisation

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