Chères et chers membres et ami.e.s de l’AIMS,
L’urgence climatique, l’expansion des enjeux d’équité, de diversité et d’inclusion, et l’apparition de lignes de fracture à l’ère numérique témoignent des défaillances du capitalisme et invitent à revoir l’agenda des questions qui façonnent le champ du management stratégique et des études organisationnelles. Afin de contribuer à cet impératif de transition ou de redirection, les précédentes conférences de l’AIMS se sont penchées sur les enjeux de pluralisme et de durabilité, les grands défis planétaires, et les formes et implications d’un management en transition. Une pluralité de regards critiques permet aujourd’hui d’accompagner un effort de déconstruction de connaissances, de discours et de pratiques dominants mais aussi la formation de nouveaux imaginaires et d’alternatives concrètes.
Nous vous invitons lors de l’édition montréalaise de l’AIMS 2024 à poursuivre cette réflexion en explorant les possibilités d’autres perspectives, à la fois relationnelles et plus incarnées du management et de la stratégie. Les crises majeures, dont les formes et effets sont multiples, ont conduit à défaire ou compliquer l’expérience profondément relationnelle de l’individu en devenir au(x) monde(s). Elles ont aussi produit un management désincarné, sans sujet, où les corps, les émotions et affects sont au mieux sous contrôle, sinon absents. Associer dans la même conférence des mondes à retisser et un management et une stratégie à réincarner, c’est ainsi mettre en évidence que cette réincarnation ne peut se penser, se pratiquer, sans interroger les possibilités de nouveaux agencements, la création d’autres relations et d’autres rapports au(x) monde(s).
Réassembler le(s) monde(s), c’est privilégier une ontologie de la relation dans la compréhension des phénomènes sociaux, culturels et donc organisationnels. C’est aussi s’intéresser aux agencements plus ou moins temporaires entre humains et autres-qu’humains, entre dimensions sociomatérielles et narrations et considérer la pluralité des agentivités. Mais c’est aujourd’hui composer avec la difficulté de ces assemblages pour faire monde(s) du fait notamment de dérives anthropocentristes. Sans chercher de manière naïve à faire commun, comment réparer, produire et maintenir des mondes organisants qui soient vivables et viables ?
Réincarner le management, c’est d’abord s’interroger sur son rôle - notre rôle - dans la possibilité de rendre les vies vivables. C’est donc remettre au cœur de nos agendas de recherche et des pratiques managériales les corps, les émotions, les sens, les vulnérabilités, … et réhabiliter l’individu comme protagoniste (combattant premier) de la vie organisationnelle. C’est représenter (au sens de rendre présent) des vies multiples, des trajectoires empêchées, mais aussi des possibilités humaines et des efforts de réparation. C’est finalement considérer que la réincarnation rend solidaires, dans les mêmes résistances, humains et autres-qu’humains.
Nous vous invitons donc à contribuer, par des travaux théoriques, méthodologiques et empiriques, à ces manières de réassembler le(s) monde(s) et de réincarner le management. Au-delà de cette exploration, nous accueillerons également les contributions qui questionnent les obstacles à l’émergence de ces alternatives. Nous invitons en particulier les travaux qui interrogent la faible performativité des recherches en management auprès des milieux de pratique traitant déjà des préoccupations esquissées en ouverture de cet appel.
La date limite de soumission est fixée au 15 janvier 2024.
Au plaisir de vous rencontrer à Montréal du 3 au 6 juin 2024 pour la XXXIII conférence de l’AIMS!
L’équipe montréalaise de la conférence :
Nancy Aumais, Majdi Ben Selma, Hela Chebbi, Caroline Coulombe, Julie Delisle, Alice Friser, Olivier Germain, Ziad Guedri, Nathalie Lemieux, Anne-Laure Saives, David Sanson, Garance Schvartz, Viviane Sergi, Carène Tchuinou Tchouwo et Sondes Turki.
École des Sciences de la Gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG-UQAM)
