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Monin Philippe, Rouzies Audrey

Auteurs

Philippe MONIN

Audrey ROUZIES

Résumé

Dans cet article, nous théorisons l’existence d’une nouvelle forme organisationnelle, provisoirement intitulée hybride entre les fusions et acquisitions, et les alliances stratégiques. A partir de l’étude approfondie de deux cas spectaculaires de rapprochements entre firmes multinationales : Renault et Nissan d’une part, Air France et KLM d’autre part, nous suggérons que les hybrides organisationnels présentent des traits structurels, des processus stratégiques, et des problématiques culturelles singulières, différant de ceux habituellement rencontrés dans les fusions et acquisitions et dans les alliances stratégiques. Les caractéristiques structurelles incluent la structure formelle, les mécanismes de prise de décision et les mécanismes de résolution interne des conflits. Les processus stratégiques incluent la conception du temps stratégique, la conception de l’intégration, la conception des synergies, et la relation à la complexité organisationnelle. Enfin, les problématiques culturelles incluent la nature des obstacles à l’intégration et les réponses au management d’identités organisationnelles multiples.

Pour développer cette théorie, nous nous appuyons de manière inductive sur une connaissance approfondie de deux hybrides : Air France-KLM et Renault-Nissan. Les contributions de cet article sont multiples. D’une part, la théorie développée permet de dresser un pont entre deux littératures qui s’ignorent largement, respectivement liées aux fusions et acquisitions, et aux alliances stratégiques. D’autre part, cet article offre aux dirigeants deux exemples singuliers de pratiques qui combinent les avantages respectifs des fusions et acquisitions, et des alliances stratégiques, tout en échappant à leurs vicissitudes intrinsèques. Surtout, cet article est programmatique. Trois propositions se dégagent, qui déterminent les conditions de la stabilité de la forme organisationnelle hybride ; les conditions de la croissance du taux de natalité de la forme organisationnelle hybride ; et les conditions de la concurrence entre la forme organisationnelle hybride et les formes organisationnelles alternatives : fusions et acquisitions et alliances stratégiques.

 

Rouzies Audrey, Vogler Éric

Auteurs

Audrey ROUZIES

Eric VOGLER

Résumé

L’objectif de cette recherche est double : évaluer la contribution des cadres opérationnels à la démarche stratégique que peuvent initier les cadres intermédiaires et décrire avec plus de réalisme les rôles de ces cadres.

Si le rôle des cadres intermédiaires a déjà fait l’objet de recherches (Floyd et Wooldridge, 1990), la place des cadres opérationnels dans le processus stratégique (évaluation, décision, mise en œuvre) a été peu étudiée (Hart, 1992, Floyd et Lane, 2000). Dans les travaux récents sur l’encadrement intermédiaire, le groupe des contributeurs à la stratégie s’élargit certes, mais ces recherches ne vont pas au bout de la logique décentralisatrice observée dans les entreprises depuis une vingtaine d’année (Martinet, 2001). Ils n’associent pas les cadres opérationnels au processus stratégique et n’étudient pas leurs possibles contributions. Bref, le processus stratégique est alimenté par la strate médiane de l’organisation mais sa possible source opérationnelle est occultée.

Nous observons la contribution du cadre opérationnel au processus stratégique en utilisant le concept de conversation stratégique. Westley (1990) définit cette conversation comme les interactions verbales entre supérieur (cadres dirigeants) et subordonné (cadres intermédiaires) au sujet de la stratégie. Le cadre opérationnel établit avec son supérieur hiérarchique, le cadre intermédiaire, une conversation que nous qualifions d’opérationnelle, bâtie sur le modèle de la conversation stratégique.

Cette recherche contribue également à affiner la définition des rôles des cadres opérationnels et intermédiaires dans le processus stratégique en précisant leurs rôles horizontaux (relations avec les pairs en interne et avec l’environnement en externe), jusque là peu pris en compte (Payaud, 2003). Ces rôles horizontaux sont particulièrement bien intégrés dans le modèle quadri-facettes de Keys et Bell (1982) présentant quatre relations : avec la hiérarchie, les subordonnés, les pairs et l’environnement.

Nous posons cinq propositions pour tester l’existence d’une conversation opérationnelle (P1), et d’une conversation stratégique (P3), l’impact des relations horizontales sur ces conversations (P2 et P4) et enfin l’imbrication de la conversation opérationnelle à la conversation stratégique (P5).

A partir de 29 entretiens semi-directifs de cadres opérationnels et cadres intermédiaires du secteur des services, nous décrivons les deux profils complémentaires du cadre intermédiaire et du cadre opérationnel. Cette recherche fait apparaître l’imbrication de la conversation stratégique et de la conversation opérationnelle : l’une est nourrie par l’autre. Cette étude illustre donc le rôle du cadre intermédiaire dans le processus stratégique (Wooldridge et Floyd, 1990) et reconnaît le cadre opérationnel comme source complémentaire (et parfois préalable) d’initiatives stratégiques.