Si les modalités de conduite des raisonnements scientifiques ont reçu une attention considérable, la nature de la production théorique qui en résulte est assez largement passée sous silence. L’objectif de cet article est d’éclaircir ce sujet en montrant, à partir de travaux issus des sciences de gestion, que la production de théories est une opération de hiérarchisation de concepts, dans la mesure où les différentes modalités de raisonnement scientifique conduisent à différentes opérations de hiérarchisation de concepts. Plus précisément, dans cet article, nous présentons tout d’abord les quatre principaux types d’opérations de hiérarchisation de concepts (particularisation, généralisation, partition et totalisation). Nous montrons ensuite que ces opérations s’avèrent être le produit des quatre principales manières de raisonner (déduction, induction, abduction et invention – la dernière étant régulièrement oubliée). Nous discutons finalement les implications de cette analyse, en montrant que ces opérations de hiérarchisation de concepts se complètent en un processus récursif.
L’objectif de cet article est de répertorier les différents usages des connaissances produites par la recherche en sciences de gestion. Procédant de manière abductive, nous proposons d’en retenir quatre principaux types : d’ordre épistémique, pratique, économique et idéologique. Nous présentons tout d’abord les caractéristiques de chacun de ces usages. Nous rassemblons ensuite ces usages en une typologie. Nous terminons par une recension des implications de l’article.
The question of the nature and depth of the social obligations of corporations has generated heated debates over the past decades. One recent conceptualisation of corporate social responsibility states that the social responsibility of the corporation is to self-regulate if the legal mandatory framework is failing. This view stands in sharp contrast with the consideration that society’s requirements of justice are mandated by law, and that corporations hold no other obligations of justice than legal ones. The latter theory of the corporation has generated significant research in corporate governance, the former much less so. This article examines the governance implications of the expectations that corporations be able to self-regulation – i.e. act out requirements of justice that are not mandated in law, nor mediated by pressures from third parties. Its sets out the type of capacities and motivation that self-regulation presupposes, notably a corporate capacity for reasonableness. Drawing on political theory and on an inventory of existing corporate governance arrangements for social responsibility, it then hints to the type of governance mechanisms that would be required for corporate reasonableness.
L'objectif de l'article est d'analyser les impacts économiques de la certification ISO 9001 dans les PME à travers une revue systématique des principales études traitant du sujet et publiées dans des revues avec comité de lecture entre 2000 et 2017. L’analyse des 47 articles montre que la certification ISO 9001 dans les PME favorise l'amélioration de la satisfaction des clients, l'augmentation des ventes, la réduction des coûts de production et l'augmentation du chiffre d'affaire. Toutefois, la redondance des variables utilisées dans la littérature et les données collectées en majorité auprès des gestionnaires en charge de la gestion de la qualité tendent à produire des résultats optimistes et positifs qui ne reflètent pas la complexité des impacts de la certification ISO 9001 dans les organisations. L'article souligne l'importance d'utiliser des approches méthodologiques diversifiées et critiques, d’élargir le champ d’étude à une diversité de secteurs d’activités et tous les continents. Ce renouvellement méthodologique pourrait remettre en question la rhétorique de la littérature dominante sur les bénéfices économiques de la certification ISO. Les contributions de cette revue systématique sont : la prise des décisions éclairées sur l'adoption et le renouvellement de la certification ISO 9001 et l’élaboration de politiques publiques adaptées aux mutations de l’environnement.
La présente contribution cherche à proposer un modèle de package de contrôle managérial (PCM) adapté aux réseaux inter-organisationnels (RIO), et plus particulièrement aux consortia de R&D. S’appuyant sur une étude exploratoire des consortia européens H2020, les résultats de cette recherche font ressortir deux principales contributions pouvant avancer la recherche sur ce champ. D’une part, la conception d’un package de contrôle managérial des consortia de R&D avec des mesures appropriées et validées empiriquement. Celui-ci est composé de trois dispositifs à savoir, le contrôle des résultats, le contrôle des comportements et le contrôle social. Combinés dans un package, ces dispositifs agissent positivement et simultanément sur la performance. D’autre part, l’indépendance des modalités de contrôle susmentionnés permet d’envisager plusieurs configurations du package ainsi qu’une flexibilité dans son adaptation au contexte d’implantation et aux changements.
Les premières associations d’aide à domicile ont été créées dans les années 1940 permettant de rendre visible l’activité domestique, de participer à la reconnaissance des salariés et des emplois du secteur (Puissant, 2012). La forte croissance de l’aide à domicile a toutefois créé de multiples paradoxes témoignant d’un passage de la qualification à la professionnalisation du secteur. Cet article s’intéresse aux stratégies mobilisées par les acteurs d’une association d’aide à domicile pour faire face aux paradoxes de la professionnalisation. À partir d’une étude de cas d’une association d’aide à domicile, nous mobilisons une méthodologie qualitative. Les résultats montrent que le passage d’une qualification à une professionnalisation crée des paradoxes. Les résultats mettent en exergue le rôle majeur joué par les stratégies mobilisées par les acteurs. Toutefois, la mobilisation des stratégies reste fragile puisque qu’au-delà de cette professionnalisation, les acteurs témoignent de contraintes temporelles, physiques et psychologiques. Les résultats permettent d’alimenter la littérature portant sur les paradoxes du social et du médico-social, sur la nature des stratégies développées par les acteurs et sur le rôle des espaces de discussion comme lieu de conversation stratégique.
Mots-clés :
Social et médico-social – Paradoxes – Professionnalisation – Espaces de discussion
L’objectif de cette recherche empirique est de construire les critères de mesure de réussite entrepreneuriale dans le secteur informel africain. Empruntant une approche qualitative basée sur la théorisation ancrée, nous avons analysé la perception que 82 femmes et hommes exerçant leurs activités dans l’informel au Cameroun et au Burkina-Faso ont de leur réussite. Les résultats établissent que la réussite entrepreneuriale est un mix de réussite personnelle des entrepreneur(e)s et de performance des micro-entreprises dont ils sont propriétaires. Toutefois, des critères de mesure de réussite entrepreneuriale apparaissent spécifiques selon le sexe ou le contexte. Il s’en dégage l’enrichissement des critères de mesure de réussite entrepreneuriale et des implications en termes d’accompagnement de l’entrepreneuriat informel africain.
L’objectif de cet article est de montrer que l’imovation n’est ni une extension des travaux sur l’imitation, ni une extension des théories de l’innovation. Elle est définie comme « une stratégie particulière qui permet pour les entreprises qui sont incapables d’innover régulièrement mais qui refusent d’imiter ses concurrents ». L’imovation peut être un objet de recherche singulier qui nécessite une réflexion théorique qui lui est propre. Elle constitue en soi un nouveau champ d’exploration, qui est a priori très prometteur pour faire avancer les connaissances théoriques en management stratégique.
The objective of this paper is to investigate how indigenous peoples’ involvement can improve the environmental management practices of organizations in the natural resource extraction sector. Based on a qualitative study and semi-directed interviews with 33 respondents, this study sheds more light on the environmental involvement of a particular category of stakeholder rarely considered in the managerial literature. The findings show the risk management issues, corporate legitimacy objectives, and regulatory requirements underlying this type of environmental involvement. We also identify the main practices and benefits of fully engaging with indigenous peoples on environmental issues, particularly in terms of knowledge of local ecosystems and sensitive sites, biodiversity management, development of environmental values within the organization, and support in environmental monitoring. The paper contributes to the literature on both environmental management and relationships between extractive organizations and indigenous communities. Managerial implications and avenues for future research are also discussed.
The objective of this paper is to examine the professionalism and professionalization of sustainability assurance providers based on the experiences and perceptions of auditors involved in this activity. This empirical study, based on 38 semi-directed interviews conducted with assurance providers from accounting and consulting firms, shows how practitioners in this area construct and legitimize their professional activity in terms of identity, standardization, and competences. The findings highlight the division of this professional activity between accounting and consulting firms, each of which question the professionalism of the other. The main standards in this area tend to be used as legitimizing tools to enhance the credibility of the assurance process rather than effective guidelines to improve the quality of the verification process. Finally, the complex and multifaceted skills required to conduct sound sustainability assurance and the virtual absence of recognized and substantial training programs in this area undermine the professionalization of assurance providers. This study contributes to the literatures on the assurance of sustainability reports, self-regulation through standardization, and professionalization. It also has important practical implications for standardization bodies, assurance providers, and stakeholders concerned by the quality and the reliability of sustainability disclosure.
Despite extensive research dedicated to the analysis of business models, previous studies have focused on business contexts in which the profit equation is the predominant concern. To date, a research gap remains regarding the business model of Nonprofit Organizations (NPOs). There is still no clear framework for analyzing NPO business models. The purpose of this study is to fill this gap by developing a conceptualization of NPO business models. Building on the Bourdieusian theory of forms of capital (i.e. economic, social, cultural and symbolic) and their conversion, we propose an analytical framework of NPO business models that places non-economic value in the forefront. Using a classification procedure and a Tobit model, we identify three NPO business models: the "high status", the "intermediary status" and the "low status". Results show that the "high status" (when organizations have accumulated economic, social and cultural capital, without neglecting any of the forms of capital) coincides with the increase in symbolic capital. This study contributes to both business model and non-profit literature, explicitly addressing how different forms of capital are accumulated and converted to improve non-economic capital. It also provides support to NPOs for defining business models according to their non-economic purposes.
Depuis plus de vingt années maintenant, les approches classiques de formation des stratégies sont battues en brèche. Ces approches partagent un point commun : elles se fondent sur une perspective rationaliste de formation des stratégies, mise à mal ces dernières décennies par la lecture décliniste d’Henry Mintzberg, l’essor du courant de la strategy-as-practice, l’expansion des paradigmes entrepreneuriaux ou bien encore le développement des approches dites « critiques » de la stratégie. Par cette contribution théorique, nous n’entendons pas alimenter de controverse au bénéfice ni au détriment d’une école de pensée en particulier, mais nous formulons la problématique suivante : pourquoi la perspective rationaliste de formation de la stratégie a-t-elle été mise à mal depuis une vingtaine d’années ? À notre sens, c’est moins du côté de la concurrence d’approches alternatives (post-rationnelles ou critiques) que du constat d’effacement de l’idée d’avenir qu’il faut rechercher une piste de réponse. Notre contribution se voulant ici théorique, nous défendons pour ce faire la thèse suivante : le moteur des approches conventionnelles de formation des stratégies, traditionnellement alimenté par la capacité à configurer un avenir désirable et crédible, est tombé en panne.
Nous montrons brièvement pour commencer que la question du rapport à l’avenir est au cœur d’un corpus classique de la formation des stratégies malmené depuis plus de 25 ans. Nous défendons ensuite l’idée selon laquelle la crise de l’avenir constitue une explication à la remise en cause des approches conventionnelles de formation des stratégies. Nous nous attardons plus particulièrement sur l’opposition des idées de progrès et d’innovation en matière de sens donné au rapport à l’avenir, avant de proposer que l’innovation ne peut en l’état se substituer au progrès pour alimenter la perspective rationaliste de formation des stratégies. Cette thèse nous conduit finalement à poser la question de la métaphysique du rapport à l’avenir, invitant à privilégier le « temps du projet » au « temps de l’histoire ».
Ce papier a pour objectif de montrer par des regards croisés entre managers publics, agents fonctionnaires et citoyens, l'impact de la violence symbolique exercée par les managers sur les agents par rapport à leur perception de la performance de la FP et a la satisfaction des citoyens. Nous tentons de répondre à la double question "quelle est l'influence de la violence symbolique dans la relation entre managers et agents de la FP? Qui est, du manager et de l'agent, le bouc émissaire? Nous avons adopté une démarche quantitative basée sur deux techniques de traitements, l'analyse en composantes principales (ACP) pour l'extraction des variables les plus pertinentes et les équations structurelles pour la modélisation, afin de tester les hypothèses retenues. Un questionnaire a été administré à 35 managers, 37 agents et 116 citoyens pour étudier l'influence de cette violence symbolique sur la performance perçue de la FP par les agents et par les managers d'une part, et sur la satisfaction des citoyen d'autre part. Les résultats font ressortir que la violence inhibe la performance de la FP perçue par les agents à cause des caractéres envieux et vengeur des managers, qui assujettissent, exercent un dictat sur les agents, s'ingérent politiquement aux décisions administratives et à cause des rapports conflictuels que les managers entretiennent avec les agents. Paradoxalement, cette violence impacte positivement la satisfaction des citoyens qui l'attribue aux agents qui véhiculent des valeurs de probité morale, de transparence, d'équité, d'impartialité et de qualité du service rendu. Enfin cette violence symbolique impacte positivement la performance de la FP perçue par les managers. Cela est dû à la collaboration avec les agents sociables et aux caractères des managers. Ces derniers prennent donc les agents pour des boucs émissaires dans cette collaboration atténuée par la poilitisation de la FP et les conflits agents-managers.
un des éléments reconnus de la culture stratégique africaine est son recours à des procédés hybrides:la communication analyse l'articulation entre recours au droit du travail officiel et pratiques informelles locales dans le règlement des conflits du travail dans le secteur privé au Burkina Faso
Les connaissances sont au cœur de la création de valeur pour l’économie, les entreprises, et font donc l’objet de nombreux conflits d’appropriation. Cette emprise croissante du marché sur les connaissances sous toutes ses formes, a suscité de vives inquiétudes, et a donné naissance à un mouvement critique chez des universitaires juristes américains repris et développé par des économistes comme le prix nobel Elinor Ostrom, pour préserver des communs de connaissance. Ceux-ci peuvent en effet constituer une force disruptive essentielle pour les pays et continents quel qu’ils soient, et notamment s’ils sont en voie de développement. A partir de l’étude de deux variables déterminant la nature d’un commun de connaissance (mode de gouvernance et systèmes de droits de propriété), nous cherchons à à savoir « comment développer, préserver et enrichir les communs de connaissance dans les fablabs ? », car ceux-ci sont essentiels pour de potentiels entrepreneurs et le développement de l’économie. Grâce à l’étude de six fablabs, nous montrons quels sont les processus et les freins de documentation des projets, quelles difficultés rencontrent les acteurs dans l’utilisation des licences libres et enfin quelles variables doivent être au cœur de la gouvernance des fablabs pour favoriser l’entrepreneuriat en commun et pour le commun. Au travers de cette recherche, nous exposons que si, d’un point de vue théorique, les fablabs adhérant à la Charte du MIT s’engagent a priori dans une démarche de création de connaissances qui s’apparentent à des nouvelles formes de communs (que l’on peut nommer entrepreneuriaux en raison de leur association à une logique d’innovation contributive), dans les faits, la réalité est contrastée.
Composante fondamentale du Business Model, la définition d’une proposition de valeur différenciée est un déterminant de la compétitivité et de la performance de l’entreprise. Peu de recherches se sont intéressées aux dimensions constituant une proposition de valeur client (PVC) et il n’existe pas, à notre connaissance, de travaux portant sur les PVC des agents immobiliers. Nos objectifs à travers cette recherche sont multiples : établir, par symétrie des éléments de valeur attendus par le client, les éléments constituant une PCV, identifier la structure (dimensionnalité) de la PVC des agents immobiliers, analyser l’impact d’une PVC phygitale sur la performance. Les données ont été collectée auprès de 296 agents immobiliers français. Cette recherche présente les 19 items utilisés pour évaluer les éléments constitutifs de la proposition de valeur. Quatre dimensions ont émergé : psychologique, fonctionnelle/utilitaire, hédonique et sociale. Des analyses exploratoire et confirmatoire ont permis de vérifier la validité et fiabilité de l’échelle. Les résultats soutiennent une relation positive significative entre une proposition de valeur phygitale et la performance. Cette étude est fondée sur l’industrie immobilière uniquement. Pour généraliser la conceptualisation d’une proposition de valeur phygitale, cette approche devra être étendue à d’autres secteurs de services tels que l’assurance ou la banque.
Avoir des gens de cultures différentes qui travaillent ensemble peut-être frustrants et décevants. En effet, s’appuyant sur la théorie de l’attraction-similarité, et de la théorie de l’identité sociale et de la catégorisation sociale, la diversité culturelle nationale semble être une entrave à la communication interculturelle. Dès lors, cet article vise à comprendre en profondeur comment la diversité culturelle est un catalyseur à l’émergence des conflits et un frein à l’efficacité de la communication dans les équipes de travail. Ainsi, 50 entretiens semi-directifs en face-à-face, traités par le logiciel Nvivo 7, nous ont permis de délimiter et de comprendre en profondeur les problèmes liés à la communication interculturelle en Tunisie. Si certains de ces problèmes font écho à ceux de la littérature, d’autres sont davantage spécifiques au contexte tunisien.
L’objectif de cette recherche est d’analyser le processus d’internationalisation des PME ivoiriennes. Une compréhension approfondie des caractéristiques et de la démarche d'implantation de ces entreprises pourrait permettre de développer un cadre théorique intégratif et spécifique du processus d’internationalisation des PME de l’Afrique subsaharienne en général. Étant donné le caractère exploratoire de cette recherche, nous avons utilisé́́ une méthodologie qualitative basée sur l’étude de sept cas de PME ivoiriennes ayant ou ayant eu une expérience à l’international. L’analyse de nos résultats nous permet d’une part d’identifier l’existence de différents types de processus d’internationalisation pour les PME ivoiriennes et de procéder à une double catégorisation de leurs approches (approches amont et aval). D’autre part, ces résultats nous permettent de mettre en avant le rôle de plusieurs facteurs (aspirations de croissance, saturation des marchés local et étranger, protectionnisme, réseaux d’affaires, culture entrepreneuriale, profil du dirigeant) sur le processus d’internalisation des PME ivoiriennes.
As illustrated by the neologism “uberization”, there is increasing concern over new forms of work intermediated by digital platforms. If these crowdwork platforms first have been perceived as market-like organizations, further research pointed out how management is still prevailing in algorithmic governance form. “Operator-type” platforms, such as Uber, are increasingly depicted as pure disciplinary tools to which crowdworkers meekly obey in fear of penalties. Our research contributes to this approach of management as a practice of power (Courpasson, 2017) in focusing on reappropriation and resistance mechanisms crowdworkers may set up. As advanced digital tools revive the temptations of scientific work organizations, our point is to show that hopes of omniscient or “panopticon-like” management are often deceived. In order to clarify what are the power relationships at stake in one operator-type platform, we intend to use Foucault’s plurality of explanatory frameworks. We conducted a qualitative case study of the ideal-typical model Deliveroo so as to enquire interpretations crowdworkers made of their situation, coupling 21 semi-directive interviews, participatory observations of riders’ meetings and non-participatory observations of riders’ Facebook groups. Our main contribution is to show Deliveroo riders partly adhere to the platform’s governmentality and report feeling free despite algorithmic management, as their experiences with the platform gives them greater autonomy compared to previous jobs done in highly hierarchical organizations. The concept of “power/knowledge” dispositif also helps us understand how, when facing prescriptions viewed as illegitimate, the most experienced riders may elaborate fragile individual or collective strategies to counteract power asymmetries.
La recherche en management souligne le potentiel des relations entre les Organisations de la Société Civile (OSC) et les entreprises pour le développement d’activités respectueuses des enjeux économiques et sociétaux. Le sensemaking consiste à repérer dans un environnement des indices afin de donner du sens à une situation ambigüe. La mobilisation d’acteurs issus de la société civile dans le sensemaking stratégique des entreprises permettrait à ces dernières de s’appuyer sur les connaissances des OSC pour mieux appréhender leur environnement, et donc mieux envisager la façon dont elles peuvent adapter leurs activités pour qu’elles soient à la fois économiquement viables et acceptées par la société. Cet article vise à récomprendre comment le processus de sensemaking stratégique ouvert aux OSC permet de renouveler la stratégie de l’entreprise après une crise.
Sur le marché résidentiel, la transformation numérique offre aux particuliers l’accès à des données nombreuses, ce qui questionne l’existence même de l’agent immobilier. Or, le taux de recours à un agent immobilier en France reste stable. Cette recherche explore les raisons qui amènent les particuliers à recourir aux agents immobiliers malgré la transformation numérique. Elle propose un cadre théorique original reposant sur la théorie des coûts de transaction et le marketing des services. Une étude empirique reposant sur un échantillon de 300 particuliers corrobore les effets des coûts de transaction, de l’expérience client et de la qualité sur le recours futur à un agent.
L’utilisation des accords de rapprochements s’est transformée, au long de trois dernières décades, en une option stratégique de plus en plus appréciée, dans la mesure où elle offre, aux organisations qui y ont recours, d’importants avantages potentiels, parmi lesquelles : la recherche de synergies, la diminution de l’incertitude, le partage des risques et l’apprentissage organisationnel. Ce dernier avantage nous a interpellé pour l’étudier en profondeur sur un terrain particulier, celui des institutions de microfinance (IMF) marocaines, en identifiant les facteurs qui peuvent améliorer leur apprentissage en situation de rapprochement.
À la lumière de la revue de la littérature et selon les théories de l’apprentissage organisationnel, les hypothèses de recherche sont formulées et testées sur un échantillon de 44 accords de rapprochement contractés par ces institutions. Les résultats empiriques dégagés montrent que ces accords constituent pour ces IMF un outil d’apprentissage. Cet outil est d’autant plus important en combinant cinq facteurs, à savoir leur culture organisationnelle, leur capacité d’apprentissage, les caractéristiques des connaissances faisant l’objet de leur apprentissage, la qualité de la relation et l’environnement externe de rapprochement.
Depuis de nombreuses décennies, les entreprises de services requièrent une participation du consommateur (Eiglier et Langeard, 1987). Cette participation des consommateurs devrait s'intensifier avec l'adoption des réseaux sociaux numériques qui facilitent la co-création des contenus, une communication synchrone non seulement entre l'entreprise et ses clients, mais également entre les clients. Le rôle que joue le client dans le processus de servuction est déterminant lors de la prestation. Ce dernier prend part à la production en communiquant intensément avec le front office qui transmet sa requête au back office pour la résolution. Les réseaux sociaux numériques sont à l'origine de nombreuses transformations au sein des entreprises. L'objectif de cette recherche est d'analyser leurs effets sur les transformations du système de servuction des entreprises de service. Nous mobilisons la littérature en marketing des services et en systèmes d'information pour construire le cadre théorique de la recherche. A cet effet, la théorie de la structuration de Giddens (1984) est reprise par les auteurs structurationnistes en système d'information tels qu'Orlikowski (1992) et De Sanctis et Poole (1994). Ils discutent de la dualité de la technologie et la décrivent à la fois comme un objet social et un artefact matériel (software, hardware, technique). Ensuite la mise en pratique de la technologie peut prendre différentes formes, d'où l'émergence de trois forme de l’énactment: l’inertie, l’application et le changement. Les trois formes d’énaction permettent d’aborder les rapports entre acteurs et systèmes organisationnels. Nous les examinons à travers une approche méthodologique qualitative compte tenu de la nouveauté de notre recherche. Une étude de cas multiple examine la problématique sur deux entreprises de service camerounaises, LMT Group (Axess) S.A. et MTN Cameroon. La collecte des données s'est faite par entretiens individuels semi-directif en face-à-face ainsi que l'exploitation des rapports, les notes internes, et la visite des sites internet. Une analyse de contenu a permis de ressortir les résultats de la recherche. Les réseaux sociaux numériques favorisent ainsi la pratique du crowdsourcing et du social one to one. L'autoproduction du service favorise le déploiement de nouveaux dispositifs de contrôle du processus de coproduction par l'entreprise, mais non par les clients. Ces transformations sont davantage observées dans les entreprises de B to C que dans les entreprises de B to B. Des recommandations sont ensuite formulées. L'intérêt de la recherche est la mise à contribution de la théorie structurationniste de Giddens (1984), reprise par Orlikowski (1992) et De Sanctis et Poole (1994) en systèmes d'information pour comprendre les mécanismes de changement organisationnel sous un regard nouveau, celui des interactions entreprise - client via les réseaux sociaux numériques. Il s'agit en outre d'établir un cadre explicatif du processus de transformation organisationnel, permettant aux managers de faire face aux nombreux échecs d'implémentation des systèmes d'information dans les entreprises.
Cet article traite des efforts menés par la Fédération Française de Vol Libre (FFVL) pour diffuser une culture de la sécurité et de la gestion des risques parmi ses licenciés. Cette démarche découle d’une accidentologie toujours très présente et préoccupante dans la pratique du vol libre qui menace l’acceptabilité et l’assurabilité de cette activité dans la société française. Par ailleurs, du fait de la simplicité de mise en œuvre, de l’amélioration des performances et de la fiabilité du matériel, la communauté des pratiquants du vol libre, principalement amateur, ne présente pas une attention particulière pour les risques.
Les résultats de cette recherche, fondée sur une intervention au sein de la commission technique et sécurité de la FFVL, propose un cadre théorique propice à supporter la diffusion d’une culture de la gestion des risques, ainsi que la mise en oeuvre d'une stratégie de gestion des risques par une fédération sportive. Il est pertinent pour renforcer et favoriser la mise en œuvre d’actions individuelles et collectives en gestion des risques dans une communauté qui se vit relativement éloignée des institutions fédérales. Il permettra enfin de décrire des dispositifs de gestion de la communauté du vol libre de manière à faire en sorte que la gestion des risques dans la pratique de l’activité devienne une préoccupation de tous à chaque instant.
Les travaux portant sur le sensegiving démontrent son importance stratégique dans les changements organisationnels. La présente étude longitudinale propose une échelle de mesure du sensegiving que nous évaluons à travers une étude factorielle exploratoire et une étude confirmatoire (n = 488). L’échelle est ensuite testée de manière longitudinale sur 6 mois afin d’en mesurer l’influence sur l’engagement au travail en utilisant l’échelle de Schaufeli et al. (2006). L’étude permet de proposer une échelle de mesure fiable du sensegiving en 7 items et démontre une influence positive du sensegiving sur l’engagement au travail des salariés.
Despite the growing volume of literature on international new ventures (INVs), little is known about the antecedents of their internationalization process over time. Most research has focused on the antecedents of the early phase of INVs internationalization, setting aside the antecedents of the later phases of their internationalization process. However, the literature suggests that many INVs encounter difficulties sustaining their long-term growth. Determining the antecedents of INVs internationalization over time appears therefore crucial. The objective of this paper is thus to identify what are the antecedents of the various phases that shape the INVs internationalization process. To fill this objective, the authors conduct a systematic review of literature on the antecedents of the INVs internationalization process. Adopting the methodology developed by Denyer and Tranfield (2009), 97 papers covering the period from 1989 to 2018 were identified. Thanks to a thorough analysis of these 97 papers and to a conceptual framework anchored in the resource-based view, authors highlight the differentiated roles of individual, organizational, and environmental antecedents across four distinct phases of the process – pre-internationalization phase, early international entry phase, transition phase, later internationalization phase. This research contributes to the field of international entrepreneurship by highlighting critical antecedents of the INV internationalization process at distinct phases. This represent an important managerial contribution as well as levers that managers and public authorities could use to improve INVs long-term internationalization are hereby identified. Finally, this research offers key avenues for further research in the field of international entrepreneurship.
Cette étude associe les comportements de citoyenneté organisationnelle (CCO) et l’interdépendance au regard de la tâche ou interdépendance de tâche (IT) dans l’explication du succès des projets d’aide publique au développement (SPAPD). L’étude s’alimente des données d’une enquête par questionnaire auprès de soixante-deux (62) membres d’équipes de projets d’aide publique au développement, au Sénégal. L’échantillon a été choisi par convenance. Les résultats issus du traitement des données sous SPSS montrent d’une part, que seuls les comportements de citoyenneté orientés individu (comportements d’aide) ont une influence significative et positive sur le succès des PAPD via l’interdépendance de tâche réciproque. Aussi, ils révèlent que l’interdépendance de tâche réciproque est un médiateur total dans la relation entre les comportements d’aide et le succès des projets. D’autre part, les résultats de l’étude montrent que la relation entre les comportements de citoyenneté organisationnelle (comportements d’aide) et l’interdépendance de tâche réciproque est bidirectionnelle. Ces résultats militent en faveur d’une meilleure prise en compte des aspects comportementaux et relationnels dans le management des projets d’aide publique au développement.
Malgré leur poids économique, les stations de montagne se retrouvent aujourd’hui menacées par des enjeux sociétaux nouveaux face auxquels elles peinent à apporter des réponses convaincantes et à sortir d’une vision économique de la performance reposant sur le « tout ski » (Achin, 2017).
Le concept de Performance Sociétale de l’Entreprise (PSE) (Carroll, 1979 ; Wood, 1991 ; Clarkson, 1995) présente alors un intérêt certain pour les stations de montagne ; il semble à même d’incarner la conception élargie de la performance qui leur fait défaut. Toutefois, la question de son appropriation par la littérature dédiée à la station reste entière, notamment du fait des spécificités de cette unité d’analyse (Flagestad et Hope, 2001) et du manque d’ancrage théorique souvent reproché à cette littérature (Sainaghi et al., 2017).
Cette recherche vise donc à produire un état des lieux de la littérature sur la performance sociétale des stations de montagne afin de déterminer si les travaux sur le concept de PSE ont effectivement été appliqués aux stations de montagne. Pour répondre à cette problématique, une méthodologie de revue systématique de la littérature (Tranfield et al., 2003) a été privilégiée compte tenu de la complexité de l’objet de recherche (la PSE) et de l’unité d’analyse (la station de montagne).
La recherche a été effectuée dans 10 bases de données scientifiques et a permis d’identifier un corpus de 42 articles de recherches publiés dans des revues à comité de lecture entre 1987 et 2018. Les analyses menées sur ce corpus démontrent qu’il existe une littérature considérable portant sur la performance sociétale des stations de montagne, preuve que le concept de PSE a effectivement été appliqué à cette unité d’analyse. Toutefois, cette application ne s’est faite qu’au travers des travaux de la perspective empirique de la PSE. Par conséquent, la littérature sur la performance sociétale des stations de montagne est entièrement concentrée sur la question de la mesure et n’a pas su développer de conceptualisation de la performance sociétale propre à cette unité d’analyse.
Cette recherche est le premier travail d’inventaire sur la performance sociétale des stations de montagne et constitue, à ce titre, un appui à partir duquel envisager de nouvelles recherches. Ce travail contribue également à l’intégration de concepts et cadres théoriques issus de la littérature générique au sein de la littérature gestionnaire dédiée aux stations de montagne. Enfin, il contribue à la diversification des contextes d’étude pour la littérature sur la PSE et, plus largement, celle sur la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE).
Les outils de gestion ont toujours occupé une place importante dans l’action collective organisée. Ils accompagnent la mise en œuvre de toute sorte de changement au sein des organisations (Moisdon, 2010). Toutefois, penser à leur seules conception et diffusion demeure insuffisantes pour impacter le fonctionnement des organisations. C’est pourquoi la question de l’appropriation de ces outils devient un enjeu majeur dans la mesure où elle s’interroge sur les usages de ces outils et surtout les moyens de les rendre propice à l’usage.
L’objectif de notre recherche consiste à identifier les approches théoriques pouvant être mobilisées dans les recherches portant sur les modalités nécessaires à l’appropriation des outils de gestion dans un contexte de changement. Quelles sont les approches théoriques susceptibles de servir de base à l’étude des modalités nécessaires à la mise en usage des outils de gestion dans un contexte de changement organisationnel ?
Pour ce faire, nous avons mobilisé une double perspective théorique à savoir l’approche narrative des organisations et l’approche par les paradoxes pour analyser le phénomène d’appropriation des outils de gestion afin d’apporter une contribution aux travaux portant sur l’articulation entre conception et usage de l’instrumentation gestionnaire. Nos résultats soulignent, d’une part, la nécessité des critères d’intertextualité des outils de gestion, et d’autre part, mettent en évidence le paradoxe inhérent aux dimensions structurante et capacitante des outils de gestion et l’importance du déploiement de stratégies ambidextres comme des modalités nécessaires à l’appropriation des outils de gestion en contexte de changement.
Si les travaux sur la créativité sont très divers, ils restent toutefois centrés sur l’individu créatif dans un environnement lui-même créatif. Afin de dépasser ces limites, nous proposons de mobiliser la théorie de la pratique qui permet d’aborder la créativité comme pratique sociale collective rattachée au travail en situation, établissant ainsi le lien entre l’individu, le collectif et l’organisation. Nous avons choisi d’étudier une organisation de type mécaniste a priori considérée comme peu créative : la SNCF. Notre objectif est alors de répondre à la question : comment et sous quelles conditions se développe la créativité comme pratique collective dans une bureaucratie mécaniste – i.e. une structure mise au point « pour fonctionner comme des machines bien intégrées et bien réglées » (Mintzberg, 1982, p. 282) – et quels effets la créativité produit-elle sur cette organisation ? Nous avons étudié plusieurs démarches au potentiel créatif varié, mises en place entre le début des années 2010 et 2015. Pour cela, nous avons réalisé une étude de cas sur la base d’entretiens (réalisés lors de deux périodes distinctes), d’observations et de documents internes. L’analyse de ces données, que nous avons choisi de restituer sous forme d’intrigues (Ricœur, 1983), montre en premier lieu que le développement d’une pratique créative dans une organisation mécaniste ne peut s’isoler d’un agir collectif en situation de travail opérationnel. Ces résultats nous permettent alors de discuter la créativité comme pratique collective située permettant d’établir un lien entre l’individu, le collectif et l’organisation à trois niveaux : le regroupement d’individus au sein d’un collectif créatif, la dimension politique de la créativité comme pratique sociale (enjeux pour la direction, pour les managers et les individus eux-mêmes) et la nécessité de relier la créativité à l’espace de travail afin de la légitimer au sein de l’organisation.
Les start-up représentent un fort potentiel pour l’économie, à la fois en termes de création d’emplois et de soutien à la croissance économique. Elles souffrent cependant d’une forte hétérogénéité de croissance souvent liée à des difficultés d’accès au financement. Les causes proviennent d’un manque important d’informations sur les start-up mais aussi de la complexité à évaluer leur potentiel de développement. Rassurer les financeurs potentiels est donc un préalable permettant de favoriser la croissance des start-up. Une notation de ces entreprises semble de nature à répondre à ce besoin à condition d’adapter aux caractéristiques spécifiques des start-up les modèles classiques de notation financière et extra-financière. Nous mettons en œuvre une recherche qualitative qui s’appuie sur la réalisation de dix-huit entretiens semi-directifs avec des acteurs du monde des start-up et de la notation. Notre réflexion s’inscrit à la fois dans un contexte d’asymétrie d’information et d’asymétrie de connaissance. Nous montrons qu’un changement de paradigme est nécessaire pour envisager la notation essentiellement comme un moyen d’évaluer le potentiel de croissance des start-up. Nous soulignons que différents enjeux sont aujourd’hui cruciaux pour développer un marché de la notation des start-up : la création d’un standard et d’un modèle de rémunération, la transparence, notamment sur la méthodologie utilisée, l’identification des acteurs directement concernés et la construction de la réputation des agences de notation. Enfin, nous proposons un modèle de notation hybride à destination des start-up qui mixe les différentes approches théoriques : un modèle « Humain, Marché, Gouvernance ».
Decentralized evaluation systems of sharing-economy platforms are mostly depicted either as apparatuses of control that instantiate specific forms of power, or as information products that mitigate situations of information asymmetry. In this study, we take neo-institutional lenses and coupled them with practice-based insights to look at those taken-for-granted elements of sharing-economy platforms’ infrastructure. This allows us to explore whether and how platform-owners can strategically direct their users’ use of this decentralized evaluation system, whereas they are precisely pressured by their environment to incorporate such a feature on the infrastructure they provide to their users. Our qualitative study run on 21 sharing-economy market-organizations in France suggests that platform-owners succeed to manipulate the internal value of the valuation device, either by exerting an episodic power over an offline network, or by manipulating the value of evaluations in the commensurability of users’ demands or requests. Our results thus expand the role of sharing-economy platform-owners and enrich the understanding of competition between digital marketplaces, by stressing the key role of the value of valuation devices.
De récents travaux s’intéressent à l’approche dynamique du Business Model de la firme et ses aptitudes organisationnelles qui permettent de le faire évoluer au fil du temps. Toutefois, la question de la perception de la performance que les investisseurs ont à travers le reporting sur le Business Model dans un contexte socio-politique incertain est peu abordée. L’objectif de cet article est d’analyser l’impact de la divulgation d’information, en termes d’évolution du Business Model, sur la perception de la performance des firmes par les investisseurs. Il s’appuie sur l’estimateur dynamique et les tests d’erreurs-types bootstrappées sur les données de panel de sociétés cotées sur la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières de 2000 à 2014. Les résultats suggèrent que dans un environnement socio-politique incertain et marqué par des mutations technologiques, des modifications du Business Model existant ainsi que le développement de nouveaux modèles sont utilisés pour adapter les organisations aux nouvelles contraintes de l’environnement. Les résultats montrent également que le reporting sur le Business Model, en termes de nouveauté, de complémentarité entre les outputs et de comptabilité d’intention affecte positivement la perception de la performance de ces firmes par les investisseurs. Cependant, l’effet du reporting du Business Model orienté efficience sur la perception de la performance n’est pas significatif. En outre, dans ce type d’environnement, le Lock-In des participants au Business Model n’est plus adapté et affecte négativement la perception de la performance par les investisseurs. Les résultats plaident globalement pour le reporting sur le Business Model dans les rapports annuels des firmes afin de mieux informer les investisseurs en particulier lorsque l’environnement est très incertain.
Les travaux portant sur le business model (BM) sont en pleine croissance dans la littérature en management stratégique. Toutefois, peu de recherches permettent aujourd’hui d’en comprendre les trajectoires d’évolution, pourtant influencées par de nombreux facteurs. Dans la mesure où le business model orchestre des ressources internes et externes afin de créer, proposer et capter de la valeur, son évolution peut être dépendante de ressources, notamment externes, sur lesquelles l’entreprise a peu, voire n’a pas, de maitrise. Cela est d’autant plus vrai dans le cas des business model non lucratifs, dont l’une des spécificités repose sur un accès massif à des ressources externes et à des logiques partenariales poussées. En adoptant une approche dynamique, cette recherche propose d’analyser le rôle de la dépendance des ressources dans la trajectoire d’un business model à but non lucratif, en se concentrant plus précisément sur l’effet des sources de dépendance au cours de sa trajectoire d’évolution. A travers l’étude de cas unique d’une association du secteur de l’e-sport, Lyon e-Sport, ce travail révèle différents types et intensités de sources de dépendance qui conditionnent la trajectoire du business model non lucratif et influencent spécifiquement les composantes de création, proposition et capture de valeur. L’analyse des données recueillies montre également la dynamique de renforcement ou de diminution de la dépendance en fonction des actions stratégiques déployées par l’association. Cette étude contribue ainsi à mieux comprendre la dynamique dépendante ou proactive d’une trajectoire de business model à but non lucratif.
Business Model Innovation has been recognized, from both a practice and an academic perspective, as a crucial challenge for mature companies gain or maintain their competitive advantage. Business Model Innovation changes how a firm does business, impacting the drivers and criteria of its performance and thus how the firm measures performance.
However, research has yet to uncover how companies manage this transformation of performance measurement. We believe adapting performance measurement to business model innovation constitutes a real challenge for practitioners, as inadequate performance measures can lead to a mismanagement of the new business model and future firm directions.
The purpose of this conceptual paper is to introduce a systematic literature review on performance measurement and its evolution linked to Business Model Innovation, in large companies. This review enables us to make four propositions for new areas of investigation.
With this conceptual paper, we contribute to the literatures on Business Model Innovation and performance measurement. We advocate for more research on what we think constitutes an relevant challenge for scholars and practitioners alike.
Firms are increasingly expected to provide their capacity for action and their innovation capabilities to face current social, environmental and economic “grand challenges”. However, responsible governance frameworks still have to be designed to ensure that firms protect their innovation capabilities and use them in a responsible way. Several papers have set some grounds for such a framework: because innovators have a tendency to escape existing regulations, responsible governance cannot rely solely on traditional regulatory mechanisms (legal sanction, reporting obligation, …). They should rely on deliberative, reflexive and participative governance. These deliberative devices, however, provide limited control and accountability, which in turn might discredit the whole governance framework. These devices also raise the question of the firms’ responsibilities towards still unknown future impacts of their activities. New legal tools are therefore regularly experimented. Recently, Profit-with-Purpose corporate forms such as the Benefit Corporation in the US have been introduced in the corporate law of several countries with the hope to provide a legal device to promote companies’ social behaviours. However, to what extent these new legal forms can contribute to responsible innovation is still unclear. This paper aims at exploring new governance devices based on a profit-with-purpose corporate form to deal with the challenges of responsible innovation. It is grounded in a longitudinal case study of a French company which has experimented innovative governance mechanisms. We show that Profit-with-Purpose forms provide a useful framework for responsible innovation if certain specific innovations are added to existing requirements: the formulation of the purpose in the form of a “commitment in the unknown”, which aim at protecting the innovation capabilities of the firm and at eliciting a desirable future to which the company engages its development; and the creation of a governance committee dedicated not only to evaluate this purpose but also to assess the quality of the firm’s exploration of various innovative strategies to face its future responsibilities. We finally discuss some implications for managers and policy-makers.
La performance des institutions de microfinance se décline en deux composantes : une composante financière et une composante sociale. Dans cet article nous cherchons à comprendre les pratiques des IMFs à travers l’étude des déterminants de la dérive de mission dans le contexte marocain. Plusieurs chercheurs ont abordé cette question (désignée par « mission drift » dans la littérature) via des designs quantitatifs en déterminant les différentes variables l’expliquant. Notre objectif dans ce papier consiste à tester ces déterminants (enrichis préalablement par d’autres déterminants de contexte issus d’une étude qualitative exploratoire) sur le terrain de la microfinance marocaine. Notre design méthodologique privilégie une démarche mixte ; une étude qualitative exploratoire portant sur six IMFs distinguées en deux catégories : celle des grandes IMFs et celle des petites (au nombre de trois chacune) dont nous avons analysé les données sur une période de 5 ans de 2013 à 2017, et une enquête quantitative portant sur 120 clients distribués entre les deux catégories.
Les résultats de la recherche montrent, entre autres, que les IMFs de grande taille sont plus sujettes à la dérive de mission que les IMFs de petite taille. En effet, les IMF de grande taille s’éloignent de plus en plus des principes de base de la microfinance solidaire et dérivent vers une logique de finance de marché. Elles s’orientent vers l’octroi de prêts individuels ciblant des clients moins pauvres, jugés moins coûteux et relativement plus rentables et s’implantent sur des territoires plus accessibles pour optimiser leurs coûts de transaction. Ces constats se vérifient moins chez les petites IMF qui revendiquent leur attachement à leur orientation sociale et ce malgré les difficultés qu’elles ont à se maintenir en situation de viabilité.
De nos jours, le digital prend de plus en plus de l’ampleur dans le fonctionnement des entreprises et est considéré par de nombreux observateurs comme étant au cœur de la compétitivité et de la croissance des entreprises. Or, le recensement général des entreprises effectué au Cameroun par l’Institut National de la Statistique (Institut National de la Statistique, 2018) met en exergue un recul considérable de la digitalisation dans les entreprises camerounaises. Partant de ce constat paradoxal, l’objectif de cette recherche était d’apprécier l’impact de la digitalisation sur la performance des PME évoluant dans un tel contexte.
A partir des données collectées auprès d’un échantillon de 43 PME aux caractéristiques divergentes, l’étude montre que la digitalisation a une influence significative et positive sur la performance des PME camerounaises. Ces résultats révèlent aussi que cette relation significative entre la digitalisation et la performance des PME camerounaises est surtout portée par les leviers digitaux utilisés par les entreprises, le budget alloué au marketing digital et les objectifs poursuivis par la digitalisation. On comprend ainsi que la performance des PME camerounaises s’explique ici surtout de manière indirecte par les objectifs poursuivis par la digitalisation et le budget alloué à la digitalisation et de manière directe par les outils digitaux utilisés.
L’objectif de cet article est de proposer une articulation entre matérialité et raisonnements dans la micro-analyse des conversations stratégiques. Nous construisons notre cadre conceptuel à partir de la littérature en strategy-as-practice, de celle sur les théories formelles du raisonnement de conception et de celle sur les conversations stratégiques. Nous choisissons d’analyser deux cas qui représentent l’un et l’autre un moment de fabrique de la stratégie : le moment d’un atelier de conception innovante au cours duquel on produit des concepts qui ont un pouvoir d’exploration de l’inconnu, et le moment d’un café numérique où on construit des enseignements pour l’action qui ont un potentiel de contribution à la stratégie. Nous appliquons le cadre conceptuel aux deux cas et produisons une micro-analyse des matérialités, conversations et raisonnements à l’oeuvre. Nous montrons l’utilité de combiner, sur ces cas, l’approche socio-matérielle et l’approche par les conversations stratégiques avec des théories du raisonnement de conception. Nous abordons en conclusion les conséquences de nos résultats pour les recherches futures en conception de la stratégie et notamment l’importance des raisonnements pour une compréhension des matérialités et des conversations dans leur rôle génératif de stratégie, au moment de la conception de la stratégie comme aux moments de son partage, de sa négociation, de sa mise en oeuvre.
La fiabilité est l’une des capacités fondamentales du manufacturing strategy (MS). Elle contribue à la performance et à la recherche de l’avantage concurrentiel de l’entreprise industrielle. Mais en dehors du management des opérations, elle est peu examinée dans la littérature en sciences sociales, avec une conceptualisation souvent partielle. Dans cet article, nous en proposons une conceptualisation plus complète. A partir de l’étude des cas de deux entreprises industrielles de produit, l’article montre également comment avec le soutien de l’IoT, la fiabilité du système de production peut être reconfigurée pour améliorer la performance. L’article souligne par ailleurs, en cohérence avec de précédents travaux, la perspective dynamique du MS pour s’adapter à un environnement changeant, notamment en termes de demandes émanant des clients.
L’objectif de cette recherche est de mieux comprendre la place de la petite entreprise (PE) du secteur informel dans les activités et l’environnement des acteurs issus de sa communauté directe. Elle est motivée par une lecture critique des approfondissements du concept de parties prenantes et le constat de son insuffisance d’ancrage théorique pour guider des recherches portant sur les modalités de prises de décision et d’action managériales dans ces entreprises. L’approche méthodologique est inductive. Elle se base sur des données recueillies à la suite de vingt cinq entretiens avec des acteurs en relation avec des PE du secteur informel, de localités différentes au Sénégal. Elle s’inscrit dans une posture interprétativiste. Nos analyses nous conduisent à ne pas considérer le concept de parties prenantes comme un concept générique, pouvant être adapté à différentes situations. Nous suggérons le concept de « parties présentes » qui correspond mieux aux situations vécues et présentées dans nos résultats. Ces analyses nous ont permis aussi de formuler huit propositions qui représentent autant de pistes de recherche permettant de mieux comprendre les préoccupations et les actions des parties présentes vis-à-vis des PE, et de se poser des questions sur ce que doit être la nature de la PE au Sénégal. Nous revenons sur ces propositions dans la discussion car nous pensons avoir apporté des débuts de réponses à certaines d’entre elles.
In this paper, we question the institutional entrepreneur agency in standardization. Firms are called to participate in the standardization process to propose projects for new standards. However, entering the standardization process demands that the entrepreneur endorses the role of an institutional entrepreneur and undertakes actions that may lead to failure or success.
Based on a research action approach, we follow two projects belonging to the same domain from the inside of a Technical Committee. One succeeds while the other fails. This leads us to specifically describe the actions undertaken step by step and to question the entrepreneur agency.
Our findings clarify the layout between agency and structure in the institutional work in standardization bodies. Standardization limits its agency through the cultural, socio structure and socio psychological contexts. However, the proposer can develop his agency through framing the context, enacting a collaborative network, facilitating institutional arrangements, enacting the political and collective process.
Les théories de la démocratie ont connu un renouveau contemporain grâce au succès de la notion de démocratie délibérative d'Habermas (Bouvier, 2007). Celles-ci ont également trouvé un écho dans l’entreprise où l’on peut observer de nombreuses pratiques de démocratisation (Gand et Segrestin, 2009 ; Viggiani, 1997, 2011). Parmi ces pratiques, l’Holacracy (Robertson, 2015), système de gouvernance se réclamant démocratique, propose de revisiter les principes de la cybernétique (Wiener, 1948) pour renouer avec des formes délibératives de prise de décision. Par une étude de cas d’une PME industrielle, cet article propose d’interroger la cohérence démocratique du modèle Holacracy en étudiant son vocabulaire, sa structure, ses processus de prise de décision et sa mise en pratique. L’analyse révèle dans quelle mesure l’holacratie formalise la participation par l’institution d’un double forum politique et administratif, et organise un processus de prise de décision s’assimilant au consensus apparent (Urfalino, 2007). Pour autant, ce cas met également en avant les limites de l’Holacracy en tant que système basé sur des principes cybernétiques dans une organisation dotée de collectifs aux identités hétérogènes.
Cet article s’attache à identifier les caractéristiques de la gouvernance des entreprises en hypercroissance (EHC). Ces dernières retiennent de plus en plus l’attention des praticiens, des pouvoirs publics, comme des chercheurs, en raison, notamment, d’un potentiel économique fort. Cependant, comme le souligne Coad et al. (2014), le caractère exceptionnel de l’hypercroissance ne doit pas masquer la réalité de trajectoires complexes difficilement soutenables. En effet, l’hypercroissance, phénomène qui concerne des entreprises de plus de 10 salariés qui ont connu une croissance annuelle moyenne supérieure à 20 % sur au moins 3 ans, constitue une situation de gestion exacerbée (Chanut-Guieu et Guieu, 2014). En particulier, l’accélération de la croissance met sous tension les ressources et intensifie les défis organisationnels auxquels les entreprises concernées sont confrontées (Hambrick et Crozier, 1985, Chan et al, 2006, Julien et al 2006). Cette situation nécessite une gouvernance appropriée. De fait, compte tenu de l’importance des parties prenantes pour les questions liées à la répartition des pouvoirs et à la création de valeur dans l'entreprise (Charreaux et Wirtz, 2006), nous avons étudié les caractéristiques de la gouvernance des EHC à travers le prisme des relations entretenues avec les parties prenantes. A partir d’une étude exploratoire qualitative menées auprès de 10 EHC, nos résultats soulignent l’importance de la contribution des parties prenantes, au-delà des seuls investisseurs, à travers l’apport de ressources essentielles à la stratégie de développement. Ils montrent également que les EHC s’appuie sur une gouvernance élargie. Ces entreprises sont régies à la fois par une dimension disciplinaire et une dimension cognitive et comportementale qui peut contraindre ou soutenir la stratégie du dirigeant. Nos résultats précisent aussi l’importance du rôle des dirigeants fondateurs dans la construction même du système de gouvernance.
L’économie sociale et solidaire (ESS) représente aujourd’hui une grande famille d’initiatives et d’organisations montrant que l’économie ne se limite pas au marché, mais comprend les principes de redistribution et réciprocité. Le champ managérial des organisations de l’ESS est encore peu institutionnalisé. Les modes de gestion de ces organisations ne sont pas assez diffus en raison d’un manque de formations dédiées (Everaere, 2011 ; Parodi, 2005) et de médiatisation des bonnes pratiques.
Cet article explore les pratiques managériales d’une organisation de l’ESS, avec pour objectif d’identifier les éventuelles spécificités en relation avec l’utilité sociale. A ce titre, une étude de cas unique sur une fondation bancaire tunisienne pour la jeunesse a été effectuée. Des entretiens semi directifs et une analyse documentaire ont permis d’identifier les pratiques managériales ayant contribué à démontrer une utilité sociale. Les résultats montrent d’une part la transposition par la banque des pratiques managériales de l’entreprise privée à sa fondation, et d’autre part le souci permanent de durabilité et la recherche d’une utilité sociale par la satisfaction des besoins des parties prenantes les plus influentes.
S’il est commun de dire que les paradoxes organisationnels et les conflits interpersonnels font partie de la vie des groupes et des institutions, toute société humaine, petite ou grande, s’y trouve exposée inéluctablement. De ce fait, gérer ces paradoxes et ces conflits interpersonnels reste un enjeu central dans la capacité des organisations à maintenir le processus de construction du sens et à garantir un rapport harmonieux des salariés à leur travail. Nous proposons dans cet article deux études de cas longitudinales mettant en évidence deux trajectoires contrastées : d’une part, la persistance des conflits interpersonnels et la perte de sens (Reposance), d’autre part, la capacité à prendre en charge de façon effective les paradoxes et conflits interpersonnels (Restos du cœur). Nous questionnons dans ce cadre le rôle de espaces de discussion dans leur capacité à favoriser une prise en charge et une régulation des paradoxes de l’action collective dans le secteur social et médico-social.
Si la question du succès de l’alliance est une thématique largement abordée dans la littérature, la définition du concept de performance, sa mesure et l’identification des facteurs qui lui sont associés interrogent toujours.
L’examen des travaux démontre l’existence de différentes mesures de la performance de l’alliance, dont la plupart sont globales, unidimensionnelles ou à portée étroite. Toutefois, la littérature suggère que seule une combinaison adéquate des indicateurs devrait permettre d’aborder la multidimensionnalité de la performance. Notre recherche se propose dans le contexte spécifique des alliances Nord-Sud de questionner le concept de performance de l’alliance, en identifiant les facteurs qui lui sont associés, ainsi que les mécanismes à travers lesquels elle serait influencée.
Pour atteindre cet objectif, un modèle conceptuel a été développé à partir d’une revue de la littérature. Ce dernier intègre les facteurs spécifiques aux partenaires, les facteurs comportementaux et la performance de l’alliance.
Méthodologiquement, nous avons procédé en deux étapes afin de tester le modèle ainsi que les hypothèses y afférentes. La première est exploratoire, permettant d’explorer la performance de l’alliance et d’adapter notre modèle de recherche. La seconde étape est déductive et a pour vocation de tester les hypothèses de la recherche. L’investigation empirique a été conduite auprès de 136 entreprises tunisiennes du secteur industriel, engagées dans des alliances avec des firmes européennes et américaines. Les données recueillies ont fait l’objet de traitement statistiques via les logiciels SPSS (version 20) et AMOS (version 18).
Les résultats démontrent que, pour les facteurs spécifiques aux partenaires, seule la proximité culturelle possède un impact positif et direct sur la performance de l’alliance. La complémentarité des ressources et l’expérience d’un partenaire particulier agissent indirectement sur la performance de l’alliance à travers les dimensions confiance et communication du capital relationnel. Ces dernières jouent un rôle central pour assurer la performance de l’alliance. Par ailleurs, seule la dimension communication du capital relationnel affecte positivement la coopération. En revanche, les résultats ont souligné un effet non significatif de la proximité organisationnelle, de l’engagement et de la coopération sur la performance de l’alliance. La recherche a également contribué à la validation empirique d’un construit de second ordre pour la performance de l’alliance, résultat considéré comme original dans un contexte tunisien.
Pour beaucoup d’acteurs, la microfinance apparait de nos jours comme un support en soi à l’économie nationale par la création de richesse et d’emploi qu’elle favorise. Mais cette perception n’est pas unanime car la microfinance fait aujourd’hui l’objet de nombreuses critiques inhérentes à son activité d’octroi de crédit. Certains auteurs évoquent de véritables difficultés et pressions sociales évidentes pouvant découler des prêts octroyés. Chacun y va de ses commentaires et appréciations du phénomène de la microfinance, de ses approches et de son impact. Ainsi, cette présente étude se veut de cerner la perception que les femmes, dans le contexte sénégalais, ont de l’influence du microcrédit sur leur AGR et sur le renforcement de leur pouvoir d’action d’une part et de voir les facteurs pouvant l’influencer. Ainsi, les résultats de notre étude montrent en général une profitabilité des prêts des IMF sur les activités des femmes. Au-delà de l’accès que ces institutions procurent à ces groupements féminins, les crédits octroyés contribuent en majorité à leur développement institutionnel et organisationnel. Il contribue également au renforcement du savoir et savoir-faire, du vouloir et de la notoriété de ces femmes et participe entre autre à la lutte contre la discrimination des femmes, à l’amélioration de la parité entre les sexes et à la valorisation du rôle de celles-ci au développement des pays sous-développés. Mais, cette profitabilité des prêts dépend en grande partie de la combinaison et de l’influence d’une politique efficace du crédit offert, de l’utilisation et du contrôle des crédits par les femmes, de leur performance au travail et enfin de la diversification des activités.
La recherche en management a connu un certain essor sur le continent africain depuis les indépendances et plus particulièrement durant les deux dernières décennies (Amankwah-Amoah, 2016). Malgré cette évolution, les entreprises en Afrique continuent à avoir la réputation d’être peu performantes. La mise en perspective de l’état de ces entreprises d’une part et de l’autre l’évolution fulgurante de la recherche en management, la nécessité de faire un bilan sur l’état de cette recherche se fait sentir. Cet article s’inscrit dans cette optique. Son objectif est d’organiser, d’évaluer, de synthétiser la littérature en management stratégique portant sur l’Afrique et/ou des pays africains afin de pouvoir dégager une (des) piste(s) et des orientations pour de futures recherches.
Pour y arriver, nous avons mis en œuvre un protocole rigoureux de revue de littérature systématique (Denyer et Tranfield, 2009) selon une perspective historique. Nous avons ainsi répertorié 379 articles à l’aide des bases de données en ligne. Nous avons par la suite sélectionné 209 articles grâce à un examen minutieux des titres, des résumés et des introductions. Nous avons enfin procédé à une analyse de l’intégralité des contenus de ces articles. Cette analyse nous a permis de mettre en exergue un manque de clarté dans la caractérisation des entreprises auxquelles s’intéressent les chercheurs d’une part et de l’autre une insuffisance de la prise en compte des singularités liées aux contextes des recherches.
Le présent papier est subdivisé en six (06) sections. La première est consacrée aux aspects méthodologiques. Les quatre sections suivantes sont consacrées chacune à une période spécifique de l’évolution économique et de la recherche en Afrique (1960-1979, 1980-1999, 2000-2009 et 2010 à aujourd’hui). La dernière section est dédiée à une discussion conclusive qui nous a amené à suggérer une approche par les finalités dans le cadre de la recherche en management stratégique en Afrique.
La méta-organisation multi-parties prenantes, forme de coopération de plus en plus présente dans le monde des organisations (pôles de compétitivité, pôles territoriaux de coopération économique, etc.), questionne quant à sa construction. La liberté d’intégrer une méta-organisation pour une organisation ainsi que le caractère multi-parties prenantes interroge notamment la capacité des organisations à se relier entre elles. De plus, peu d’auteurs ont étudié, dans le cadre de recherches sur les méta-organisations ou sur d’autres formes de coopération, leur processus d’émergence, du point de vue des relations se créant entre les organisations, impulsées par l’organisation pilote. Les mises en relation inter-organisationnelles et leur gestion sont abordées principalement dans la littérature à partir de trois notions : la similarité, l’intérêt et la variation. Par l’étude de quatre dynamiques de pôles territoriaux de coopération économique en cours d’émergence, l’article vise à étudier l’émergence de relations inter-organisationnelles se produisant et les effets sur la construction d’une dynamique de méta-organisations multi-parties prenantes.
Plus particulièrement, l’article montre que : les relations inter-organisationnelles dans l’émergence de méta-organisations multi-parties prenantes est à regarder comme un processus d’action collective ; les organisations pilotes de l’émergence d’une méta-organisation multi-parties prenantes se relient en premier lieu aux organisations de même nature avant de se lier aux organisations de nature différente ; il existe une influence de tels modes de mises en relations inter-organisationnelles sur le développement des méta-organisations multi-parties prenantes. Ce résultat amène enfin à re-questionner les constructions de relations inter-organisationnelles au sein d’un environnement peu ou pas contraint.
Les stratégies de gestion des paradoxes identitaires restent un point aveugle en stratégie. Ainsi, cette recherche s’efforce de comprendre les stratégies développées par les acteurs. Nous mobilisons une méthodologie qualitative fondée sur trois études de cas longitudinales contrastées, de plusieurs séquences d’observations non participantes, d’entretiens semi-directifs et de données secondaires. Les résultats montrent d’une part, des identités professionnelles proches malgré des organisations différentes et, d’autre part, des réactions et des stratégies de gestion des paradoxes identitaires différentes malgré la proximité des identités professionnelles. Par-delà la singularité des paradoxes identitaires étudiés, la recherche nous invite à développer les espaces de discussions et la notion d’objets-frontière.
Ce papier propose un retour réflexif sur la réalisation d’une thèse sur papiers en recherche-action. Ce retour d’expérience met en lumière le potentiel combinatoire de la recherche-action, possiblement en CIFRE, avec le format de thèse sur papiers. Il propose méthodologiquement de considérer les papiers comme des actions sur le terrain, et formule quatre recommandations à destination des jeunes chercheurs optant pour ce format. Il discute ces contributions et la valorisation pratique d’une telle recherche, avant d’ouvrir le débat sur le système de privatisation de la connaissance par les éditeurs.
Biology is generating very large amounts of data. Today biological databases collect data produced by research in biology everywhere in the world. These databases are crucial in many fields of life science research, including medical research (Attwood et al., 2011). The Pharmaceutical industry has faced a crisis of innovation for more than 30 years, EVEN though the investment in R&D activities has not stopped increasing. Now they rely the more and more on the use of databases and their research has become data-driven. There are several reasons to believe that this shift is likely to come with an increase in creativity which would solve the innovation crisis of the industry. Research in scientific creativity highlights the importance of variety and knowledge distance. We will look at whether the use of databases allows pharmaceutical companies to access more distant knowledge. To do so we use qualitative case study methodology and interrogate nine pharmaceutical companies who use the Large European Public databases EMBL-EBI. The interviewees are all managers of bioinformatics departments of their companies. This position gives them a privileged view as they are the intermediaries between the researchers who use the databases daily and the databases themselves. Our findings can be summarized as follows. These databases are a crucial resource as they offer access to a high variety of data. This variety of data comes in the form of variety in its origin (mostly data produced by other communities) and on its typology (kinds of compounds and parameters associated). Additionally to this variety, databases allow scientists to make new connections between knowledge bases. Concerning the kinds of creative output that one kind find, it consists on one side on promising compounds and on the other side on the opening of new research questions and new research paths. Finally, we find an unexpected result which is that databases allow for serendipity, as it exposes a big amount of information to the entire scientific community. We develop all these aspects in the following lines to better answer to the research questions that were asked before.
En identifiant un vaste répertoire d’actions menées par des « vendeurs » (seller) pour influencer un décideur (cible) au sujet d’une problématique potentiellement stratégique (issue), le courant de l’Issue Selling a mis à jour le rôle central joué par certains acteurs de niveaux hiérarchiques intermédiaires dans les processus de décision stratégique des entreprises. Mais cette littérature a laissé dans l’ombre le rôle du discours et ses formes dans la « vente » de cette problématique. A l’appui des travaux du philosophe français Paul Ricœur et d’une enquête qualitative menée auprès de vingt managers intermédiaires, cet article propose une approche narrative de l’Issue Selling. Nous présentons dans ce cadre l’Issue Selling comme une activité de mise en récit d’une problématique stratégique, articulée autour d’une intrigue. Nous identifions enfin que cette activité est soumise à une double contrainte de montée en généralité d’une part et d’inscription matérielle du récit sous la forme de traces d’autre part.
L’objectif de cet article est de retracer les trajectoires des idées d’innovation dans le processus de sélection en phase amont d’innovation et d’apporter des éléments explicatifs à ce processus. Il s’agit d’un processus finalement peu étudié, qui apparaît à de nombreux chercheurs comme une étape très critique ; avec des conséquences majeures sur l’ensemble du processus d’innovation et sur la survie de l’entreprise. L’étude est menée sur quatre innovations récentes et ayant pour origine les idées intrapreneuriales des employés, développées au sein d’un équipementier automobile Alfa (nom fictif), reconnu comme l’une des entreprises les plus innovantes. Cette étude nous situe au plus proche des préoccupations des dirigeants et managers, chargés du développement des innovations. Les phases génériques du processus de sélection sont mises en évidence ainsi que les trajectoires des idées et les niveaux organisationnels impliqués dans ce processus de sélection.
Le concept de Business Ecosystem (BE ci-après) ambitionne de porter un regard neuf sur les mécanismes de création et de capture de valeur en dépassant les frontières du secteur et en introduisant comme centrale une dynamique intra-écosystèmique à la fois coopérative et compétitive (Moore, 1993, 1996). De nombreux travaux corroborent cette dimension heuristique (Adner, 2017 ; Parisot & Isckia, 2017). Par exemple, le fait que la proposition de valeur (PV ci-après) envers l’usager final rend la complémentarité des composants nécessaire et que les bottleneck contraignent la croissance des BE (Hannah et Eisenhardt, 2018) ou encore que le BE est le niveau d’analyse pertinent pour mesurer la performance des organisations (Iansiti & Levien, 2004). Récemment des auteurs ont souligné un manque de travaux portant sur la phase d’émergence des BE (Hannah & Eisenhardt, 2018). L’objectif de cette recherche est de combler ce manque en se focalisant sur les conditions d’émergence des BE. Plus spécifiquement, nous cherchons à comprendre la relation qui existe entre le Business Model (BM ci-après) actuel des organisations et l’émergence des BE. Notre question de recherche est : comment les Business Models actuels des organisations impliquées dans l’émergence d’un BE l’impactent-ils ? Le BM se définit comme « les choix que font les organisations pour générer des revenus (Demil & Lecocq, 2008) » et toute organisation a un BM (Casadesus-Masanel & Ricart, 2010) plus ou moins formalisé qui décrit la profitabilité et la soutenabilité des choix effectués (Demil et al., 2013). Nous formulons l’hypothèse que les organisations engagées dans un BE émergent et qui exploitent un BM qui a fait la preuve de sa soutenabilité vont influer sur sa trajectoire en fonction de la direction de l’impact que celui-ci peut avoir sur les éléments constituant son BM et donc son modèle de revenu. Pour vérifier cette hypothèse, nous formulons un ensemble de propositions que nous appliquons à une étude de cas multiples (Yin, 2018). Ces cas ont un statut illustratif et proviennent d’une thèse en cours. Ils sont issus du contexte de la transition énergétique et concernent un consortium local. Nous analysons nos propositions à l’aide du modèle RCOV (ibid) que nous appliquons à des données receuillies de façon longitudinale au moyen d’observations, observations participantes, entretiens et documents produits par les acteurs. Nos résultats montrent que les BM actuels influent sur la PV d’un BE émergent en réduisant la radicalité de son innovation. Ils montrent également que ces organisations ont de bonnes raisons pour ne pas être trop innovantes dans leur BM et complète la littérature sur les difficultés à innover dans son BM (Chesbrough & Rosenbloom, 2002). Ils montrent aussi que le BM joue un rôle de réducteur d’ambiguîté dans ce contexte. Enfin, ils pointent la nécessité pour les pouvoirs publics de considérer le cadre légal dans lequel les financements sont accordés.
Longtemps oubliée, l’innovation managériale est l’objet d’une attention grandissante de la communauté académique depuis quelques années (Mignon et al., 2017). Elle consiste en l’adoption de « nouveaux programmes et pratiques affectant la stratégie, la structure, les processus managériaux et la prise de décision … afin de modifier le système administratif et le travail de gestion de l’entreprise adoptante et d’améliorer son efficacité et son efficience » (Damanpour et al., 2018 : 713). La bureaucratie wébérienne, l’attribution stricte des tâches, la formalisation et la hiérarchie ont donné naissance à des entreprises publiques qui souffrent précisément d’un manque d’efficacité et d’efficience (Snijkers, 2006). Dès lors, les entreprises de ce secteur n’échappent pas à cette vague de transformation qui semble répondre à leur besoin de dépasser ces modèles décisionnels devenus non adaptés (Bartoli et Baltrix, 2015).
Pourtant, les travaux existants ont mis en évidence de nombreux freins à l’adoption des innovations managériales dans les entreprises publiques (Arnaboldi et al., 2010). Parmi eux, le facteur humain constitue un obstacle majeur dans ce secteur (Torugsa et Arundel, 2017) : la résistance au changement des individus (Osborne et Brown, 2005), leur aversion au risque (Brown et Osborne, 2013), ou encore le caractère coercitif des décisions (Arnaboldi et al., 2010) sont générateurs de difficultés à chaque phase du processus d’adoption des innovations managériales.
Bien que grandissante, cette littérature propose une vision simplifiée de l’adoption de l’innovation managériale et de ses freins. La majorité des travaux traitent des barrières humaines comme étant communes à l’ensemble des ressources humaines (Wagner et al., 2011). De plus, ils supposent que les Top-Managers définissent les orientations stratégiques, tandis que les Middle-Managers les mettent en œuvre dans un cadre structurel défini (Burgelman, 1996). Or, Hoon (2007) montre que les pratiques interactionnistes entre ces niveaux managériaux facilitent la prise de décision stratégique dans les entreprises publiques. L’adoption d’une innovation relevant d’une décision stratégique (Kannan-Narasimhan et Lawrence, 2018 ; Gandia et Tourancheau, 2015), il nous semble dès lors intéressant d’étudier la place et l’influence des pratiques interactionnistes entre les Top-Managers et les Middle-Managers dans l’adoption d’innovations managériales.
Dans le présent article, nous proposons donc de dépasser les limites identifiées dans la littérature en adoptant une approche Strategy-as-Practice. Si quelques travaux sur l’innovation managériale se penchent déjà sur les pratiques (Dubouloz, 2014), ils adoptent surtout une vision résolutive, oubliant alors le potentiel générateur de difficultés de certaines pratiques à l’œuvre. Par ailleurs, très peu d’entre eux clarifient l’identité et le rôle des praticiens et de leurs interactions dans la dynamique d’adoption, à l’exception de la contribution récente de Kannan-Narasimhan et Lawrence (2018) qui ne porte cependant pas sur des innovations managériales.
Etudier les pratiques interactionnistes entre les Top-Managers et les Middle-Managers permettra, d’une part, de saisir l’origine et la persistance des barrières humaines à l’adoption de l’innovation managériale dans les entreprises publiques, mais aussi d’identifier des pistes pour les dépasser. La complémentarité/antagonisme entre ces pratiques et leurs effets sur les barrières seront plus particulièrement examinés. Nous offrirons alors de nouvelles pistes aux managers des entreprises publiques pour stimuler l’adoption d’innovations managériales.
Alors que les entreprises concernées s’interrogent actuellement sur ce que le législateur a pu entendre par le caractère “raisonnable” du devoir de vigilance qu’elles sont désormais sommées d’exercer, le propos de cet article est de s’interroger sur les difficultés rencontrées dans la construction de dispositifs de gestion des risques environnementaux et sociaux dans les chaînes de valeur mondialisées.Cet article analyse la genèse et le développement d’une initiative qui s’est développée au Cambodge dans les années 2000 sur un modèle jusque là inédit articulant régulation privée et publique, articulant firmes locales et multinationales, syndicats, institutions gouvernementales locales, internationales et organisations internationales : le programme Better Factories Cambodia (BFC). Nous analysons cette initiative par le double prisme de la littérature sur les failles de l’audit social (Locke, 2007) et sur les dispositifs de gestion (Dumez, 2009)
Cet article porte sur les dispositifs de contrôle des conditions de travail dans les chaînes de valeur mondialisées. Par une approche combinant une réflexion sur les failles de l’audit social et sur les dispositifs stratégiques d’action collective, nous cherchons à montrer comment élaborer un dispositif de régulation qui ait la capacité à évoluer dans le temps, pour mieux répondre aux évolutions des enjeux locaux et globaux des différents acteurs d’une chaîne de valeur mondialisée.
Malgré l’importance de l’économie informelle dans l’économie nationale et internationale, les entreprises de ce secteur font toujours face à de nombreuses difficultés qui mettent en danger leur existence. Aujourd’hui, la recherche de survie, de pérennité et de rentabilité vitale obligent les dirigeants des très petites entreprises du secteur informel à développer de nouvelles stratégies de fonctionnement pour s’adapter à la complexité de l’environnement. A travers une approche qualitative, l’objectif de cette étude est d’analyser dans quelles mesures la sous-traitance par proximité constitue une stratégie de développement pour les TPE informelles. Autrement dit, en plus d’un emploi innovant, nous montrons en quoi cette stratégie peut être gage d’un épanouissement pour les TPE sénégalaises. Pour ce faire, la loi proxémique de Moles et Rohmer (1978) a procuré une approche théorique riche dans la compréhension du phénomène. Ainsi, l’étude s’est effectuée dans les régions de Dakar et Saint-Louis du Sénégal sur 34 entreprises du secteur informel. Les résultats montrent une véritable utilité et surtout avec des pratiques informelles bien spécifiques et excessives de cette stratégie où le taux est estimé à plus de 70%. Cependant, le recours à cette stratégie n’est pas sans conséquence pour les TPE ce qui nous a poussés à mettre en évidence certaines implications managériales après la discussion des résultats.