Les premières associations d’aide à domicile ont été créées dans les années 1940 permettant de rendre visible l’activité domestique, de participer à la reconnaissance des salariés et des emplois du secteur (Puissant, 2012). La forte croissance de l’aide à domicile a toutefois créé de multiples paradoxes témoignant d’un passage de la qualification à la professionnalisation du secteur. Cet article s’intéresse aux stratégies mobilisées par les acteurs d’une association d’aide à domicile pour faire face aux paradoxes de la professionnalisation. À partir d’une étude de cas d’une association d’aide à domicile, nous mobilisons une méthodologie qualitative. Les résultats montrent que le passage d’une qualification à une professionnalisation crée des paradoxes. Les résultats mettent en exergue le rôle majeur joué par les stratégies mobilisées par les acteurs. Toutefois, la mobilisation des stratégies reste fragile puisque qu’au-delà de cette professionnalisation, les acteurs témoignent de contraintes temporelles, physiques et psychologiques. Les résultats permettent d’alimenter la littérature portant sur les paradoxes du social et du médico-social, sur la nature des stratégies développées par les acteurs et sur le rôle des espaces de discussion comme lieu de conversation stratégique. Mots-clés : Social et médico-social – Paradoxes – Professionnalisation – Espaces de discussion
S’il est commun de dire que les paradoxes organisationnels et les conflits interpersonnels font partie de la vie des groupes et des institutions, toute société humaine, petite ou grande, s’y trouve exposée inéluctablement. De ce fait, gérer ces paradoxes et ces conflits interpersonnels reste un enjeu central dans la capacité des organisations à maintenir le processus de construction du sens et à garantir un rapport harmonieux des salariés à leur travail. Nous proposons dans cet article deux études de cas longitudinales mettant en évidence deux trajectoires contrastées : d’une part, la persistance des conflits interpersonnels et la perte de sens (Reposance), d’autre part, la capacité à prendre en charge de façon effective les paradoxes et conflits interpersonnels (Restos du cœur). Nous questionnons dans ce cadre le rôle de espaces de discussion dans leur capacité à favoriser une prise en charge et une régulation des paradoxes de l’action collective dans le secteur social et médico-social.
Les stratégies de gestion des paradoxes identitaires restent un point aveugle en stratégie. Ainsi, cette recherche s’efforce de comprendre les stratégies développées par les acteurs. Nous mobilisons une méthodologie qualitative fondée sur trois études de cas longitudinales contrastées, de plusieurs séquences d’observations non participantes, d’entretiens semi-directifs et de données secondaires. Les résultats montrent d’une part, des identités professionnelles proches malgré des organisations différentes et, d’autre part, des réactions et des stratégies de gestion des paradoxes identitaires différentes malgré la proximité des identités professionnelles. Par-delà la singularité des paradoxes identitaires étudiés, la recherche nous invite à développer les espaces de discussions et la notion d’objets-frontière.