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Belmondo Cécile, Dejean Frédérique

La période de construction du marché de l’ISR est en France marquée par un manque de légitimité. Si la contribution des sociétés de gestion ou des agences de notation sociétale a déjà été étudiée, il s’agit ici de s’intéresser au rôle des syndicats. Par le biais de la création d’un Comité Intersyndical de l’Epargne Salariale (CIES), ceux-ci sont entrés dans le monde de l’ISR, participant à la construction de sa légitimité. La question que pose cette recherche est celle du rôle joué par le CIES dans le processus d’institutionnalisation. Une démarche qualitative a été adoptée et les données sont issues d’entretiens semi-directif et d’un important volume de documentation. Les résultats, interprétés à partir d’une grille de lecture néo-institutionnelle, montrent que le label décerné par le CIES permet d’accroître la légitimité des sociétés de gestion. En outre, les caractéristiques de la procédure d’appel d’offres garantissent une phase d’apprentissage du marché et l’obtention d’une expertise partagée entre les syndicats et les acteurs de la sphère financière.

Belmondo Cécile, Dejean Frédérique

Dans cette communication, nous étudions l’émergence des routines dans un contexte organisationnel particulier : une cellule de veille concurrentielle dont l’objectif est de créer des connaissances sur l’environnement concurrentiel de son entreprise. Nous nous intéressons aux processus par lesquels les routines organisationnelles sont créées et modifiées par les pratiques quotidiennes. Nous étudions donc comment les activités quotidiennes des membres d’une cellule de veille concurrentielle se transforment progressivement en pratiques, et comment ces pratiques à leur tour subissent un processus de routinisation. Nous appelons activités ce que les gens « font » (Orlikowski, 2002), i.e. chaque discours (participation à des conversations informelles, à des réunions…) ou action (écriture, préparation de réunion). Quand un individu répète un ensemble particulier d’activités, il développe des habitudes. Dès lors, certains ensembles particuliers d’activités deviennent des micro-pratiques. Ces dernières, ainsi que les activités qui les sous-tendent, sont situées socialement. Les interactions récurrentes entre les membres interdépendants d’une organisation lorsqu’ils mettent en oeuvre leurs micro-pratiques constituent l’aspect performatif de ce qui pourra peut-être être appelé une routine. Cependant, deux conditions supplémentaires sont nécessaires. D’abord, le contexte général des activités et des micro-pratiques doit avoir été au moins en partie extériorisé dans un aspect ostensif. Ensuite, il doit avoir été réifié et/ou formalisé sous forme d’artefacts. Nous utilisons une méthodologie longitudinale fondée sur un recueil de données par observation participante pour observer la génération des pratiques et des routines organisationnelles. Notre terrain de recherche est une cellule de veille concurrentielle d’une entreprise française de télécommunications, observée au début de son existence et à un moment où le marché des télécommunications entre dans une intensité concurrentielle accrue. La masse conséquente de données recueillies nous a permis de reconstituer l’agenda quotidien de chacun des membres de la cellule de veille observée pendant 12 mois et d’identifier deux périodes distinctes en termes de configuration d’activités. Nous distinguons 36 catégories d’activités regroupées en trois grandes pratiques : les pratiques de veille, de structuration et d’organisation. L’analyse de la répartition des activités au cours de la première période montre l’importance des pratiques de structuration et d’organisation par rapport aux pratiques de veille stricto-sensu et comment ces pratiques permettent l’intériorisation de trois types de cadres (comportemental, relationnel et cognitif) influençant la mise en oeuvre de ces dernières. La comparaison des activités entre les deux périodes montre que ces cadres permettent à la cellule de veille de se concentrer par la suite sur les activités de veille et la génération de connaissances sur l’environnement concurrentiel. Nous discutons alors comment l’extériorisation et la réification des trois types de cadres ont permis la génération de routines permettant aux membres de la cellule de veille de se consacrer à la veille de manière plus importante.