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Durand Rodolphe, Quelin Bertrand

Auteur

Rodolphe DURAND

Bertrand QUÉLIN

Résumé

Les approches évolutionnistes ont une longue histoire en économie (Clark et Juma, 1990 ; Mokyr, 1991 ; Hogdson, 1993). Toutefois, elles n’occupent pas encore une place suffisante. La diversité des thèmes abordés et des méthodes utilisées y est pour beaucoup : entre les études quasi cliniques de l’apprentissage technologique (Coombs et al.,1992) et l’étude des systèmes nationaux de promotion de l’innovation (Foray et Freeman, 1994), la voie est large. Par ailleurs, les analogies biologiques à la base de l’économie évolutionniste contraignent sa vision de l’univers concurrentiel (Penrose, 1959 ; Jacquemin, 1985). Reposant sur les intuitions d’économistes du XIXème siècle (de Smith à Marshall, en passant par Spencer) pour lesquels la biologie n’en était qu’à ses balbutiements, l’économie évolutionniste, à la différence du courant orthodoxe dominant, n’a pas bénéficié d’un paradigme déjà constitué depuis deux siècles, comme celui de la physique mécanique, pour proposer un modèle robuste de la firme.

L’économie évolutionniste a concentré son analyse autour des notions darwiniennes de variation, de sélection et d’hérédité. Les économistes évolutionnistes ont étudié principalement ce qui, dans la nature concurrentielle pouvait apparaître comme le plus proche de ces notions : les mutations technologiques et le changement technique en général, profitant en cela d’une des déficiences les plus manifestes du courant orthodoxe. Promouvant l’idée d’hétérogénéité technologique entre firmes, et étudiant les processus d’irréversibilité temporelle du changement, l’économie évolutionniste cependant, à de rares exceptions (i.e. Rosenbloom et Burgelman, 1989), n’a pas pénétré plus avant la fameuse « boîte noire » de la firme. Pourtant, les processus internes à la firme d’innovation, d’apprentissage, et de sélection parmi plusieurs choix, les comportements de promotion et de distribution, ont leur part d’explication dans les évolutions des technologies et des marchés.

Ainsi, les approches évolutionnistes de l’économie ont besoin, nous semble-t-il, d’une part de bâtir un modèle robuste de la firme, plus complet que celui proposé par Nelson et Winter (1982), et d’autre part, d’analyser et de comprendre les processus et les comportements internes de la firme. Les critiques adressées à l’économie évolutionniste par Coriat et Weinstein (1995) demeurent trop théoriques, trop éloignées d’une conception stratégique de l’entreprise. Notamment, l’étude de la formation et de la mise en oeuvre stratégique, dans le domaine précis de la technologie ou plus général de la chaîne de valeur, paraît être une étape indispensable aux développement futurs de ce courant prometteur. C’est pourquoi nous proposons, à la suite d’autres (Teece, 1990; Teece et Pisano, 1994; Hogdson, 1995; Montgomery, 1995), de trouver dans l’approche par les ressources les fondements à une théorie évolutionniste de la firme.

L’approche par les ressources est une opportunité pour le développement d’une théorie de la firme qui soit le résultat d’une approche ‘essentialiste’: l’entreprise est à concevoir comme un creuset de ressources et non comme une entité seulement réactive, comme le défendent les modèles dominants d’analyse stratégique, s’écartant des travaux de Selznick ou du LCAG. Nous présentons d’une part les apports de la perspective évolutionniste ainsi que les questions qu’elle laisse ouvertes. D’autre part, nous montrons en quoi l’approche par les ressources permet d’y répondre et d’engager la réflexion sur la prise en compte d’une théorie évolutionniste de l’entreprise.

Mothe Caroline, Quelin Bertrand

Auteur

Caroline MOTHE

Bertrand QUELIN

Résumé

La théorie de la firme basée sur les compétences insiste sur les caractéristiques internes des firmes, en contraste avec le schéma des forces concurrentielles de Porter (1980). Le développement de cette approche s’est opéré en parallèle avec la volumineuse littérature consacrée aux coopérations inter-firmes. Certains travaux font converger la théorie basée sur les compétences et les analyses de la coopération (Hamel, 1991).

L’objet de cet article est la coopération en matière de R&D, entendue comme un moyen privilégié de création de ressources nouvelles comme les nouveaux produits, brevets, prototypes mais aussi les compétences scientifiques et technologiques. L’objectif de ce travail est de comprendre les relations entre la forme organisationnelle de la R&D et les caractéristiques des firmes engagées dans la coopération et la création de ressources. Précisément, cet article analyse le type de ressources développées en commun dans le cadre d’un consortium en R&D en liaison avec les caractéristiques des firmes et de leur engagement, donnant ainsi une dimension empirique à l’approche par les ressources et les compétences. Il contribue à une connaissance précise des ressources créées lors de coopération en R&D en testant les déterminants de la création de ces nouveaux actifs, et plus spécifiquement ceux relatifs à la création de nouveaux produits. Finalement, cet article offre des éclairages nouveaux sur la coopération inter-entreprises, encore peu couverts par l’immense littérature consacrée à ce thème.

Dans une première partie, nous analysons brièvement les principaux travaux consacrés aux compétences, aux coopérations inter-entreprises et aux consortia en R&D. Une seconde partie est consacrée à la présentation de la méthodologie adoptée et à l’analyse statistique des liens entre, d’une part, la forme d’organisation de la coopération et les caractéristiques des entreprises engagées et, d’autre part, les types de ressources créées. La création de nouveaux produits fera l’objet d’une attention particulière. Enfin, un certain nombre d’enseignements sont tirés pour le management des coopérations dans les domaines de la recherche et du développement.