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Durand Rodolphe, Obadia Jacques

Auteur

Rodolphe DURAND

Jacques OBADIA

Résumé

Divers travaux portent sur la dynamique démographique des entreprises. Les recherches économiques multi-sectorielles réalisées aux Etats-Unis et au Royaume Uni mettent en avant les relations entre la taille, l’âge, le taux de croissance, la variabilité de ce taux et les taux d’entrée et de sortie des firmes. Toutefois, elles ne prennent pas suffisamment en considération les variables de secteur et de population. L’écologie des populations propose un modèle d’explication de la survie des entreprises explicitement fondé sur l’adéquation entre un environnement concurrentiel et l’ensemble des entreprises qui peuvent y prospérer. L’objet de cet article est de déterminer des variables explicatives de la probabilité de survie d’entreprises appartenant à la population des imprimeurs. Il montre que les hypothèses économiques et écologiques sont complémentaires. Dans un premier temps, on rappellera les principaux enseignements des études économiques sur les populations d’entreprises, que l’on comparera à ceux de l’approche écologique. Ensuite, on présentera les données, les hypothèses et le modèle. Enfin, les résultats seront analysés et discutés : il ressort principalement de cette étude, d’une part, que les évolutions relatives des variables allant dans le sens d’une réduction des coûts ou d’une augmentation des profits augmentent la probabilité de survie des entreprises de la population ; d’autre part, les précautions méthodologiques prises, que les analyses tirées de l’écologie des populations complètent la vision de la démographie des entreprises de l’économie industrielle.

Durand Rodolphe, Quelin Bertrand

Auteur

Rodolphe DURAND

Bertrand QUÉLIN

Résumé

Les approches évolutionnistes ont une longue histoire en économie (Clark et Juma, 1990 ; Mokyr, 1991 ; Hogdson, 1993). Toutefois, elles n’occupent pas encore une place suffisante. La diversité des thèmes abordés et des méthodes utilisées y est pour beaucoup : entre les études quasi cliniques de l’apprentissage technologique (Coombs et al.,1992) et l’étude des systèmes nationaux de promotion de l’innovation (Foray et Freeman, 1994), la voie est large. Par ailleurs, les analogies biologiques à la base de l’économie évolutionniste contraignent sa vision de l’univers concurrentiel (Penrose, 1959 ; Jacquemin, 1985). Reposant sur les intuitions d’économistes du XIXème siècle (de Smith à Marshall, en passant par Spencer) pour lesquels la biologie n’en était qu’à ses balbutiements, l’économie évolutionniste, à la différence du courant orthodoxe dominant, n’a pas bénéficié d’un paradigme déjà constitué depuis deux siècles, comme celui de la physique mécanique, pour proposer un modèle robuste de la firme.

L’économie évolutionniste a concentré son analyse autour des notions darwiniennes de variation, de sélection et d’hérédité. Les économistes évolutionnistes ont étudié principalement ce qui, dans la nature concurrentielle pouvait apparaître comme le plus proche de ces notions : les mutations technologiques et le changement technique en général, profitant en cela d’une des déficiences les plus manifestes du courant orthodoxe. Promouvant l’idée d’hétérogénéité technologique entre firmes, et étudiant les processus d’irréversibilité temporelle du changement, l’économie évolutionniste cependant, à de rares exceptions (i.e. Rosenbloom et Burgelman, 1989), n’a pas pénétré plus avant la fameuse « boîte noire » de la firme. Pourtant, les processus internes à la firme d’innovation, d’apprentissage, et de sélection parmi plusieurs choix, les comportements de promotion et de distribution, ont leur part d’explication dans les évolutions des technologies et des marchés.

Ainsi, les approches évolutionnistes de l’économie ont besoin, nous semble-t-il, d’une part de bâtir un modèle robuste de la firme, plus complet que celui proposé par Nelson et Winter (1982), et d’autre part, d’analyser et de comprendre les processus et les comportements internes de la firme. Les critiques adressées à l’économie évolutionniste par Coriat et Weinstein (1995) demeurent trop théoriques, trop éloignées d’une conception stratégique de l’entreprise. Notamment, l’étude de la formation et de la mise en oeuvre stratégique, dans le domaine précis de la technologie ou plus général de la chaîne de valeur, paraît être une étape indispensable aux développement futurs de ce courant prometteur. C’est pourquoi nous proposons, à la suite d’autres (Teece, 1990; Teece et Pisano, 1994; Hogdson, 1995; Montgomery, 1995), de trouver dans l’approche par les ressources les fondements à une théorie évolutionniste de la firme.

L’approche par les ressources est une opportunité pour le développement d’une théorie de la firme qui soit le résultat d’une approche ‘essentialiste’: l’entreprise est à concevoir comme un creuset de ressources et non comme une entité seulement réactive, comme le défendent les modèles dominants d’analyse stratégique, s’écartant des travaux de Selznick ou du LCAG. Nous présentons d’une part les apports de la perspective évolutionniste ainsi que les questions qu’elle laisse ouvertes. D’autre part, nous montrons en quoi l’approche par les ressources permet d’y répondre et d’engager la réflexion sur la prise en compte d’une théorie évolutionniste de l’entreprise.