Auteurs
Cécile AYERBE
Lilliana MITKOVA
Auteurs
Jérôme Billé
Richard Soparnot
Résumé
La capacité à innover apparaît comme une compétence centrale afin de conserver, renforcer ou créer un avantage compétitif. S’il est relativement aisé de la qualifier de compétence distinctive, il est plus difficile d’en comprendre la genèse. Une conception RBV (Resource Based View) de l’innovation nous invite à mieux comprendre comment se forge une telle compétence. Deux conceptions des sources d’innovations mettent en évidence un continuum aux extrémités duquel se situent une approche de la compétence d’innovation basée sur une connaissance client comme ressource et une approche basée sur la création « pure ». La question de savoir si la connaissance client permet de produire des innovations s’avère donc essentielle pour mieux comprendre la genèse de cette compétence. Les entreprises qui investissent dans la connaissance client innovent-elles plus ? La connaissance client est-elle effectivement une ressource de la compétence d’innovation ? L’étude des cas de PSA et de la Société générale permet de mettre en lumière le rôle de la connaissance clients à l’activité d’innovation et d’en préciser la nature.
Auteur
Jean-Claude BOLDRINI
Résumé
Les PMI sont dans une situation paradoxale en matière d’innovation. Leur souplesse et leur réactivité constituent des facteurs propices à l’innovation mais, d’un autre côté, leur structure et leurs ressources insuffisantes l’entravent. Pour y remédier des organismes de soutien apportent des aides technologiques, financières, etc. L’intérêt de les prolonger par un soutien méthodologique est apparu récemment. Cet article présente une recherche réalisée au cours d’une action d’accompagnement menée auprès d’une douzaine de PMI. L’objectif était d’aider les entreprises dans la recherche de solutions technologiques innovantes pour leurs projets. Pour ce faire deux organismes de diffusion technologique, Pays de la Loire Innovation (PLI) et ADÉPA, ont œuvré conjointement et ont utilisé la méthode TRIZ (théorie de résolution des problèmes inventifs). Un mode d’accompagnement des entreprises, relativement nouveau, a été adopté à cette occasion. Les projets industriels ont été suivis par un tandem de spécialistes de l’intervention en PMI : un expert TRIZ de l’ADÉPA et un conseiller technologique de PLI. L’article décrit le fonctionnement du dispositif d’accompagnement puis présente les acteurs et leurs projets. Après une introduction succincte à TRIZ, il détaille l’organisation du traitement des projets industriels ainsi que le mode d’élaboration de solutions technologiques innovantes. Il relate ensuite le cheminement qui a permis d’identifier des facteurs de contingence susceptibles d’affecter la réussite de l’introduction d’un nouvel outil de gestion en PMI. La recherche n’étant pas terminée, la conclusion laisse entrevoir les résultats à venir, tant pratiques que théoriques, en ce qui concerne l’outil TRIZ, d’une part, et les dispositifs d’accompagnement des PMI dans les phases amont de leurs projets d’innovation, d’autre part.
Auteurs
Yves Bonhomme
Pascal Corbel
Jihane Sebai
Résumé
L’industrie pharmaceutique a connu au cours des deux dernières décennies une très forte évolution. Outre une augmentation des accords entre grands laboratoires pharmaceutiques, elle a vu émerger un ensemble de jeunes entreprises fondées sur des technologies de recherche innovantes, que l’on a tendance, de manière assez imprécise à rassembler sous l’étiquette d’entreprises de biotechnologies. Le fonctionnement de ces dernières entreprises nous semble être différent : fortes relations avec la science fondamentale, nombreux accords de coopération entre start-ups et entre start-ups et laboratoires « traditionnels ». Il nous a donc semblé intéressant de comparer les citations de brevets des principales entreprises des deux catégories. Quel en est le principe de cette méthode ? Chaque brevet comprend un certain nombre de citations destinées à refléter l’état de l’art au moment de sa publication, sur le même modèle que les références bibliographiques d’un article académique. Notre travail a consisté à analyser ces citations.
Cette recherche s’est déroulée dans un esprit d’exploration des possibilités et des limites de la méthode. Les points à mesurer ont donc émergé « chemin faisant ». L’échantillon est resté, pour des raisons pratiques, relativement limité : 4 laboratoires que nous pouvons qualifier de « traditionnels » et 3 grandes entreprises de biotechnologies. Notre étude a permis de faire émerger des différences entre ces deux types d’entreprises. Ces différences sont cohérentes avec ce que l’on pouvait attendre compte tenu de la littérature sur le sujet. Elles permettent d’alimenter la réflexion sur la manière dont les entreprises en place peuvent gérer une révolution technologique comme l’émergence des biotechnologies : dans quelle mesure intègrent-elles les méthodes des nouveaux entrants (citation des entreprises de biotechnologies) ? Dans quelle mesure cela les conduit-elles à s’éloigner de leur métier d’origine (citations des entreprises de chimie) ? Tissent-elles le même type de lien avec les organisations productrices de connaissances de nature fondamentale (citation des universités et institutions de recherche) ?... Elles permettent également d’alimenter une réflexion sur les apports potentiels et les limites d’une telle méthode d’investigation.
Auteur
Nicolas Dahan
Résumé
Cet article propose une synthèse des nombreux travaux traitant de la récente thématique de l'innovation stratégique, en soulignant les points communs à ces contributions disparates. Nous commençons par regrouper les conceptualisations à travers une typologie de l'innovation concurrentielle en trois degrés de radicalité : l'efficacité opérationnelle, l'innovation stratégique et la révolution stratégique. Ceci permet de clarifier certaines ambiguïtés de la littérature en posant des critères explicites de classification. Nous mettons ensuite en évidence une série d'implications théoriques et pratiques de ces travaux qui cherchent à remettre en cause les logiques dominantes en management stratégique, en récusant la concentration sur l'efficacité opérationnelle et les démarches purement analytiques (remise en cause des outils de l'analyse stratégique tels que les stratégies génériques concurrentielles, le modèle des cinq forces, le concept de secteur d'activité). Enfin, une mise en perspective de ces contributions est proposée, en soulignant que leurs apports demeurent actuellement assez faibles (accumulation d'études de cas exemplaires au dépens d'une généralisation théorique), bien que cette thématique soit prometteuse pour l'avenir. Les enjeux économiques et sociaux de cette pratique sont en effet considérables pour les entreprises puisque la réflexion porte sur la capacité d'une firme à développer un modèle économique viable, puis à le faire évoluer pour conserver sa singularité et donc un avantage concurrentiel de manière continue.
Auteur
Jean Philippe Muller
Résumé
Cet article vise à enrichir les connaissances relatives à l’influence de la stratégie d’innovation sur la performance des nouveaux produits. Plus précisément, il cherche à mettre en évidence le rôle médiateur de la réaction des concurrents entre la stratégie d’innovation menée et la performance des nouveaux produits lancés. Des hypothèses sont formulées quant à l’influence des variables de la stratégie d’innovation sur la performance d’un nouveau produit via un effet sur les caractéristiques de la réaction. Elles sont testées sur un échantillon de 161 nouveaux produits lancés récemment. Les résultats tendent à confirmer le rôle médiateur joué par la réaction concurrentielle. Ils suggèrent la possibilité d’orienter la réaction des concurrents, par la mise en œuvre d’une stratégie adaptée, pour finalement optimiser la performance des actions initiées sur le marché.
Auteurs
Tim Mazzarol
Sophie Reboud
Résumé
Les petites et moyennes entreprises (PME) sont fréquemment caractérisées par des niveaux élevés d'innovation. Il est cependant difficile pour de telles entreprises d'anticiper correctement les mérites de telle ou telle innovation. Cette étude examine, en fonction des niveaux de risques pris lors d'une innovation par une PME, les profils de rente espérée c'est-à-dire de retour financier. Nous avons adressé un questionnaire à des PME innovantes afin d'examiner les perceptions des managers quant aux influences stratégiques déterminantes sur les rentes perçues lors du lancement d'une innovation. L'analyse des régressions suggère que l'évaluation par anticipation des rentes espérées est influencée par la valeur que cette innovation est susceptible d'apporter au client, par l'évaluation que le client fait de l'utilité possible de l'innovation pour conquérir de nouveaux marchés et par la facilité anticipée à intégrer l'innovation au sein de ses propres technologies.
Auteurs
Lise Gastaldi
Christophe Midler
Résumé
Ce papier s’intéresse au pilotage des activités de recherche industrielles, sachant que la problématique essentielle, et extrêmement complexe, qui se pose dans ce domaine est celle de l’articulation entre un processus de construction de compétences en recherche, marqué par une certaine inertie et une imprévisibilité inhérente aux activités de recherche, et des enjeux stratégiques qui peuvent, pour leur part, évoluer de façon tout aussi imprévisible mais sur des temporalités beaucoup plus rapides. La montée en puissance d’une compétition par l’innovation intensive, qui accélère les cycles de renouvellement de produits et remet en question les connaissances incorporées dans les innovations, vient accentuer encore la « criticité » de cette articulation et la difficulté de l’exercice de pilotage de la recherche.
L’étude d’une entreprise de chimie de spécialités, secteur dans lequel la recherche joue un rôle clé dans les processus d’innovation, nous a permis de formaliser différents régimes de coordination entre les stratégies de positionnement marché et la recherche. L’analyse longitudinale sur 40 ans a révélé une transition de la recherche, depuis une position « autonome isolée » dans les années 1960-1975, s’inscrivant dans un processus d’innovation souvent décrit par l’expression « science push », vers une situation de « couplage et de dépendance » qui s’affirme dans la première moitié des années 1990, dans un processus de type « market pull », pour évoluer depuis 1995 vers un modèle inédit et extrêmement intéressant « d’exploration concourante » des espaces des marchés et des connaissances scientifiques.
Auteur
Marie PEREZ
Résumé
Malgré l’attrait des dirigeants pour les options réelles, en pratique, ces dernières ne rencontrent que peu de succès. Pour certains auteurs l’explication de ce phénomène est que la théorie des options réelles touche à la firme en tant qu’organisation. Sa mise en œuvre ne saurait donc faire l’impasse des aspects organisationnels et managériaux. L’étude des implications organisationnelles et managériales d’une démarche optionnelle est pratiquement absente de la littérature, en dépit d’un terrain de recherche très fécond. L’objectif de cette communication est dès lors de définir, à travers l’étude d’un projet pharmaceutique, quelles sont les règles que la firme doit respecter pour favoriser, voire systématiser une démarche optionnelle et quelles en sont les implications organisationnelles et managériales.
Auteurs
Nathalie Schieb-Bienfait
Hélène Journé - Michel
Résumé
La présente communication constitue un propos d’étape présentant les résultats d’un travail exploratoire engagé auprès de dirigeants artisans et dresse plusieurs propositions d’un programme de recherche sur l’innovation et la conception dans les entreprises artisanales.
L’artisanat est réputé s’inscrire dans la tradition par la maîtrise technique de savoir-faire et l’importance de l’apprentissage du « tour de main », mais force est de constater que les représentations sociales de l’artisan l’associent plus rarement à l’innovation et à la créativité. Notre recherche a pour objectif d’apporter un éclairage nouveau sur cette question de la conception et de l’innovation dans les entreprises artisanales et de proposer un cadre d’analyse pour s’en saisir.
Ainsi, l’innovation dans les entreprises artisanales semble s’inscrire dans un rapport complexe entre tradition et modernité, étant donné l’importance de l’héritage lié au métier, des savoir-faire existants et du portefeuille de compétences de l’artisan. Elle appelle donc un cadre d’analyse spécifique, où les variables relatives à l’entrepreneur, à l’univers de métier et à l’environnement apparaissent très structurantes. Nous privilégions une approche processuelle de l’innovation par l’analyse de la dynamique d’apprentissage, des ressources et des réseaux mobilisés par les artisans.
