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Communications par thème

Thème : Gouvernance DD
La théorie des stakeholders permet-elle de rendre compte des pratiques d'entreprise en matière de RSE ?

Auteurs

Franck Aggeri

Aurélien Acquier

Résumé 

S'inscrivant au départ dans la lignée des travaux sur la Responsabilité Sociale de l'Entreprise (RSE), la théorie des stakeholders, apparue aux Etats-Unis au début des années 80, s'en différencie par sa visée opérationnelle, managériale et stratégique. A cette aune, elle est considérée par de nombreux auteurs comme un nouveau cadre intégrateur pour le management stratégique. Si certains développements théoriques font débat au sein de courant de recherche, les auteurs partagent un cœur théorique constitué de quatre propositions :  1) l'entreprise a des stakeholders qui ont des exigences à son égard ; 2) tous les stakeholders n'ont pas la même capacité d'influence sur l'entreprise ; 3) la prospérité de l'entreprise dépend de sa capacité à répondre aux demandes des stakeholders influents (responsiveness) ; 4) la fonction principale du management est de tenir compte et d’arbitrer entre des demandes potentiellement contradictoires des stakeholders. Nous désignerons dans l'article par "modèle stakeholder" l'ensemble constitué de ces quatre propositions.

L'engouement des chercheurs en gestion pour la théorie des stakeholders coïncide avec l'intérêt qu'il suscite dans les entreprises depuis la fin des années 90. Associé aux démarches des entreprises en matière de RSE, le management des stakeholders devient le moyen de concrétiser ces démarches dans l'entreprise. Naturalisé dans les discours des entreprises, le modèle stakeholder alimente également une importante production d'instruments de gestion. Si la théorie des stakeholders revêt à la fois une dimension compréhensive et managériale, l'objet de cet article se limite à interroger la première dimension. Autrement dit, dans quelle mesure le modèle SH permet-il de rendre compte des pratiques des entreprises qui revendiquent son utilisation en matière de RSE ?

Pour traiter cette question, nous procéderons en trois temps :

- dans un premier temps, nous retracerons la généalogie des travaux théoriques sur les stakeholders afin de distinguer parmi les propositions actuellement débattues, celles qui constituent le cœur de la théorie ;

- dans un second temps, nous mettrons à l'épreuve le modèle stakeholder à partir de deux études de cas différenciées : la mise en place d'une politique de concertation dans les cimenteries du groupe Lafarge, la mise en oeuvre d'une politique de Lafarge en matière de Sida.

- dans une troisième temps, nous discuterons plus généralement de la portée compréhensive du modèle stakeholder. A cet égard, nous mettrons en évidence deux limites de ce modèle. Première limite : en privilégiant une approche adaptative de la stratégie des entreprises, la le modèle stakeholder ne rend pas compte des processus de convergence observés dans les discours et les pratiques d'entreprises (isomorphisme). Deuxième limite : en mettant l'accent sur une conception relationnelle et en termes de rapports de force de la stratégie, le modèle stakeholder ne rend pas compte des processus d'apprentissages collectifs et des démarches de pionniers qui émergent entre certaines entreprises et leurs stakeholders. A cette aune, nous formulerons quelques propositions permettant d'enrichir la théorie des stakeholders dans un cadre dynamique des apprentissages collectifs.

Thème : Gouvernance DD
ÉCO-EFFICIENCE ET COMPÉTITIVITÉ : UNE ÉTUDE DE CAS DANS L’INDUSTRIE CANADIENNE

Auteurs

Jean D. KABONGO

Olivier BOIRAL

Résumé

Les dirigeants d’entreprises font face à des contraintes environnementales grandissantes de la part des gouvernements et de la société, qui exigent l’adoption de systèmes de production propre souvent coûteux. Nombre d’études portant sur ces considérations sont surtout orientées vers la description des conditions et des implications de l’harmonisation entre l’écologie et l’économie de l’entreprise. Cependant, peu de recherches empiriques se sont attachées à décrire le cheminement parcouru par les entreprises industrielles dans le processus d’intégration de ces différentes contraintes. Pour mieux comprendre cette question, une étude menée auprès des responsables de douze entreprises industrielles qui mettent en œuvre les pratiques de l’écologie industrielle a été réalisée. Les résultats montrent que, tant pour les entreprises pour lesquelles la revalorisation résiduelle constitue la vocation principale que pour celles dont cette revalorisation se fait en marge des opérations de production industrielle, l’intégration de l’écologie et de l’économie répond d’abord et avant tout à une logique de rentabilité. Un modèle de l’évolution de cette intégration est proposé. Celui-ci s’articule autour des quatre étapes essentielles : expérimentation, intégration fonctionnelle, développement d’un noyau de compétences et consolidation stratégique.

 

Thème : Gouvernance DD
Cohérence et gouvernement d’entreprise La construction d’une légitimité globale

Auteurs

Christian CADIOU

Jérémy MORVAN

Patrick GABRIEL

Résumé

Nous nous proposons de construire un modèle théorique original utile à la mise en œuvre de la politique de légitimation du noyau stratégique. Il s’agit d’élaborer une démarche intégrée de la gouvernance reposant sur une logique de légitimité utile au dirigeant pour instaurer ou raffermir la confiance. Dans ce contexte, nous analysons tout d’abord les différents arrangements gouvernementaux. Nous élaborons ensuite des grilles de lecture sur la base d’une vision  à trois dimensions de la légitimité. Nous les appliquons enfin à des strates qui correspondent à chaque logique d’implications dans et autour d’un projet économique. Le modèle ainsi élaboré permet tout d’abord de définir puis visualiser le gouvernement équilibré intra strate. Il s’enrichit ensuite d’une approche agrégée utile pour appréhender un équilibre inter strates fondé sur une analyse transversale emprunte de cohérence. Il permet enfin au noyau stratégique de se situer dans la complexité de la gouvernance, d’identifier les décalages et incohérences de la politique de légitimation mise en œuvre et d’orienter les investissements stratégiques en gouvernement dans une logique d’interaction. La cohérence en matière de légitimité est alors un levier essentiel de la représentation du projet. C’est un véhicule de la confiance dans l’action du noyau stratégique et de la pérennisation du projet stratégique. 

Thème : Gouvernance DD
Le Développement Durable : Une problématique de gestion ?

Auteurs

Anne KRUPICKA

Benjamin DREVETON

Résumé

Cette communication s’intéresse à l’accroissement de la thématique du développement durable dans les recherches en sciences de gestion. Différentes mutations dans l’environnement des entreprises sont à l’origine de l’accroissement de cette thématique et de pratiques mises en œuvre par les entreprises pour intégrer le développement durable dans leurs activités.

Ce mouvement engendre des situations de gestion nouvelles qui intéressent de plus en plus la communauté scientifique de gestion. En finance, en marketing, en contrôle de gestion, en GRH ou en stratégie, les travaux de recherche se multiplient. Toutefois, comme nous l’indiquerons, la mobilisation de cette nouvelle notion ne renouvelle pas fondamentalement les problématiques développées dans ces différentes disciplines. De la même façon, les ancrages théoriques utilisés ne constituent pas une nouveauté, il s’agit de l’adaptation de théories existantes (convention, organisation apprenante, etc.) à cette nouvelle préoccupation de l’entreprise.

Ainsi, en pratique si le développement durable prend de l’ampleur, il faut nuancer ce constat car cette thématique n’a pas la même importance suivant son intégration plus ou moins forte au système de management. De la même façon, en théorie, ce concept s’impose comme un sujet de recherche (il ne s’agit pas uniquement d’un effet de mode) mais il ne semble pas renouveler les problématiques existantes en sciences de gestion. Il permet d’adopter un angle d’analyse nouveau.

 

Thème : Gouvernance DD
La « coalition de contrôle » : Une spécificité du gouvernement d’entreprise français

Auteur

Julien LE MAUX

Résumé 

De nombreuses recherches sur le gouvernement d’entreprise ont porté sur les spécificités des structures actionnariales des sociétés en fonction de l’appartenance de ces dernières aux marchés anglo-saxons (actionnariat diffus) ou à l’Europe continentale (actionnariat concentré) ou, lorsque ces entreprises étaient en Europe continentale, sur leur structure familiale ou non. Or, la littérature académique a essentiellement porté son intérêt sur la comparaison entre les différentes structures, sans pour autant analyser de façon détaillée chacune d’entre elle.

Cette recherche a pour objectif d’apporter un certain nombre de précisions conceptuelles quant aux différents acteurs du gouvernement d’entreprise. Elle vise à enrichir l’approche traditionnelle des problèmes de gouvernance en introduisant une notion applicable à toutes les sociétés, la « coalition de contrôle ». Cette dernière permet d’apporter une information complémentaire à la traditionnelle utilisation du 1er ou des 3 premiers actionnaires dans les études empiriques.

L’étude de deux sociétés cotées, Vivendi-Universal et Teisseire, la première manageriale (au sens de l’Europe continentale) et la seconde familiale, permet de mettre en pratique les développements théoriques proposés.

 

 

Thème : Gouvernance DD
Développement durable et entreprises : du concept à la typologie

Auteur

Annelise Mathieu

Résumé

Débats publics, conférences, concertations, nul ne peut plus nier que le contexte est aujourd’hui résolument tourné vers le développement durable.

Concept « caméléon », « multiforme » ou « pluridimensionnel » pour certains, « polymorphe » ou « fourre-tout » pour d’autres, le développement durable souffre pourtant d’une cruelle absence de consensus dans le monde de la recherche en sciences de gestion.

Face à ce constat, cette recherche participe aux réflexions autour de la traduction du concept pour l’entreprise. Elle offre les bases d’une typologie des principaux concepts et théories, susceptibles de conduire à une clarification du concept et de ses implications pour l’entreprise.

En s’appuyant sur une étude empirique réalisée auprès des directeurs du développement durable des principales entreprises françaises, elle précise les enjeux et les limites de l’appropriation du concept par l’entreprise et ouvre la voie à de nouvelles pistes de réflexions sur le sujet.

Thème : Gouvernance DD
Intégrer les préoccupations sociales dans la stratégie d’entreprise : une analyse de dix rapports de développement durable

Auteurs

Marie-Josée Roy

Leila El Kamel

Résumé

À l’heure où de nombreux pays ont adopté les principes du développement durable comme base d’intégration de leurs préoccupations sociales, environnementales et économiques, les entreprises subissent de plus en plus de pressions pour assumer leur responsabilité sociale en investissant davantage dans le capital humain et dans l’environnement. Les concepts de « responsabilité sociale des entreprises », de « développement durable », de « triple bénéfice » et d’« entreprise citoyenne » suggèrent que les entreprises sont redevables à plusieurs parties prenantes. Toutefois, ces concepts demeurent encore trop vagues pour être opérationnels et pour permettre aux entreprises de véritablement intégrer ces préoccupations dans leurs différents processus d’affaires.

 

Les entreprises qui élaborent leur stratégie de développement durable doivent donc relever un énorme défi : établir et quantifier le lien entre leurs initiatives à caractère social et leur performance financière. Pour y arriver, les dirigeants doivent soigneusement identifier les déterminants de leur performance sociale et la manière dont celle-ci influence la rentabilité future de l’entreprise. Dans un article récent, Epstein et Roy (2001) ont proposé un cadre d’analyse intégrateur pour guider les dirigeants lors de la formulation et de la mise en œuvre de leurs stratégies de développement durable. Le cadre d’analyse décrit les déterminants de la performance sociale et environnementale des entreprises, les actions que peuvent entreprendre les dirigeants afin d’influencer cette performance et les conséquences de celles-ci sur la performance financière. En utilisant ce cadre d’analyse comme point de référence, l’objectif du présent article est d’analyser les rapports publics de développement durable de dix entreprises et d’évaluer si, dans leurs communications avec leurs parties prenantes, ces entreprises établissent un lien entre leurs stratégies de développement durable et la création de valeur. Cet examen a permis d’approfondir notre connaissance des divers éléments pouvant favoriser l’établissement d’un lien entre la stratégie de développement durable des entreprises et la création de valeur, et la manière selon laquelle les entreprises choisissent de rapporter leurs choix à leurs parties prenantes. Les rapports analysés démontrent notamment que les grandes entreprises commencent à peine à se doter d’outils leur permettant d’évaluer les conséquences financières de leur stratégie de développement durable. De plus, ces outils sont plus orientés vers les investissements et vers les dépenses liées à la performance environnementale.

 

 

Thème : Gouvernance DD
Le rôle de l’approche par les parties prenantes dans l’initiation d’une politique de développement durable : Etude du cas d’une entreprise de transport urbain

Auteurs

Emmanuelle Dontenwill

Emmanuelle Reynaud

Résumé 

Nous ne disposons guère de concepts opératoires pour penser le développement durable dans l’entreprise. Entre la notion consensuelle et molle de développement durable et les expérimentations et normes en cours d’élaboration, les cadres théoriques permettant de structurer avec recul une réflexion de fond sur l’intégration du Développement Durable par les entreprises sont absents. Une exception cependant apparaît, la théorie des parties prenantes, très souvent associée aux questions de développement durable et de responsabilité sociale de l’entreprise. Si son vocabulaire est de plus en plus utilisé dans les rapports développement durable publiés ces deux dernières années en France suite à la loi NRE (Nouvelle Réglementation Economique), les recherches montrant, de façon explicite, en quoi l’approche par les parties prenantes permettrait d’initier une politique de développement durable, font encore défaut.

L’approche par les parties prenantes, est-elle toujours positive ou bien au contraire entrave-t-elle ou ralentit-elle la mise en place d’une politique de développement durable ?

Cet article tente d’apporter des premiers éléments de réponse à cette différente question. Il s’agit d’étudier le rôle (positif mais aussi négatif) de l’approche par les parties prenantes dans la formulation d’une stratégie de développement durable. Le cas d’initialisation d’une politique de développement durable dans une entreprise exploitant un réseau de transport urbain est étudié.

Dans le cadre particulier de l’entreprise de transport public étudiée, l’approche par les parties prenantes a eu pour vertus d’incarner les intérêts économiques, sociaux et environnementaux, les trois piliers du Développement Durable. Cette approche paraît donc pertinente pour effectuer un diagnostic préalable à la formulation d’une stratégie de développement durable.

La considération des parties prenantes a par ailleurs eu le mérite de mettre en évidence les blocages et d’aborder la délicate question de la concertation, du dialogue et de la participation. La méthodologie la plus efficace pour lever ses blocages et initier une politique de développement durable peut donc être choisie.

Elle met également au jour la complexité des imbrications des acteurs développement durable sur un territoire donné, à propos d’une problématique particulière, celle de la « mobilité durable » de ses habitants.

Par ailleurs, elle permet de questionner en amont la vocation même de l’entreprise en tant que partie prenante dans une société et un environnement naturel et propose un modèle plus humain de l’entreprise.

Cependant, cette approche est lourde à mettre en œuvre et ralentit la formulation de la stratégie du fait de la prise en compte d’un grand nombre de parties prenantes et rendant du coup l’approche plus paralysante qu’opératoire.

En outre, le caractère « socio-centré » de l’approche parties prenantes place la Nature au second plan derrière l’homme et risque de négliger le pilier environnemental du développement durable.

De même, son caractère « firmo-centré » tend à placer l’entreprise au cœur de la problématique alors qu’elle peut se situer parfois à la périphérie et jouer un rôle secondaire. Ce constat dépasse donc le champ d’action de l’entreprise et invite à une prise en compte conjointe du développement durable par les pouvoirs publics, les collectivités territoriales et le monde économique.

Enfin, sans considérations éthiques, l’approche « parties prenantes » peut devenir un outil de manipulation. Or le développement durable perd beaucoup de son esprit et de son souffle lorsqu’il est réduit à une instrumentalisation.

A l’issue de ce bilan apports/limites, il ressort que l’approche partie prenante offre un intéressant outil de diagnostic pour initier une stratégie de développement durable, en revanche elle n’est pas suffisamment opératoire pour résoudre les difficultés qu’elle met au jour (à savoir le dépassement des conflits d’intérêts qu’incarnent voire exacerbent la prise en compte des revendications des parties prenantes).

 

Thème : Gouvernance DD
La gouvernance des entreprises financées par capital-investissement : d’une approche juridico-financière à une approche cognitive

Auteur

Anne Stévenot

Résumé

La relation entre capital-investisseur et dirigeant a principalement été étudiée sous l’angle de la théorie de l’agence. Les recherches ont principalement porté sur les mécanismes de contrôle et d’incitation instaurés par l’investisseur. Mais ces analyses occultent le comportement du dirigeant face aux investisseurs et ignorent le rôle cognitif de l’actionnaire, d’apport en ressources cognitives. Des études, à caractère scientifique ou non, montrent une implication de l’investisseur dans la stratégie et l’organisation de l’entreprise et suggèrent une influence sur la création de valeur. Afin de mieux comprendre comment et dans quelle mesure se font ces interventions et ces apports au cours de la relation capital-investisseur – dirigeant, une démarche qualitative d’études de onze cas d’entreprises françaises financées par capital-investissement a été menée. Il en ressort que les principaux domaines d’intervention des investisseurs concernent l’incitation à la croissance externe, une aide en matière de gestion financière ainsi qu’une pression à la gestion à court-terme et aux résultats financiers. Pour certains dirigeants, les investisseurs jouent un rôle de «ballon d’essai » et de « garde-fou ». Toutefois, leurs apports, en dehors du strict domaine financier, restent limités en raison de leur manque de compétences spécifiques en stratégie et organisation, parfois de connaissances du secteur. De plus, leurs objectifs à court-terme sont souvent en contradiction avec ceux, à plus long-terme, du dirigeant. Plusieurs dirigeants se disent déçus de la capacité des investisseurs à mobiliser leur réseau. Ils considèrent que leur présence a peu d’influence positive sur les relations de l’entreprise avec ses partenaires, à l’exception des relations avec les banques pour les entreprises en création. D’une manière générale, on observe une volonté d’indépendance marquée et une affirmation du pouvoir des dirigeants face aux investisseurs. Les dirigeants manifestent des états de réactance devant leur intervention et leurs conseils. La gestion des ressources humaines est un domaine particulièrement sensible à cet égard. Il en découle des stratégies d’enracinement par lesquelles le dirigeant préserve ou élargit son pouvoir face à l’investisseur et limite son rôle à celui d’apporteur de fonds plus que de partenaire à la stratégie et l’organisation. Ceci pose la question de l’efficacité des systèmes de gouvernance dans une perspective cognitive.