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Communications par thème

Thème : \Organisation - KM
Une vision intégrative du transfert de connaissance sous l’angle de la théorie de l’activité

Auteur

Boris Berthon

Résumé

 La transversalité conceptuelle du transfert intra-organisationnel de connaissance ne manque pas de troubler le chercheur, qui tantôt y verra un processus d’apprentissage social et émergent, tantôt un processus formalisé, instrumentalisé dans le cadre d’un projet. Face à ce constat et un intérêt grandissant pour la connaissance organisationnelle appréhendée comme ressource stratégique durable de l’organisation, nous proposons une vision intégrative dans le cadre de la théorie de l’activité.

Le transfert de connaissance apparaît alors comme un processus dyadique d’affectation de l’expérience d’une unité organisationnelle par celle d’une autre. Sa dynamique obéit à la recherche d’ordre social et matériel. Dans une certaine mesure, les tensions au sein des unités réceptrices peuvent être induites par l’unité source. Leur résolution collective est alors fonction du contexte social des acteurs récepteurs.

Au travers d’un cas d’entreprise et d’une démarche qualitative par entretiens semi-directifs, nous proposons une illustration de cette approche en soulignant la complémentarité dynamique des deux composantes du transfert s’appuyant sur une organisation sociale différente. Une composante délibérée pendant laquelle l’unité source identifie, adapte et déploie la connaissance à transférer au sein du système d’activité récepteur. L’ampleur de ces perturbations peut déclencher des processus sociaux d’apprentissage au sein des unités réceptrices. L’analyse du cas montre que les structures sociales en support de ces composantes diffèrent dans leurs caractéristiques.

Au travers de cette communication, nous souhaitons encourager une approche globale du transfert tenant compte de sa complexité dans un souci de réalisme scientifique. Elle suppose une hétérogénéité des champs théoriques mobilisés en se souciant de leur compatibilité.

Thème : \Organisation - KM
Diversités et similitudes des stratégies de gestion des connaissances : pour une lecture conventionnaliste

Auteurs

Anne De Vos

Claire Lobet-Maris

Anne Rousseau

Résumé

La question de recherche qui anime le présent article est liée aux dispositifs de Knowledge Management (KM) mis en œuvre dans le centre de conception d'une entreprise du secteur automobile. Plus particulièrement, notre ambition est d’expliquer à l’aide d’un cadre d’analyse conventionnaliste les différences de stratégies et de pratiques que nous avons pu observer au sein de deux entités du centre de conception de cette entreprise.

Ce cadre d’analyse conventionnaliste définit trois concepts-clés (énoncé, dispositif et force de conviction de la convention) qui permettent aux chercheurs que nous sommes, tant de décrire le système de règles que de le repérer : "Analyser une convention, ce n’est pas analyser un concept : c’est étudier très précisément comment se construit, se repère et se modifie concrètement ce système d’information entre les individus." (Gomez, 1997).

 Dans la recherche qui nous occupe nous avons donc choisi d’appréhender la gestion des connaissances en termes de convention. L'étude de cas porte sur le centre de conception de l'entreprise Innovauto et montre comment le KM peut s'intégrer en soutien à la gestion de projet complexe. La mobilisation du cadre conventionnaliste nous permettra de comprendre comment des dispositifs de KM différents peuvent se mettre en place au sein d'une même organisation. 

 

Thème : \Organisation - KM
La diffusion des connaissances vers les PME : vers un modèle d’exploration collective

Auteur

Corine Genet

Résumé

Si les relations entre la recherche publique et l’industrie s’établissent « naturellement » avec les grandes entreprises, il en va différemment avec les petites entreprises traditionnelles. Plusieurs rapports nationaux et européens soulignent cette faiblesse qui n’est pas sans conséquence sur la capacité d’innovation de ces entreprises qui ont besoin d’aller puiser à l’extérieur les connaissances et compétences qu’elles ne possèdent pas en interne. Comprendre comment les organismes de recherche publics peuvent améliorer leurs relations avec les PME est peu à peu devenu un enjeu important en matière de politique publique d’innovation. Outre la question du transfert, l’amélioration de la diffusion des connaissances entre les organismes de recherche publics et les PME pose également en amont celle du mode de production des connaissances.

Notre analyse montre que deux modes de production / diffusion des connaissances vers l’industrie distincts coexistent. Le premier, basé sur la co-production de la demande et des connaissances, se caractérise par la simultanéité du processus de production et de diffusion. Le second, basé sur l’exploration collective et la standardisation de la demande et des connaissances, dissocie la phase de production et de diffusion dans le temps mais développe une stratégie d’organisation permettant une totale connexion des deux phases. Alors que le premier mode fonctionne de manière plutôt satisfaisante pour le transfert de connaissances vers les grandes entreprises ou les PME high-tech, le second semble plus adapté aux coopérations entre la recherche publique et les PME faiblement intensives en recherche. Cet article met en perspective ce modèle de production / diffusion des connaissances vers les PME traditionnelles à la lumière d’un cas de coopération entre un institut de recherche public et une petite entreprise.

Nos conclusions montrent que pour dépasser le problème de capacité d’absorption limitée des PME faiblement intensives en recherche, les laboratoires de recherche publics doivent adopter un mode de production / diffusion basé sur l’exploration collective. Pour ce faire, les organismes de recherche doivent mettre en place des laboratoires spécialisés dans la diffusion vers les PME ou s’appuyer sur des structures externes fortement connectées aux unités de recherche de l’institut.

 

Thème : \Organisation - KM
Le Learning Mix : un modèle intégré pour comprendre les implications managériales de la gestion des connaissances.

Auteurs

Bertrand Moingeon

Alexandre Perrin

Résumé

Si le partage et la création de connaissances, ou encore le développement de l’innovation constituent des enjeux affichés par de nombreuses entreprises, rares sont celles qui adoptent une démarche concrète et opérationnelle permettant de relever ces défis. Se limiter à des considérations technologiques ne saurait suffire. Il s’agit de prendre en compte également les dimensions stratégique, organisationnelle et culturelle. C’est précisément ce que propose le modèle du Learning Mix.

Dès lors, comment une entreprise met-elle en place de manière effective un tel modèle ? L’étude empirique présentée dans ce papier porte sur l’observation des actions entreprises par un Knowledge Manager chargé de coordonner une politique de management des connaissances au sein de l’entreprise Lafarge et sur la réalisation d’entretiens semi directifs auprès des acteurs concernés par le projet. Cette étude, abordant les différentes dimensions du modèle, nous permet de soulever les questions managériales liées à la gestion des connaissances. Elle met en évidence les difficultés à définir les bonnes pratiques composant le portefeuille des connaissances, les actions entreprises pour diffuser une culture incitant au  partage des connaissances, les investissements réalisés pour améliorer le système de diffusion de l’information et les efforts de mise en place d’une structure dédiée au management des connaissances. Cette communication a pour but d’illustrer les enjeux qui incombent aux praticiens chargés de la mise en place effective d’une approche qui est trop souvent limitée à des considérations conceptuelles.

 

 

Thème : \Organisation - KM
De l’émergence des mythes gestionnaires : une déconstruction du Knowledge Management au travers de la philosophie de Roland Barthes

Auteur

Amaury GRIMAND

Résumé

Les organisations comme toute communauté humaine véhiculent des récits imaginaires, des formes symboliques et sont imprégnées de références mythiques (Cabin, 1999). Pour autant, si une vision de l’organisation comme ordre symbolique est aujourd’hui couramment admise, force est d’admettre que peu de travaux, à l’exception notable de ceux de James G. March (1999, 2003) se sont penchés sur la fonction sociale de ces mythes gestionnaires, tout en tentant d’en démonter les ressorts profonds et de travailler à leur déconstruction.

Depuis le début des années 1990, le succès des travaux dédiés à la gestion des connaissances ne s’est pas démenti. Ce mouvement embrasse à la fois une production de discours, un ensemble hétérogène de pratiques, une instrumentation de gestion abondante, tout en ayant institué un champ de recherche à part entière. Dans le champ du management stratégique, un certain nombre de travaux, dans le prolongement de la Resource-Based View (Wernefelt, 1984) ou de l’approche par les compétences fondamentales (Hamel et Prahalad, 1994) ont montré la contribution des connaissances tacites à la compétitivité des firmes au point d’y voir les prémisses d’une nouvelle théorie de l’avantage concurrentiel (Grant, 1996). Ce champ est aujourd’hui incontestablement doté de la plupart des attributs qui fondent une « mode managériale » selon la conceptualisation opérée par Abrahamson (1996, 1999). La littérature académique dédiée au Knowledge Management a ainsi connu une croissance exponentielle sur la période récente, attestant de l’autonomisation et de l’institutionnalisation progressive du champ. Ce discours sur le Knowledge Management est également porté et légitimé par des gourous et les récits héroïques des entreprises pionnières. Aux yeux de certains chercheurs (Scarbrough et Swan, 2001b ; Raub et Rüling, 2001), le Knowledge Management constituerait de fait un objet d’investigation idéal pour appréhender et décrire les figures de la rhétorique managériale.

C’est à cet effort d’investigation que nous invitons dans cet article. Nous questionnons dans un premier temps la fonction sociale des mythes, et de ce qu’il est convenu d’appeler à la suite de March (1999) les mythes du management et les mythes gestionnaires. Nous en détaillons 4 formes récurrentes qui traversent le champ des sciences de gestion : le mythe de la rationalité, le mythe de la hiérarchie, le mythe du leader individuel, le mythe de l’efficience historique (§1). Nous proposons alors un essai de déconstruction des figures du langage mythique empruntant à la philosophie de Roland Barthes. Cette investigation nous permet de dégager 7 figures principales du langage mythique à l’œuvre dans la diffusion du Knowledge Management : la vaccine, la privation d’histoire, le ninisme, l’identification, la tautologie, le constat, la quantification de la qualité (§2). Par delà l’exercice de style, nous entendons alerter sur la part de mystification à l’œuvre dans le discours institutionnel sur la gestion des connaissances et ses conséquences induites dans le champ de la pratique au travers de retours d’expérience parfois décevants.

 

Thème : \Organisation - KM
Gestion de l’attention et création de connaissance : une étude processuelle de l’allocation des ressources attentionnelles d’une cellule de veille concurrentielle

Auteur

Cécile Belmondo

Résumé

Avec le développement des technologies de l’information et de la communication, les acteurs des organisations se plaignent fréquemment d’une surcharge informationnelle. Réapparaît alors un concept introduit par March et Simon dès 1958 : l’attention. La plupart des recherches actuelles s’intéressant à cette notion cherche avant tout à comprendre quels sont les déterminants qui permettent d’attirer l’attention des individus vers certains éléments plutôt que vers d’autres. Nous nous positionnons sur la problématique inverse : nous cherchons à comprendre comment un groupe d’individus disposant de ressources attentionnelles limitées alloue quotidiennement ces ressources.

Pour cela, nous utilisons une recherche antérieure portant sur les processus de création de connaissances à partir de l’analyse des interactions interindividuelles et de la pertinence des connaissances créées. En associant à chaque catégorie d’interactions un type d’allocation de l’attention (en terme d’intensité et de sélectivité), nous analysons les allocations successives d’attention du groupe.

La comparaison de deux processus permet de souligner l’importance qu’il convient d’apporter à la gestion des ressources attentionnelles des groupes organisationnels. Elle souligne le danger d’allouer trop précocement la plus grande partie de ces ressources à certains foyers d’attention et préconise une alternance entre des allocations individuelles et collectives de l’attention. Un résultat de cette recherche est donc de souligner l’importance des arbitrages à effectuer entre attention individuelle et attention collective et de l’évaluation soigneuse des foyers successifs