Auteur
Pierre ROY
Résumé
Cette première recherche s’intéresse au thème des stratégies concurrentielles de perturbation. Dans une métaphore ludique de la concurrence, cette manœuvre consiste à bousculer les règles du jeu existantes afin d’y substituer un jeu inédit dont seul l’initiateur maîtrise les modalités. Différents courants de recherche traitent du thème de la perturbation (hypercompétition, disruption, innovation stratégique) et montrent comment cette attitude radicale peut s’avérer payante pour une entreprise. Précisément, la littérature (essentiellement managériale) sur l’innovation stratégique illustre le procédé par des succès stratégiques exemplaires liés à une profonde reformulation des règles du jeu au sein de diverses industries : la montre (Swatch), l’équipement informatique (Dell), le livre (Amazon.com), le rasoir (Bic), le meuble (Ikéa), le transport aérien (Ryanair), etc.
Nous avons choisi d’investir le cas particulier où l’innovation stratégique est introduite par une firme installée (incumbent) et dominante. A travers le cas du secteur français de l’exploitation cinématographique, la recherche questionne les implications d’une stratégie de rupture (les multiplexes) menée par les leaders du marché (Pathé, UGC et Gaumont).
L’approche longitudinale et rétrospective du cas s’appuie sur une quarantaine d’entretiens. Elle montre comment les multiplexes ont bouleversé la totalité des paramètres sectoriels et permis à leurs promoteurs de redessiner les contours de leur domination. Les gains stratégiques s’appuient notamment sur un renouvellement du modèle économique, des effets sur le jeu concurrentiel et une réactualisation des rapports le long de la filière.
