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Robic Paulette

Auteur

Paulette Robic

Résumé

La relation entre les comportements stratégiques des entreprises et les ruptures  environnementales, est une question de recherche devenue classique en management stratégique. Elle n’en reste pas moins  passionnante pourvu qu’on la nourrisse à la fois d’une analyse stratégique et  d’une analyse socioéconomique. Avec ce regard croisé l’environnement est envisagé sous l’angle économique mais aussi juridique, sociologique, politique, familial, culturel… L’entreprise s’enracine dans ces multiples sphères. L’entreprise est alors considérée comme encastrée dans la société toute entière. Elle est socialement construite. Dans cette perspective, la question du management des ruptures environnementales, pour être mieux comprise, doit prendre en considération cette insertion de l’entreprise dans l’environnement pris au sens large. C’est ce regard croisé que nous adoptons dans le cadre de cette communication pour comprendre le management stratégique des ruptures environnementales. Nous mobilisons en priorité la notion d’encastrement développée par la Nouvelle Sociologie Economique (NSE) pour mener notre réflexion. Par rupture environnementale nous entendons les mutations de l’environnement, dans lequel l’entreprise évolue, dont l’ampleur modifie la lecture de l’espace concurrentiel, autrement dit, modifie les règles du jeu concurrentiel. Nous soutenons la thèse que le management  stratégique des ruptures environnementales se fait par interrelation entre les différentes sphères dans lesquelles l’entreprise évolue sous l’action des réseaux qu’elle a su développer.  Cet encastrement génère des orientations stratégiques qui peuvent paraître « paradoxales » dans une vision strictement stratégique mais « naturelles » et surtout pertinentes dans une approche socioéconomique. Dans cette  perspective le cas particulier de l’entreprise familiale Laconie1a été étudié afin de comprendre comment elle a su se développer face à une rupture juridico-économique là où d’autres ont échoué. L’étude longitudinale de Laconie a mis en exergue le fait que face à un changement brutal l’entreprise a été contrainte de modifier ses orientations stratégiques. Elle a adopté un comportement défensif, réactif. En même temps ce comportement sous contrainte a été novateur, en rupture avec ses pratiques antérieures. On peut dire que Laconie a été à la fois   proactive et défensive. Il y a eu interférence entre l’adaptation et l’action. Cette interférence a abouti à une conjugaison de l’innovation et de la tradition : conjugaison qui paraît toute « naturelle » dans une logique socioéconomique mais paradoxale dans une logique stratégique classique des pratiques de l’entreprise. L’appartenance de Laconie à de multiples réseaux a participé à forger et institutionnaliser dans le temps ce management « paradoxal » avec l’histoire sociale de ces dirigeants. Au final l’étude de cas illustre le rôle des réseaux sociaux dans  le management stratégique des ruptures environnementales exacerbé par l’histoire sociale  des dirigeants. Même si  l’approche par l ‘étude d’un seul cas ne nous permet pas de tirer des conclusions de portée générale, elle montre l’intérêt de la notion d’encastrement et plus largement du regard de la Nouvelle Sociologie Economique, pour aider à mieux comprendre le management stratégique des ruptures environnementales.  En synthèse nous dirons que l’encastrement peut être utilisé en gestion comme un  outil d’éclairage, ni plus ni moins, pour lire les pratiques stratégiques des entreprises. Outil que nous nous proposons d’employer plus largement auprès d’autres études de cas pour mieux comprendre les pratiques stratégiques des entreprises dans un contexte en rupture.