AIMS

Index des auteurs > N'diaye Arielle

N'diaye Arielle, Soulie Janique

Dans un contexte d’importance et d’influence grandissantes des entreprises des pays émergents dans l’économie mondiale d’une part, dues notamment à leurs investissements directs et acquisitions/fusions d’entreprises aussi bien dans les pays en développement que dans les pays développés, et de celui de l’affaiblissement des dispositifs sociaux législatifs en Europe occidentale d’autre part, nous voulons participer et élargir le débat sur les nouveaux enjeux de la RSE et notamment ceux liés à la réimportation des pratiques RSE du Sud vers le Nord et ceux relatifs à leur convergence/ajustement. Selon une vision utilitariste, la RSE constitue une arme stratégique brandie par les entreprises pour accroître leurs avantages concurrentiels et gérer leur risque de réputation. Si l’on envisage les choses dans leur dynamique, les pratiques de RSE s’intègrent dans un processus de régulation, normatif voire coercitif, de la mondialisation. Au travers du croisement de la théorie des parties prenantes avec la perspective institutionnaliste et à l’aide de l’analyse de contenu des rapports de développement durable ou RSE de huit groupes chinois implantés en Europe, cette communication montre que les pratiques et actions RSE menées par les entreprises des pays émergents qui s’implantent dans le Nord visent explicitement les salariés en premier lieu. On peut constater qu’en se concentrant sur la dimension sociale de la RSE, ces entreprises se situent clairement dans une mise à niveau sous contraintes législatives des pays d’accueil certes mais avec une volonté affichée de légitimation conduisant, au-delà d’un alignement, à une course vers le haut. L’engagement dans la RSE Sud-Nord pourrait dès lors apparaître comme un moyen de lever les barrières à l’entrée sur les marchés occidentaux et comme un support de la bifurcation stratégique des entreprises des pays émergents vers une compétitivité par l’innovation, une stratégie qui ne se limite pas uniquement à une celle d’image mais qui est dictée par une vision de leadership mondial dans beaucoup de secteurs. Se pose alors la question du possible rôle des entreprises du Sud dans la régulation de l’économie mondiale.