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Michel Sophie

La survie est une problématique majeure des entreprises face à l’instabilité croissante de l’environnement et l’importance accordée à l’opinion publique qui les oblige à renouveler la légitimité de leur activité pour continuer de se développer. La recherche de légitimité n’est pas un sujet nouveau des travaux de gestion qui se sont notamment appuyés sur la théorie néo-institutionnelle (TNI) pour qui la survie des organisations dépend de leur légitimité sociale (Rizza, 2008). La légitimité est en effet un concept central de la TNI (Colyvas & Powell, 2006), pour souligner les pressions de l’environnement institutionnel sur la position des entreprises mais également pour appréhender les actions de ces dernières sur leur processus de légitimation. Le niveau micro de ce processus reste cependant peu illustré par la TNI alors qu’il permettrait d’explorer plus finement les moyens par lesquels la légitimation a lieu. Par ailleurs, peu de travaux se sont intéressés à ce processus face à une situation de crise (Patriota et al. 2012) alors qu’elle amplifie la problématique de survie. Dans cette perspective, deux questions centrales se posent : Comment une entreprise parvient-elle à se reconstruire lorsque la légitimité de son activité est questionnée ? Quels sont les mécanismes à l’origine de la dynamique des ressources mobilisées pour se reconstruire? Pour cela, l’étude repose sur le cas unique d’un grossiste en fruits et légumes. L’existence du grossiste est presque paradoxale lorsque l’on constate son image de « parasite » de la Société (Mackeown, 2007) et les nombreuses remises en cause qui ont amené à annoncer sa disparition (Gadde, 2012). On retrouve ce paradoxe dans le domaine spécifique des fruits et légumes à la suite de la plateformisation de la grande distribution, dans les années 90, qui conduisait à prévoir le déclin des grossistes en fruits et légumes. Ces entreprises pourtant, ont survécu et continuent de jouer leur rôle d’intermédiaire. L’analyse du cas d’Orchade, leader de ce domaine, met à jour un processus de reconstruction complexe qui aboutit à une revalorisation de son rôle de grossiste par l’institutionnalisation de la qualité. Nous proposons deux mécanismes au cours de ce processus : le bricolage et le leadership institutionnel qui appréhendent la dynamique sur les ressources mobilisées. Ces mécanismes découlent d’une analyse interne à l’entreprise qui permet au final, d’apporter un éclairage nouveau sur la notion des ressources et la dimension politique du processus de reconstruction de la légitimité.