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Lallemand-stempak Nathalie

Malgré une reconnaissance croissante par la littérature académique ces dernières années, le concept d’organisation hybride reste à explorer plus largement sur le plan empirique. Cet article tente d’examiner ces organisations à la fois sous l’angle de la forme qu’elles adoptent, de l’identité dont elles se revendiquent ainsi que des logiques qui les traversent, par distinction avec des organisations qui ne seraient pas « hybrides ». Pour répondre à cet objectif, nous nous intéressons au secteur de l’assurance en France, qui regroupe historiquement un certain nombre d’acteurs que l’on peut qualifier d’hybrides : les mutuelles d’assurance. Pourtant central dans notre économie financiarisée, il reste un secteur encore peu documenté par la littérature, en particulier en ce qui concerne le rôle qu’y jouent aujourd’hui les assureurs mutualistes et la place qu’ils occupent. Il s’agit ainsi, dans cet article, de proposer un état des lieux du secteur de l’assurance en France aujourd’hui et d’explorer la spécificité des assureurs mutualistes, en tant qu’organisations a priori hybrides, par rapport à leurs concurrents non mutualistes. Sur le plan méthodologique, nous adoptons une démarche qui permette à la fois d’envisager le champ considéré dans sa globalité, sans occulter la dimension stratégique qui caractérise les acteurs observés et tout en rendant compte de sa complexité empirique. Dans cet objectif, nous réalisons une analyse comparative des assureurs mutualistes et des assureurs capitalistes pour faire émerger les modèles auxquels ils renvoient, à partir de sources similaires : les sites Internet de ces entreprises. Pour caractériser ces modèles, nous utilisons une grille d’analyse qui interroge à la fois la dimension politique : le modèle de gouvernance ; la dimension symbolique : la mission, les valeurs et la dimension stratégique des acteurs. A l’issue de l’analyse, nous montrons finalement qu’il existe bien deux modèles, mutualiste et capitaliste, de l’assurance. Ils sont portés par des logiques hétérogènes, mais partagent néanmoins des logiques communes, plus ou moins dominantes d’un modèle à l’autre, ce qui rend le passage de l’un à l’autre possible. Les logiques qui caractérisent les assureurs mutualistes les renvoient finalement à un caractère hybride tel que défini par la littérature, pour autant, les assureurs capitalistes n’apparaissent pas tous exempts de tension liées à l’accomplissement de la mission qu’ils se donnent.