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Charreire petit Sandra, Cusin Julien

Au-delà des critiques théoriques désormais classiques sur la visée essentiellement instrumentale des politiques RSE, il apparaît que certaines pratiques parmi les plus volontaristes – telles que l’aide au « rebond » des personnes éloignées de l’emploi – sont délaissées par les entreprises. Pourtant, ce rôle de tuteur de résilience semble correspondre à ce que souhaite l’entreprise pour elle-même, en matière d’engagement RSE. Dans ce contexte, nous interrogeons ce rôle de tuteur de résilience à travers le cas d’une structure associative, lancée par le groupe Suez Environnement en novembre 2011 : La Maison pour rebondir. Ce dispositif, testé à Bordeaux, se fixe l’objectif de favoriser l’accès à l’emploi durable pour des personnes en grande difficulté d’insertion professionnelle, via un accompagnement de longue durée. L’analyse qualitative des données permet d’établir plusieurs résultats intéressants. Tout d’abord, nous montrons qu’un dispositif d’aide au rebond comme celui-ci aide à produire du sens suite à ses échecs passés et à (re)construire un projet professionnel, mais est de peu d’utilité en termes d’absorption du choc consécutif à l’exclusion du marché du travail. Ensuite, en soulignant l’impuissance d’une structure isolée pour favoriser le rebond des personnes éloignées de l’emploi, le cas révèle l’existence d’un « système de résilience », venant ainsi enrichir les connaissances antérieures sur le « tuteur de résilience », traditionnellement évoqué dans la littérature. Enfin, notre texte met en exergue les risques d’une surprotection de ces publics fragiles, qui peut aboutir à leur stigmatisation dans l’entreprise.