AIMS

Index des auteurs > Ayache Magali

Ayache Magali, Laroche Hervé

Alors que les managers constituent une figure centrale des organisations, ils sont souvent vus comme déconnectés de leur hiérarchie. Or, ils ont des supérieurs. Cette communication se fixe pour objectif d’aborder la construction de la relation entre le manager et son supérieur à partir d’une démarche qualitative, ce qui nous permettra de réinterroger la théorie Leader-Member Exchange (LMX). Cette dernière est fréquemment retenue pour modéliser les relations entre supérieurs et subordonnés, elle démontre que qualité et dynamique par phases de la relation hiérarchique sont liées. Les tenants de cette approche ont principalement mobilisé des approches quantitatives pour aborder cette question. L’approche qualitative choisie repose sur des entretiens semi-directifs avec vingt-six managers d’organisations, de niveaux hiérarchiques et de fonctions variés. Un codage multithématique a été réalisé. L’analyse des entretiens montre que quatre phases peuvent apparaitre dans la construction de la relation entre un manager et son supérieur, avec des points de basculement éventuels de l’une à l’autre : (1) la phase de mise en route et d’apprentissage (durant laquelle le manager met en place des stratégies permettant de réduire l’incertitude quant aux attentes souvent floues du supérieur sur les tâches à accomplir et sur le mode de fonctionnement) ; (2) la phase d’établissement d’une confiance que nous qualifions de négative (caractérisée par des interactions peu fréquentes et peu développées, un feedback inexistant et un investissement minimal du manager dans la relation) ou d’une confiance que nous qualifions de positive (relation riche et auto-entretenue, se développant souvent sur le plan affectif et bien vécue par le manager) ; (3) une phase éventuelle de détérioration de la confiance (conduisant à de la méfiance ou à une confiance négative) et (4) une phase éventuelle de retour à la confiance. Ces différentes trajectoires conduisent à des qualités de relation différentes, ce qui nous permettra de mettre en évidence l’existence de trois groupes de subordonnés. Nous enrichissons la théorie LMX en montrant que la construction de la relation entre un supérieur et un subordonné n’est pas aussi linéaire que la théorie LMX le laisse supposer et qu’il y aurait trois, et non pas deux, groupes de subordonnés. Ces résultats sont synthétisés sous la forme de propositions.