AIMS

Keh Pauline, Palpacuer Florence
L’ambivalence de la résistance managériale au sein des firmes multinationales

Cette étude adopte une vision politique des relations global-local au sein des firmes multinationales afin d’explorer les stratégies adoptées par des managers de filiales pour faire face à la pression dominante du siège. Nous nous intéressons plus particulièrement aux formes de résistances déployées par des managers de filiale en contexte de tension entre des finalités globales-locales potentiellement contradictoires.
Notre analyse s’appuie sur une étude de cas approfondie de la résistance exercée par les managers de l’usine IBM de Montpellier (France) lorsque celle-ci a été confrontée à de sérieuses menaces de fermeture dans le milieu des années 1990.
Nos résultats révèlent l’existence d’une forme de résistance managériale subtile et ambiguë puisqu’elle reflète des attitudes à la fois « boy scout » et «subversives», partagées entre le consentement et la dissidence. Une ambivalence que l’on retrouve non seulement dans l’attitude des managers montpelliérains à l’égard de l’ordre global mais également dans leur attitude à l’égard des forces sociales locales.
Cette recherche contribue ainsi à la littérature sur les micro-politiques et sur la résistance au sein des firmes multinationales en dépassant la dichotomie traditionnellement établie entre conformité et résistance et en soulignant l'ambivalence des stratégies de résistance des managers de filiale puisque celles-ci combinent des comportements à priori contraires d’opposition et de consentement. Une ambivalence qui semble refléter les contradictions et le paradoxe inhérents au fait d’être un « manager résistant » au sein d’une multinationale et qui semble caractériser et différencier la résistance managériale d’autres formes de résistances collectives.