La croissance est un thème central de la recherche en entrepreneuriat et en stratégie d’entreprise (Delmar et al, 2003). Un grand nombre d’études existent en effet sur la croissance des PME (entreprise de plus de 20 salariés), des « high growth firms » ou des « start up », leurs antécédents et leurs effets (Davidsson et al, 2006). Cependant très peu de travaux concernent les très petites entreprises, et, a fortiori, les entreprises artisanales. Or on peut légitimement penser que les moyens plus restreints dont disposent ces entreprises de plus petite taille et leur plus grande focalisation sur le métier colorent fortement leurs choix de croissance et nécessitent des recherches spécifiques. En outre, peu de chercheurs travaillant sur la croissance s’intéressent aux modes de croissance utilisés par les entreprises, considérant implicitement le seul développement par croissance organique. Cette communication a donc pour objectif d’enrichir la littérature sur la croissance, d’une part, et sur l’entreprise artisanale, d’autre part, en levant le voile sur les stratégies utilisées par les entreprises artisanales pour croître. Pour ce faire, la grille d’analyse retenue, issue de la littérature sur la croissance des entreprises de plus grande taille, est tout d’abord présentée. Puis afin d’appréhender les stratégies réellement utilisées par les entreprises artisanales et le contexte dans lequel ces stratégies ont été sélectionnées, onze cas d’entreprises artisanales sont étudiés. Les résultats obtenus permettent de mettre en exergue la variété des stratégies de croissance utilisées par ces entreprises. Ils montrent notamment qu’une entreprise artisanale peut utiliser des stratégies trop souvent considérées comme étant l’apanage des grandes entreprises, telles que la diversification ou les acquisitions. Ils montrent également que les modes de croissance ne sont pas mutuellement exclusifs (McKelvie et Wiklund, 2010). En effet, en dépit de leur petite taille, les entreprises artisanales peuvent mener de front plusieurs stratégies de croissance. Le recours à des partenaires externes (alliances, partenariats verticaux) permet notamment à ces petites entreprises de lever les traditionnels dilemmes liés au manque de ressources et de compétences qui pourraient les contraindre à ne poursuivre qu’un seul projet de développement à la fois.