AIMS

Cusin Julien, Passebois-ducros Juliette
Les conditions d’une persistance appropriée dans un projet : le cas du Centre Culturel et Touristique du Vin

La littérature en sciences de gestion offre une vision très contrastée de la persistance en situation d’adversité. Si la plupart des auteurs portent un regard plutôt négatif sur ce comportement – associé à l’inertie organisationnelle (Finkelstein et Hambrick, 1990) ou à l’escalade de l’engagement (Staw, 1976) – d’autres suggèrent, au contraire, que la persévérance est un facteur clef de succès en matière d’innovation (Lynn et al., 1996). De telles divergences soulignent l’ambiguïté du terme de persistance dans le langage courant, qui renvoie autant à l’obstination et à l’acharnement qu’à la ténacité et à la détermination. La question se pose alors de savoir à quelles conditions la persistance dans un projet se révèle
– ou non – appropriée dans une organisation. Pour répondre à cette question nous étudions, de façon qualitative et longitudinale, le projet de la Ville de Bordeaux de lancer un Centre Culturel et Touristique du Vin (CCTV) dont l’ambition est de sensibiliser le public au secteur vitivinicole et ainsi de développer l'œnotourisme sur le territoire aquitain. Ce projet a été initié en 1995, à l’occasion du premier mandat de Maire d’Alain JUPPÉ, et verra enfin le jour en 2016 – sous le nom de « Cité des Civilisations du Vin » – après avoir connu plusieurs échecs. Il ressort finalement de notre étude processuelle (Langley, 1999 ; Langley et al., 2013) que persister dans un projet peut avoir du sens : 1) si un leader emblématique fait du projet une priorité stratégique et est capable d’imposer le consensus parmi toutes les parties prenantes,
2) si l’environnement externe change et voit notamment émerger de nouvelles opportunités de choix pour relancer le projet et 3) si le projet marque une rupture assez nette avec les tentatives passées et se trouve renforcé par des succès de projets similaires en termes de vision stratégique.