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Bureau Sylvain, Fendt Jacqueline

Selon les statistiques de l’OCDE, l’économie informelle augmente depuis plusieurs années pour atteindre dans les années 2000 de 10 à 20 % du PIB des pays développés. Variée dans ses formes, difficile à saisir et à mesurer, l’économie informelle a malgré tout une caractéristique constante et largement reconnue : son fort dynamisme entrepreneurial. Les recherches en entrepreneuriat, toujours plus nombreuses et reconnues dans le champ académique des sciences de gestion, n’y attachent paradoxalement que très peu d’importance. Cette situation est fort contrastée avec celle que l’on peut observer en économie et en sociologie où la question de l’économie informelle fait l’objet de nombreux travaux et ce depuis plus de trente ans. Ce papier cherche donc à combler une partie de ce vide en proposant de caractériser l’entrepreneuriat informel, composé de toutes les activités entrepreneuriales développées au sein de l’économie informelle. A partir d’une revue de littérature, nous proposons dans la première partie de ce papier une nouvelle façon de définir l’économie informelle afin de dépasser les définitions élaborées par les économistes qui ont tendance à caractériser l’économie informelle selon des critères objectifs, valables quelque soit le contexte. Cette approche essentialiste par les traits, sans aucun doute utile pour mesurer le phénomène à un niveau macro-économique, peut se révéler stérile pour les gestionnaires, plus intéressés par les contextes de travail in situ et les représentations des acteurs. Pour cette raison, nous proposons un cadre novateur fondé d’une part sur les travaux sur la déviance d’Howard Becker et d’autre part sur un courant qui place la notion de règles au coeur de l’analyse de l’informalité en économie. Nous définissons alors l’économie informelle par l’ensemble des activités productives qui sont considérées comme déviantes au regard des règles légales d’une part, et des règles de marché d’autre part. Une fois ce cadre délimité, nous décrivons dans la deuxième partie les relations très complexes qui lient économie informelle et formelle afin de faire émerger les liens encore peu discutés entre entrepreneuriat formel et informel. Cette discussion permet d’expliquer en quoi il peut être réducteur d’étudier l’entrepreneuriat formel sans aborder la question de l’entrepreneuriat informel tant les liens sont nombreux et extrêmement divers entre ces deux phénomènes. 2 Dans la troisième et dernière partie du papier, nous montrerons que l’entrepreneuriat informel génère une activité considérable d’un point de vue économique et qu’il ne serait pas souhaitable que cette réalité soit mise de côté par les chercheurs en gestion. Par ailleurs, au-delà de cette dimension quantitative, l’analyse de cette forme d’entrepreneuriat est également pertinente pour tester les théories et les modèles utilisés dans le domaine de l’entrepreneuriat classique. La confrontation à des contextes empiriques atypiques comme les quartiers ouvriers ou les zones paupérisées des grandes villes offre en effet l’opportunité de solidifier les résultats passés ou, au contraire, de démasquer quelques mythes, voire de faire émerger de nouvelles hypothèses et modes de gestion innovants et stimulants.

Fendt Jacqueline

Les chercheurs évoquent sans cesse un dysfonctionnement sérieux au niveau de la relation entre la recherche et l’enseignement de la gestion, et la pratique de la gestion. C'est un point de vue que nous partageons, et nous tenons à (ré) ouvrir le débat. Nous exposons certaines visions des origines intellectuelles et sociologiques du malaise, en préconisant une position philosophique fondée sur le pragmatisme. Nous offrons quelques propositions essentiellement exploitables, bien que – pour le débat – provocatrices et brutes, pour une nouvelle conception des institutions académiques et de leur processus de publication. Nous esquissons une nouvelle conception ra-dicale de l’académie – avec, entre autres, i) des carrières académiques et professionnelles per-méables, de façon à ce que les chercheurs et les cadres et puissent changer d’univers et interve-nir au sein des réalités des uns et des autres, ii) un enseignement de la gestion durant le deu-xième cycle universitaire après expérience, et iii) un processus de publications académique digne de l’ère du temps réel de l’Internet.