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Arnaud Charlène, Marais Magalie

Les territoires sont aujourd’hui confrontés à une logique concurrentielle de plus en plus importante les obligeant à envisager une véritable démarche stratégique susceptible d’être à la source de leur différenciation. Dans ce cadre, les méga évènements sont susceptibles de s’inscrire de manière significative dans le choix des armes des managers publics locaux. Ils offrent, en effet, à ceux-ci des opportunités renouvelées pour l’attractivité, la structuration et la légitimation des territoires. Moteurs de changement, ils se distinguent par leur capacité à susciter la confrontation, à bousculer les échéances et, par là-même, contribuent à lutter contre une certaine forme d’inertie de l’action publique locale. Dans ce cadre, cette recherche vise à caractériser les objectifs intermédiaires susceptibles d’être attribués à des méga événements. Une étude empirique est ainsi menée pour appréhender les logiques stratégiques sous-jacentes à la candidature de neuf villes pour l’organisation des Jeux Olympiques d’été de 2012 (Istanbul, La Havane, Leipzig, Londres, Madrid, Moscou, New York, Paris, Rio de Janeiro). L’étude documentaire du rapport du Comité International Olympique quant à la capacité des villes requérantes à organiser effectivement la manifestation témoigne de la présence de trois logiques stratégiques différenciées: le leurre (absence de volonté d’obtention de la manifestation et absence de moyens suffisants engagés), l’ambition démesurée (volonté d’obtention de la manifestation, notamment à moyen terme, mais insuffisance des moyens engagés) et l’ambition réalisable (intention d’obtention de la manifestation et moyens conséquents engagés). Ces trois logiques, bien que distinctes dans leur caractéristiques, s’inscrivent pourtant toutes trois au coeur d’une seule et même finalité: contribuer au développement durable du territoire. Elles illustrent la vocation attribuée à un méga événement orchestré concernant le développement d’une véritable intention stratégique repositionnant l’action publique dans une vision prospective marquée, avec à l’esprit l’importance considérable attribuée à la structuration pérenne et valorisable d’un espace.

Arnaud Charlène, Keramidas Olivier, Soldo Edina

Du gestionnaire au stratège… Telle peut se définir l’évolution des décideurs locaux (Divay et Mazouz 2008). Car enfin, dans un environnement complexe, incertain et changeant, les règles du jeu se modifient et la performance publique doit se redéfinir à l’aune d’une gouvernance territoriale rénovée qui se structure autour de la stratégie du territoire. Ainsi, nous nous inscrivons dans la lignée de ces chercheurs qui revendiquent la primauté du territoire, entendu comme un construit social, économique, politique, culturel…, qui se voit doté d’une véritable stratégie. Cela sous-tend l’idée d’un processus stratégique territorial défini autour d’une intention stratégique conçue en pensant l’avenir du territoire (Hernandez 2006, Hamel et Prahalad 1989, Thornberry 1997). L’attractivité durable et multidimensionnelle (économique, sociale, citoyenne et politique) apparaît ainsi comme la finalité ultime des territoires (Soldo 2009, Arnaud et al. 2009). Cependant, au coeur de cette bataille concurrentielle féroce, chaque territoire, en fonction de ses spécificités, choisit ses armes. Les événements culturels apparaissent ainsi comme le fer de lance de nombreuses stratégies territoriales (notamment métropolitaines) en ce qu’ils sont de réels facteurs clés de la compétitivité des territoires (Crouch et Ritchie 2000, Canali et d’Angella 2009). Nous souhaitons ainsi, autour de l’étude de cas unique de la saison culturelle « Picasso-Aix 2009 », interroger les processus stratégiques dans lesquels s’inscrit l’événement culturel et replacer ce dernier dans la problématique plus globale encore de la performance publique. Pour ce faire, nous présenterons et analyserons la première phase des résultats issus de l’évaluation chemin faisant que nous avons menée sur la Communauté du Pays d’Aix, à savoir des entretiens semi-directifs menés auprès des acteurs impliqués dans les processus décisionnels, puis auprès de ceux qui furent impactés par l’événement.