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Grand Lionnel

Auteur

Lionnel GRAND

Résumé

Les entreprises de transport routier de marchandises recourent de façon croissante à une politique d’externalisation de certaines de leurs activités. En 1992, près de 28 % du chiffre d’affaires total des entreprises de ce secteur a été réalisé en faisant appel à des sous-traitants, (soit environ 60 milliards de francs) alors que moins de 26 % l’était de la sorte en 1984.

Quels sont les déterminants de cette attitude ? Quelles sont les activités concernées ? Ces interrogations rejoignent la problématique du « make or buy » développée par nombre d’auteurs et en premier lieu R.H. COASE (1937). Sur la base des travaux théoriques de multiples auteurs (citons simplement COASE, 1937 ; BARREYRE, 1968 ; WILLIAMSON, 1975, 1985 ; PORTER, 1986) complétés par une analyse du secteur des transports routiers de marchandises en général et plus particulièrement des relations de sous-traitance (GRAND, 1996 ; GRAND et LEYRONAS, 1996), nous nous proposons de nous interroger sur les variables explicatives du développement de la sous-traitance dans ce secteur et sur leurs spécificités éventuelles. Cette question nous semble particulièrement intéressante dans la mesure où la sous-traitance ne présente pas que des avantages pour les entreprises de ce secteur (concurrence déloyale, risques accrus de faillites, etc.) et la collectivité. En outre, si des actions doivent être prises en vue de réguler le phénomène, il est tout d’abord nécessaire d’en appréhender les causes, ce qui n’a que rarement été effectué dans ce secteur.

Répondre à cette problématique implique de tenir compte à la fois de facteurs externes (l’environnement socio-économique et réglementaire au sein duquel les entreprises évoluent) et internes (relatifs à la gestion de l’entreprise).

Présentons rapidement le contexte environnemental du secteur avant de focaliser notre attention sur les déterminants internes de cette prise de décision. On peut caractériser ce secteur par sa structure atomisée et duale, la situation socio-économique des entreprises qui le compose et une réglementation forte mais peu efficace. En effet, il compte en 1994 guère moins de 36 000 entreprises dont plus des trois-quarts ont moins de cinq salariés. La majorité d’entre-elles est d’ailleurs contrainte de travailler en qualité de sous-traitants et bien souvent de réaliser des prestations banales et peu rentables. De ce fait, nombreuses sont les entreprises qui éprouvent de graves problèmes de trésorerie alors que d’autres disposent de capacités financières importantes, ce qui leur permet de focaliser leurs activités sur des créneaux plus rentables et/ou plus stratégiques.

Après cette brève présentation de la situation du secteur des transports routiers de marchandises, il convient d’étudier les déterminants internes de la réponse à la question du faire ou du faire faire. Dans ce but, nous allons distinguer les éléments de portée stratégique générale et les causes liées à la recherche d’économie de coûts de fonctionnement.