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Favoreu Christophe

Auteur

Christophe FAVOREU

Résumé

Les années 80 marquent indéniablement le rapprochement des logiques de gestion et l’effacement des frontières entre le secteur public et le secteur privé. L’influence de ce dernier s’est faite aussi bien sentir dans les principes de gestion (intégration des concepts de performance, de qualité, d’efficience et d’efficacité) que dans les innovations managériales adoptées par le secteur public; et ceci quelle que soit la nature des organisations qui le composent: entreprises publiques, hôpitaux, ministères, collectivités locales...... Deux raisons majeures expliquent l’utilisation croissante de pratiques de gestion par les organismes publics.

La première est d’ordre technique et environnemental et a trait aux différentes pressions au changement qui sont venues menacer l’existence et les logiques de fonctionnement des organisations publiques (tensions fiscales, baisse des dotations budgétaires...). La seconde explication d’ordre idéologique et théorique est liée à l’influence croissante du courant de pensée qui généralise l’idée selon laquelle il existerait une homologie structurale et gestionnaire entre toutes les organisations. L’absence de contradictions fondamentales entre les entreprises privées et les organisations publiques en ce qui concerne leur mode de fonctionnement et de développement nécessiterait, selon ce courant, une similitude des pratiques et des logiques de gestion. Si l’applicabilité et l’utilité des méthodes de gestion du privé au public semblent aujourd’hui une réalité ancrée dans les mentalités qui va au delà des effets de mode, il n’en est pas de même pour la totalité des fonctions de gestion, notamment en ce qui concerne le management stratégique. La faiblesse des travaux sur la transférabilité des outils en matière d’analyse et de gestion stratégique s’explique en partie par la spécificité affirmée par une majorité d’auteurs des processus de décision publics et des choix qui ont trait à l’impact et à l’orientation des politiques publiques. Ainsi, et dès lors que l’on s’élèverait dans la hiérarchie des décisions et des problèmes de gestion en passant d’une logique d’efficience à une logique d’efficacité, les caractères distinctifs du secteur public s’affirmeraient, rendant impossible tout transfert en matière de stratégie. Toutefois cette thèse souffre d’au moins deux faiblesses. D’une part, elle tend à évacuer la relation de causalité existant entre le mode de fonctionnement des organisations publiques et les modes de gestion spécifiques qui en découlent. D’autre part, elle tend à ignorer la montée en puissance des exercices de planification stratégiques, inspirés des méthodologies du privé, volontairement mis en place par certaines organisations publiques depuis quelques années.

C’est autour du thème de la transférabilité et de l’applicabilité des démarches stratégiques au secteur public que s’organisera cet article. Pour ce faire il conviendra de préciser dans un premier temps les concepts et les hypothèses sous-jacents à l’utilisation de démarches stratégiques dans une organisation afin de vérifier dans un deuxième temps les contradictions éventuelles existant entre les logiques de fonctionnement du secteur public et les concepts, méthodes et outils issus de l’analyse stratégique. Enfin, les implications de ces spécificités quant aux modes de management stratégique des organisations publiques seront exposées dans une troisième partie.