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Ehlinger Sylvie

Auteur

Sylvie EHLINGER

Résumé

Alors que les années soixante-dix /quatre-vingts, principalement sous l’impulsion des recherches menées à Harvard ont consacré les écoles de pensées promouvant une vision conceptuelle, formelle ou analytique du processus de formation de la stratégie, un nouveau courant de recherche s’est développé ces dernières années, qui privilégie la notion de ‘management stratégique’ et fait apparaître de nouvelles dimensions cognitives et sociales, remettant en question la rationalité du processus.

A l’image de l’organisation tel un système formalisé, produisant un ensemble ordonné d’activités cohérentes convergeant vers des objectifs communs, se substitue l’image d’un système social au sein duquel une structure d’interdépendance lie les individus qui y travaillent (Fisher, 1990). Cette interdépendance se traduit en particulier par la coexistence et l’interaction de groupes différents. La dimension sociale de l’organisation, la complexité inhérente à son environnement social et à sa structure souvent multidivisionnelle, en font un lieu d’interactions entre des individus, ou des groupes d’individus, qui se différencient et s’opposent par leurs modes de pensée, leurs fonctions, leurs intérêts personnels... Ces interactions constituent des forces organisationnelles, sources de dysfonctionnement d’un hypothétique processus de formation de la stratégie rationnel et linéaire. Elles nous invitent à nous interroger sur les fondements socio-cognitifs de la stratégie.

Si les interactions sont sources de conflit, elles sont également l’occasion de négociations, de consensus, d’échanges entre les diverses représentations que les acteurs ont de leur organisation, de son environnement, de sa mission, de ses moyens d’action. Ces représentations font partie intégrante de la stratégie de l’organisation, ce sont elles qui alimentent le processus de décision sous-jacent à l’élaboration de la stratégie.

Ainsi il apparaît que si l’on veut améliorer notre compréhension du processus de formation de la stratégie, l’étude des interactions entre les multiples représentations présentes dans les organisations, est une piste de recherche intéressante.

Par ailleurs, en utilisant le concept de schéma cognitif comme point central d’analyse de la pensée stratégique, manageriale ou organisationnelle, de nombreux travaux s’inscrivant dans l’approche cognitive des organisations nous proposent une voie méthodologique pour capturer et analyser les représentations stratégiques : la cartographie cognitive.

Cet article va donc s’attacher à montrer dans un premier temps les composantes socio-cognitives de la formation de la stratégie. Puis, s’appuyant sur les résultats d’une recherche portant sur l’étude d’un processus de planification stratégique, des propositions de recherche seront élaborées et un cadre méthodologique sera proposé afin de construire un programme de recherche permettant de poursuivre l’investigation des fondements sociocognitifs de la stratégie.