AIMS

Brechet Jean-pierre
Pour une théorie renouvelée du développement des organisations ou La logique stratégique du développement des projets productifs

Auteur

Jean-Pierre BRECHET

Résumé

Les lectures traditionnelles de l'entreprise tentent de saisir cette dernière aux travers de sa morphologie (structures, frontières...) ou de caractéristiques identitaires (taille, structure juridique...). Ces lectures montrent rapidement leur insuffisance au regard de la réalité foisonnante des organisations. Plutôt que de multiplier les catégories et les subtilités des classifications, on peut privilégier une lecture plus dynamique qui repose alors sur la reconnaissance d'un projet productif (DE MONTMORILLON 86, 87 ; BRECHET 94, 96), porté par un pouvoir managérial (voire par l'organisation dans son ensemble), et nécessitant, sous diverses formes, la mobilisation de ressources et de compétences (MARCH, SIMON 58/91; PFEFFER, SALANCIK 78). Il s'agit alors plus de comprendre la logique de développement de projets que de cerner les évolutions morphologiques d'entités. Cette lecture sera ici la nôtre et nous voudrions essayer d'en montrer l’intérêt et la portée théorique, en nous fondant sur une analyse de la notion de projet et en développant la lecture stratégique du développement des organisations qui va de pair avec la reconnaissance de projets et d'acteurs au sens de l'individualisme méthodologique. Si l'on retient la lecture stratégique, au sens de M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977), les explications traditionnellement avancées pour expliquer la constitution et le développement des organisations ne peuvent prétendre qu'à saisir partiellement les phénomènes en cause2. Fondamentalement, la validité des fondements des interprétations traditionnelles nous paraît devoir être interrogée ; notamment les explications en termes de coût ou les analyses contingentes quels que soient les critères de contingence retenus. Si l'on devait synthétiser les orientations suggérées, ce serait pour dire qu'il s'agit de construire la socio-économie des projets productifs et des interdépendances qu'ils nouent, plus, sans doute, que l'économie des organisations.