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Jaussaud Jacques, Schaaper Johannes, Zhong yu Zhang

Auteur

Johannes SCHAAPER

ZHANG Zhong Yu

Jacques JAUSSAUD

 

Résumé

La création d’entreprises conjointes avec des partenaires locaux constitue l’un des modes les plus courants de développement international des entreprises, tant en direction des marchés développés que de ceux des pays en voie de développement (Beamish, 1992 ; Hennart, 1988). La question du contrôle de ces entreprises conjointes internationales est à la fois complexe et cruciale.

La littérature récente insiste sur la diversité des instruments de contrôle des coentreprises internationales. Mais diverses études ont établi que parmi ces instruments, celui de la répartition du capital entre les partenaires offrait des modalités différentes selon le degré de développement du pays d’accueil (Beamish, 1985, et Beamish, 1992, pour une présentation d’ensemble de ces études). Ce résultat n’a pas fait l’objet à notre connaissance d’études récentes : il apparaît pourtant en contradiction avec le cas des coentreprises françaises créées en Chine d’une part, au Japon de l’autre, sur lesquelles nous travaillons par ailleurs. Ne disposant que d’échantillons de faible taille sur les coentreprises françaises (Jaussaud & Zhang, 2000), nous avons choisi de d’étudier le cas des entreprises conjointes créées par les firmes japonaises dans le monde entier, et sur lesquelles nous disposons de sources d’information fiables (Tôyô Keizai, 1999).

La première partie de notre contribution explicite les enjeux et la diversité des instruments de contrôle des coentreprises internationales. La seconde partie, basée sur une étude empirique originale, montre en quoi le cas des coentreprises japonaises dans le monde suggère une actualisation des conclusions des travaux antérieurs.

 

I. ENJEUX ET INSTRUMENTS DU CONTROLE DES ENTREPRISES CONJOINTES INTERNATIONALES

La création d’entreprises conjointes a fait l’objet de différentes justifications théoriques, en particulier en termes de coûts de transaction, de comportement stratégique, d’apprentissage organisationnel (Kogut, 1988), ou encore dans la perspective de la théorie de l’agence ou celle de la base de ressources (Kumar & Seth, 1998). Ces différentes approches montrent que le contrôle de l’entreprise conjointe ne saurait en aucun cas se limiter à un contrôle financier. Etablie pour protéger les partenaires contre le risque d’opportunisme selon l’approche en termes de coûts de transaction, pour permettre un transfert effectif mais maîtrisé des compétences selon la seconde approche, l’entreprise conjointe ne permettra d’atteindre ces objectifs que si ses activités sont effectivement contrôlées par les partenaires. A défaut, en particulier dans un contexte interculturel propice à l’accumulation de malentendus et de suspicion, l’entreprise conjointe risque de se heurter à de nombreux blocages, et d’apparaître, aux yeux des différents partenaires, comme une structure ingérable.

Après avoir souligné la diversité des instruments de contrôle auxquels peuvent recourir les partenaires, notre recherche se focalise sur deux d’entre eux, la répartition du capital et les politiques d’expatriation. Sur la base des travaux antérieurs, nous formulons les deux hypothèses suivantes :

H 1 : dans les pays développés, la plupart des entreprises conjointes internationales sont de type 50/50 ou de type majoritaire, alors que dans les pays en voie de développement, la plupart d’entre elles sont de type minoritaires.

H2 : en direction des pays en voie de développement, le nombre de cadres expatriés détachés auprès des entreprises conjointes est en moyenne plus élevé que dans les pays industrialisés

 

II. EFFORT DE VALIDATION EMPIRIQUE SUR LE CAS DES COENTREPRISES JAPONAISES

L’étude empirique est construite à partir des données de l’annuaire Kaigai Shinshutsu Kigyô Sôran 99 (annuaire sur les filiales d’entreprises japonaises dans le monde), de l’éditeur spécialisé Tôyô Keizai (1999), qui recense 19.036 filiales. Ces filiales sont classées par pays, et pour chacune d’elles, les données suivantes sont renseignées : nom et nationalité de chacun des partenaires, part de capital détenue par chacun d’eux, nom et coordonnées de la filiale, année de création, montant du capital social, chiffre d’affaires, effectif, nombre de cadres expatriés et descriptif de l’activité de la filiale.

Nous avons effectué un tirage aléatoire systématique de 323 entreprises conjointes internationales. Les données ont été traitées à l’aide du logiciel SPPS version 8.0. (tris croisés, tests de comparaison de moyennes, analyse factorielle, régression) ainsi que sur SIMCA P 7.01 (régression PLS).

Notre recherche suggère que les pratiques, tant en matière de contrôle que d’expatriation, ne sont pas aussi tranchées entre pays développés et pays en voie de développement que le suggèrent les travaux antérieurs, même si certaines différences apparaissent. En outre, le modèle de la filiale commune paritaire, longtemps prôné pour les coentreprises créées dans les pays développés, semble perdre de son attrait au profit des filiales majoritaires. Sur la question de l’expatriation, notre recherche valide le modèle général de Perlmutter (1969, 1974) enrichi par les suggestions d’Edström & Galbraith (1977).