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Benavent Christophe, Yami Saïd

Auteur

Saïd YAMI

Christophe BENAVENT

 

Résumé

L'objet de cet article est de faire le point sur la littérature des groupes stratégiques. Celle-ci bénéficie aujourd'hui d'un regain d'attention avec un renouvellement de l'analyse de la rivalité. En effet, en dépit de la diversité des explications théoriques du processus de formation des groupes stratégiques, il est possible d’envisager un cadre d'analyse pluraliste fondé sur une réflexion sur le degré de rivalité qui existe entre les entreprises.

Le concept de groupe stratégique a fait l’objet de fortes critiques, voire sa remise en cause, par rapport à son pouvoir explicatif des différences de performances des entreprises et l’absence de réels fondements théoriques forts et homogènes. Ainsi, il donne lieu à une définition trop générale, souvent vague, qui tient dans un principe de ressemblance. En effet, si la conception originelle s'appuie sur la notion de barrières à l'entrée, les définitions les plus courantes reprennent un principe de similarité des stratégies, alors que certaines adoptent diverses perspectives mobilisant celle des ressources, la conception cognitive et l'approche réseaux. Une certaine confusion demeure quant à une conception unifiée du processus de formation des groupes stratégiques.

Cependant, un examen plus attentif des arguments utilisés par les chercheurs permet de relever que la notion de rivalité sert de trait d'union entre les différentes conceptions. L'intérêt de la notion de groupes stratégiques ne résiderait pas tant dans la capacité à déterminer des profits différentiels, mais à expliquer les différentes formes et l'intensité de la rivalité.

La première partie met en évidence les principales explications de la formation des groupes stratégiques, aboutissant à l'idée que des processus distincts d'insularisation sont à l'oeuvre et définissent des situations de rivalité composites. Plusieurs mécanismes peuvent ainsi amener des ensembles d'entreprises à ne pas engager d’actions agressives, maintenant un degré de rivalité faible, en dépit d'une apparente forte compétition. Cette thèse va dans le sens d’une approche idiosyncrasique des groupes stratégiques.

La deuxième partie est consacrée aux questions de recherche, centrées d’une part sur les questions liées au processus de formation et la dynamique des groupes stratégiques, d’autre part, l’hypothèse d’un effet de groupe sur la performance.

Dans une troisième partie, nous tenterons de montrer que le concept de rivalité, tel qu'il est évoqué dans une littérature récente, peut servir de trait d'union entre les familles d'explication. La rivalité correspondrait à une variable intermédiaire qui définit la nature des groupes, mais aussi la structure des profits. Cette observation est utilisée pour proposer un cadre plus général d'analyse de la formation des groupes stratégiques et plus généralement des hétérogénéités du marché.