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Serio Dominique, Very Philippe

Auteur

Philippe VERY

Dominique SERIO

 

Résumé

Le dirigeant, mandataire des actionnaires est un acteur essentiel dans le processus de création et répartition de la valeur créée par l'entreprise. Or, le rôle du dirigeant est aujourd'hui discuté en France. Le débat porte sur l'introduction d'une logique de Gouvernement d'Entreprise inspirée de celle mise en place dans les pays anglo-saxons.

Transférer intégralement la logique anglo-saxonne est envisageable si l'une des deux conditions suivantes est remplie : soit les modalités de gouvernement sont proches, soit elles sont aisément modifiables. Telle est notre hypothèse. C'est pourquoi nous avons lancé une recherche, fondée sur une analyse de la littérature, dont l'objectif est de tester ces deux conditions. Pour atteindre cet objectif, nous avons tenté de rapprocher les connaissances émanant de la recherche en sociologie, en gestion et en droit, qu'elles soit d'origine française ou orientée vers les comparaisons nationales. Par prudence, nous avons volontairement écarté les théories et recherches empiriques sur le gouvernement d'entreprise développées par des anglo-saxons dans le contexte anglo-saxon, ne sachant si elles pouvaient s'appliquer avec pertinence dans le cadre français.

Concernant le caractère modifiable des modalités de gouvernement, les recherches en gestion et surtout en sociologie ont permis d'identifier des caractéristiques spécifiques au contexte français, et de montrer l'ancrage des pratiques dans les institutions nationales. L'école ou la famille jouent un rôle important dans le façonnage de cet héritage administratif national, qui conditionne en partie les pratiques. Ces institutions ne sont pas aisément modifiables en profondeur.

Les pratiques françaises sont donc liées au contexte institutionnel de la nation. Nous avons ensuite tenté de caractériser davantage ces pratiques en cernant les limites du pouvoir discrétionnaire propre au dirigeant français. La juxtaposition des apports en sociologie, en gestion et en droit fournit des éclairages intéressants. Elle montre une convergence certaine des travaux, bien que les concepts utilisés aient des appellations différentes. Le concept de latitude managériale, utilisé en gestion, est lié au concept d'intérêt social utilisé par les juristes. La comparaison souligne aussi que ces concepts se caractérisent par un même flou dans leur définition.

Cette recherche ouvre la voie à de plus amples investigations, combinant les apports de ces disciplines. Elle ne représente qu'une étape sur le chemin qui mènera à une meilleure compréhension des limites au pouvoir discrétionnaire en France. Il serait par exemple intéressant d'étudier les cas de révocation des dirigeants qui ont entraîné des poursuites judiciaires. Cependant, en l'état actuel, notre recherche tend à corroborer l'hypothèse que le modèle anglo-saxon sera difficilement transférable dans son intégralité, parce que les pratiques des dirigeants français sont imprégnées et imprègnent des institutions nationales qui reflètent une spécificité française.