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Galey Béatrice

Auteur

Béatrice GALEY

 

Résumé

Les années 80 sont marquées par une vague massive de mise en place d'observatoires sociaux – dispositifs adoptés par la direction d’une entreprise en vue de mieux connaître le corps social qui la compose - dans les entreprises françaises de service public. Elles démontrent un profond intérêt pour ces nouvelles pratiques, notamment chez celles ayant connu d'importants conflits à la fin des années 80. EDF/GDF fait figure de pionnier et crée en 1988 le premier observatoire social sur l'initiative de la Direction Générale. En 1989 Christian Blanc, président de la RATP alors en pleine métamorphose créera également une cellule d'observation sociale directement rattachée à la Présidence. Les expériences à la Poste sont plus récentes, c'est en 1992 que les premières démarches d'observation sociale voient le jour et seulement en 1995 qu'est créé officiellement un observatoire social. Quant à France Telecom, les premiers balbutiements des démarches s'apparentant à de l'observation sociale datent des années 1980 avec l'instauration d'un groupement d'analyse sociologique, mais c'est réellement en 1992 lors d'une initiative de décentralisation de l'observation sociale, que celle-ci prend son envol.

Ce soudain engouement ne semble pas avoir suscité l’intérêt des chercheurs pour cette nouvelle innovation managériale qui, encore aujourd’hui, reste peu étudiée. Nous avons choisi de nous intéresser à l’introduction de cet outil particulier de gestion du corps social, dans le contexte de changement radical que vivent actuellement les services publics français. Plus précisément, cet article entend identifier les « pôles » structurants la dynamique de contextualisation de l’outil dans l’organisation qui l’accueille. Ceux-ci contribuent à la réduction de la « distance » existant initialement entre l’outil et l’organisation, gage de sa pérennité (David 1996). Nous ferons l’hypothèse que la dynamique de contextualisation de l’outil, bien conduite, favorise la prise d’initiatives stratégiques et contribue à la dynamique de changement engagée dans ces organisations. Les recherches consacrées à l’outillage gestionnaire visent très souvent à expliciter la nature et les formes des outils, et restent éloignées des réflexions stratégiques1. Notre recherche se voudrait être une première étape dans la construction d’un guide méthodologique destiné aux entreprises, pour les aider dans la conception de ces dispositifs. La convergence entre notre soucis de mieux comprendre les enjeux d’une telle démarche et les problèmes rencontrés par les entreprises dans la conduite de ce projet, légitime l’intérêt de nos travaux.

Après avoir rappelé le contexte dans lequel notre intervention s’est déroulée, nous définirons ce que nous entendons par « observation sociale », rappellerons les grandes lignes de la méthodologie de recherche et présenterons ensuite, de manière synthétique, quelques uns de nos résultats de recherche. Ils seront à la base des propositions formulées quant à la conception des démarches d’observation sociale.