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Dameron-fonquernie Stéphanie

Auteur

Stéphanie DAMERON-FONQUERNIE

 

Résumé

L’objet de cet article est de construire une grille de lecture des processus coopératifs dans l’organisation en s’appuyant sur le cas d’une équipe projet chez PSA.

La transformation des formes organisationnelles placent en effet au centre de la compétitivité des entreprises la capacité à coopérer en interne. La plupart des managers revendique ainsi sa nécessité. Or si le champ d’étude de la coopération commence à être balisé, la coopération intra organisationnelle reste encore peu explorée. Notamment, depuis C. Barnard, peu d’auteurs se sont interrogés explicitement sur ses fondements et son processus, c’est-à-dire ses mécanismes générateurs au sein d’une organisation.

L’équipe projet est notre cheval de Troie pour rentrer dans ce programme de recherche. En effet, l’équipe est par nature la manifestation structurelle de la coopération dans l’organisation ; et la transversalité générée par le projet est symptomatique des transformations organisationnelles actuelles.

Quels sont alors les mécanismes générateurs de la coopération au sein d’une équipe projet ?

Une première réflexion théorique permet de préciser la notion de coopération. Elle est notamment alimentée par les travaux de E. Durkheim sur la division du travail social et les théories contractuelles. Trois dimensions intrinsèques à l’action coopérative sont ainsi dégagées : elle se construit dans la complémentarité des ressources, autour d’une finalité commune et dans des relations de réciprocité stigmatisées par des engagements. Ces mécanismes générateurs évoluent au cours du temps dans des apprentissages croisés.

L’analyse d’une équipe projet chez PSA nous permet de tester la capacité descriptive et explicative de cette grille de lecture et de l’enrichir. Cette confrontation suit une méthodologie qualitative ; observation participante, entretiens rétrospectifs et étude des documents internes permettent de repérer les difficultés et les événements qui affectent le processus coopératif.

Des objectifs ambigus et mouvant, la nécessité d’obtenir l’accord des parties, le périmètre fluctuant du collectif et le remplacement du contrôle centralisé par le contrôle interpersonnel générateur de tensions sont les principales difficultés des relations coopératives dans ce cas.

L’étude des processus témoigne de la corrélation entre les événements de la coopération et les événements projet ; Elle montre aussi la formalisation progressive du fonctionnement de l’équipe, ainsi que l’existence d’un horizon temporel commun et son impact sur la dynamique du groupe.

Dans un processus d’aller-retour entre la théorie et le terrain, une discussion est alors engagée sur la dualité des mécanismes générateurs de la coopération. Au-delà de la complémentarité des ressources, l’impact de la frontière du collectif montre que le besoin identitaire peut aussi être un élément moteur de l’action coopérative. Deux acceptions de la coopération émergent donc, la « coopération complémentaire », fondée sur une rationalité calculatoire, et la « coopération communautaire », fondée sur une rationalité mimétique. Un enrichissement de la grille de lecture initiale est proposé autour d’une reconceptualisation dialectique de la coopération.

Ce travail cherche ainsi à s’inscrire dans la problématique traditionnelle, mais qui n’a jamais été autant d’actualité, de l’intégration et de la différenciation dans l’organisation.